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Les plaquettes sont en plein essor

25 février 2014

Le système de chauffage à base de bois déchiqueté se répand de manière croissante dans la région.

De plus en plus de projets portant sur l’utilisation de plaquettes, des petits morceaux de bois déchiqueté, pour servir de combustible, se concrétisent. Le potentiel de ce moyen de chauffage renouvelable est encore grand suivant les régions.

«Cela fait seize ans qu’on broie. La demande est en constante augmentation », indique Roger Freymond.Possesseur de 50 hectares de pâturages boisés, l’agriculteur yverdonnois a cherché à valoriser cette ressource en l’utilisant pour approvisionner son chauffage à distance. Il gère aujourd’hui avec son fils Germain, l’entreprise Germaplaket Sàrl, créée par lui en 2005, et qui a produit, l’an passé, 50 000 m3 de plaquettes, l’équivalent de 4 millions de litres de mazout de chauffage.

«Nous opérons dans un rayon de 25 kilomètres autour d’Yverdon. Nous sommes les plus gros acheteurs de bois-énergie de Suisse romande », souligne Roger Freymond. Sa société regroupant quatre collaborateurs à plein temps et quelques chauffeurs auxiliaires assure la transformation et le transport de bois de chauffage à destination des clients, comme la ferme de la Fondation Saint-George, à Concise, la Commune de Giez ou celle de Champagne, où se trouve le hangar de stockage de Germaplaket.

Entreposage nécessaire

Pour sécher et gagner en rentabilité énergétique, les plaquettes de bois sont entreposées. Les deux associés souhaiteraient d’ailleurs augmenter leur capacité en construisant un autre hangar à Oppens. Un logiciel informatique leur permet d’avoir un aperçu sur les différents points de stockage dont ils disposent en forêt. «Nous sommes en contact avec une quinzaine de gardes-forestiers et leur demandons de couper et d’entasser les m3 nécessaires selon nos besoins.»

Inspecteur forestier du 8e arrondissement, Pierre Cherbuin précise que, dans son secteur, l’utilisation de plaquettes pour se chauffer est «en progression assez régulière». Il constate toutefois que la demande concernant des villas ou des fermes individuelles a disparu au profit du chauffage à pellets (lire encadré). Les Ateliers CFF d’Yverdon, les Communes d’Oppens, Essertinessur- Yverdon et Bavois, ainsi que le complexe sportif des Isles, dans la Cité thermale, sont quelques-uns des sites ayant recours un système de chauffage aux plaquettes de bois qu’il recense. Yvonand et sa halle de la Petite Amérique sont par ailleurs le théâtre d’un projet déjà évoqué dans nos colonnes.

A Vallorbe, la Commune a déjà investi dans une installation alimentant le Casino et deux bâtiments adjacents, mise en service il y a deux ans. «Elle comporte deux chaudières, l’une à plaquettes, l’autre à gaz, pour garantir l’appoint», signale le syndic Stéphane Costantini. Un préavis portant sur un autre bâtiment communal devrait être déposé en avril, mais le projet principal sera traité lors de la prochaine législature. «Il s’agira de chauffer deux collèges, le complexe sportif, l’Eglise catholique, l’Auberge pour Tous, la garderie, et, le cas échéant, quelques immeubles locatifs », précise le syndic. Cette vision politique découle de la volonté d’exploiter le grand potentiel forestier de la Commune. Du côté de Champagne, la majorité de la population du village bénéfice d’un système de chauffage à distance au moyen de plaquettes, une réalisation citée en exemple sur le site de l’association Energie-bois Suisse. Dans le long du Jura, le potentiel forestier est encore important suivant les endroits, d’autres régions comme la vallée de Joux auront bientôt atteint leurs limites.

«Après Le Brassus et Le Sentier, Le Lieu va se doter d’un système de chauffage à plaquettes. Avec ces trois projets, les ressources communales en bois disponibles seront plus ou moins épuisées», prévoit Daniel Gétaz, inspecteur des forêts du 16e arrondissement.

 

«La sortie du fossile nous réservera des surprises»

Selon tous les interlocuteurs sollicités, le bois-énergie, qui inclut les systèmes de chauffage à plaquettes, à pellets (des granulés de bois issus du compactage de sciure ou de copeaux) et les bûches, a une belle carte à jouer dans l’optique du remplacement progressif des énergies fossiles. Et pas uniquement dans le but de produire de la chaleur. En 2012, quatorze installations en service produisaient de l’électricité et de la chaleur à partir du bois, une tendance appelée à se développer, peut-on lire sur le site www.waldwissen.net. «On sait que la sortie du fossile va nous réserver des surprises», commente l’inspecteur forestier Pierre Cherbuin.

Ludovic Pillonel