Yverdon-les-Bains – Le Conseil des Jeunes de la Cité thermale veut proposer des boîtes à protections hygiéniques pour briser le tabou autour des menstruations et de la sexualité féminine. Un projet qui vise en particulier les écoles yverdonnoises.
Les boîtes à livres auront de la concurrence. Le Conseil des Jeunes d’Yverdon-les-Bains (CDJY) souhaite adapter le célèbre concept à une thématique qui lui est chère: la sexualité féminine. Mais pas seulement. Pêle-mêle, ce sont aussi la précarité menstruelle (ndlr: la charge financière que représente l’accès aux protections hygiéniques pour les démunies), les modes de contraceptions alternatifs ou encore les tabous relatifs à ces sujets que les jeunes Yverdonnois souhaitent aborder avec le projet «taBoox» (ndlr: mélange de taboo et box, soit tabou et boîte, en anglais).
Mais concrètement, qu’est-ce qu’on pourra trouver dans ces boîtes? «Premièrement des protections hygiéniques, qui sont aujourd’hui taxées comme un produit de luxe, détaille Carmen Conod, présidente du CDJY et très active sur ce projet. On souhaite qu’un système solidaire se mette en place. L’idée c’est que lorsqu’on en utilise une, on en remette une autre à la prochaine occasion.» Les «taBoox» comporteront aussi des préservatifs masculins et des flyers de plusieurs associations en lien avec les thématiques abordées.
L’écologie coûte cher
Un contenu que la commission aurait bien souhaité étoffer, chose impossible sans faire exploser le budget. «Le projet est déjà devisé à plusieurs milliers de francs, relève la présidente de 19 ans. Et les autres produits qu’on aurait voulu pouvoir fournir, comme les digues dentaires (ndlr: utilisées lors du sexe oral) coûtent cher. Il en va de même pour les protections plus écologiques comme les tampons bio ou les coupes menstruelles.» Pour compenser ce fait, le CDJY a prévu de proposer des fiches explicatives sur ces moyens de protections alternatifs. En tout, les jeunes Yverdonnois comptent installer leur «taBoox» sur une dizaine de sites, parmi lesquels des écoles secondaires et divers points du centre-ville, comme le jardin japonais. Au départ, le projet consistait d’ailleurs simplement en une boîte à protections installée dans les toilettes des filles du gymnase. «C’est vrai que «taBoox» a beaucoup évolué en six mois», sourit la présidente.
Le Centre professionnel du Nord vaudois est l’un des centres de formation qui a annoncé être intéressé par le projet. «Ce projet tombe bien, estime Emilio Gutiérrez, son directeur adjoint. Le Département cantonal de la formation, de la jeunesse et de la culture (DFJC) vient d’annoncer un projet phare au sujet de la précarité menstruelle et il cherche des écoles pilotes, dont nous voulons être. Nous allons donc contacter le Conseil des Jeunes d’Yverdon-les-Bains et voir si leur projet peut être compatible avec celui du canton.»
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Un concours pour décorer les «taBoox»
Les artistes de la région peuvent aussi participer au projet. Le Conseil des Jeunes cherche des talents pour décorer les futures boîtes solidaires.
Le groupe souhaite faire de ces objets, qui devraient être dispersés dans toute la ville et au sein de plusieurs établissement scolaires, de «véritables œuvres d’art, décorées autour des thématiques abordées», telles que la sexualité ou les règles.
D’un point de vue plus pratique, les boîtes seront en bois et devront résister aux intempéries. À noter qu’il sera possible d’en décorer plusieurs parmi la dizaine qui devrait voir le jour. Plusieurs projets peuvent donc être envoyé au CDJ, à l’adresse mail taboox@cdjy.ch. Chaque dessin selectionné sera payé 200 francs à l’artiste. Les intéressés ont jusqu’au 31 octobre pour transmettre leur production.