Les Paniers prennent le relais des Cartons du Cœur
24 octobre 2024 | Textes: I. Ro. | Photos: Gabriel LadoEdition N°3816
L’antenne locale de la fédération a pris son indépendance sur fond de bisbille avec la faîtière. Elle n’est pas la seule.
La section yverdonnoise des Cartons du Cœur a quitté le giron de ce qui était, jusqu’à il y a peu, la Fédération vaudoise de l’organisation, érigée désormais en Cartons du Cœur Romandie. Mais pour les bénéficiaires de l’antenne yverdonnoise, rien n’a fondamentalement changé. Ils sont désormais servis par les Paniers du Cœur, association présidée par Yves Pommaz, et dans laquelle la Ville d’Yverdon-les-Bains est représentée par Preeti Damon, adjointe au chef du Service jeunesse et cohésion sociale (Jecos).
La création des Paniers du Cœur a été annoncée en début de semaine par un communiqué mentionnant que «les Cartons et Jardins du Cœur yverdonnois, existant depuis bientôt 30 ans, ne peuvent désormais plus utiliser ce nom», la section ayant quitté la faîtière, désormais renommée Cartons du Cœur Romandie. Et l’association yverdonnoise d’ajouter: «Après avoir réfléchi à la possibilité d’entamer des démarches judiciaires contre ce qu’il estime être une prise de pouvoir indue, le nouveau comité a finalement décidé d’y renoncer, afin d’assurer que l’ensemble des ressources de l’association aille vers sa raison d’être: le soutien à ses bénéficiaires.»
Perçu comme une défiance
Que s’est-il donc passé pour arriver à ce qu’il faut bien appeler une scission? Yves Pommaz se veut transparent: «Ils nous ont coupé les accès du jour au lendemain. C’est le résultat d’une demande d’audit déposée il y a deux ans.»
En effet, à l’époque, le nouveau comité yverdonnois, présidé par Yves Pommaz, s’est interrogé sur ce qu’on appellera un «mélange des casquettes et une forme d’opacité». En cause, le président de la Fédération vaudoise des Cartons du Cœur, Fabien Junod, qui préside également la section de Penthalaz, gère la centrale de l’organisation à Etagnières, et fait travailler une entreprise qui lui appartient.
Lors de l’assemblée générale de la faîtière, les délégués ont accepté la demande yverdonnoise portant sur une demande d’audit de gouvernance. Sur le plan financier, les choses semblent correctes. Mais en ce qui concerne la gouvernance, le mandat, faute d’accès aux données nécessaires, n’a pu être mené à bien.
Le comité démissionne
En réaction à cette démarche, le comité de la faîtière a proposé de nouveaux statuts en septembre de l’année dernière. L’assemblée les a refusés et le comité a démissionné.
Du coup, privées de leur canal d’approvisionnement, de nombreuses antennes ont supplié les démissionnaires de revenir sur leur décision. Ce qu’ils ont accepté. Six antennes, dont celle d’Yverdon-les-Bains, ont toutefois préféré prendre leur indépendance. Avec pour conséquence l’obligation de renoncer à l’appellation Cartons du Cœur. Cela dit, la mission auprès des personnes précarisées subsiste, et c’est là l’essentiel.
La précarité ne cesse d’augmenter
Yves Pommaz et son comité des Paniers du Cœur ont choisi de se centrer sur l’essentiel. D’autant plus que l’ancien collaborateur de Jecos et Caritas constate que la précarité ne cesse de gagner du terrain: «Depuis le début de l’année, on est passé de vingt à trente personnes par distribution, à quarante jusqu’à soixante.» Avec la Centrale d’achats alimentaires du Nord vaudois, dans laquelle l’Eglise Adventiste a rejoint es partenaires fondateurs, les Paniers du Cœur, toujours basés aux Jardins (du Cœur), avenue des Sports, poursuivent leur mission.
Les bénéficiaires peuvent obtenir cinq cartons par année, composés de produits alimentaires et frais, et d’articles de ménage. Les 29 et 30 novembre prochain, à l’occasion du Samedi du partage, les Paniers seront présents dans plusieurs centres commerciaux de la région. Lors de leurs achats, les clients pourront acquérir des marchandises pour en faire don aux Paniers.
«En juin, on a récolté dix tonnes de marchandises. On espère passer les 25 tonnes en fin d’année. Mais dans la situation actuelle, on aurait besoin de huitante tonnes», conclut le président des Paniers du Cœur.