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Les producteurs de lait crient leur colère

23 septembre 2009

Une centaine de tracteurs ont traversé Yverdon vendredi dernier et occupé, pacifiquement, le centre-ville. La manifestation, spectaculaire, a marqué les esprits, mais la colère monte depuis de nombreux mois chez les producteurs de lait helvétiques.

Les tracteurs ont envahi pacifiquement le centre-ville.

Les tracteurs ont envahi pacifiquement le centre-ville.

«Ils ont raison! Il faut les aider!», lâche une Yverdonnoise. Assistant à un insolite défilé de tracteurs sur la rue des Remparts, elle ne mâche pas ses mots. La cause des producteurs de lait, elle connaît et elle soutient. Au point d’être prête à payer son litre de nectar blanc un peu plus cher pour que le prix payé aux paysans augmentent? «Naturellement!», lance-t-elle.

Vendredi dernier, elle n’était pas la seule à se prendre de passion pour ce thème. Et pour cause: ce ne sont pas moins de cent tracteurs qui ont pris d’assaut la Cité thermale, à l’occasion d’une manifestation organisée pour sensibiliser la population aux problèmes rencontrés par les producteurs de lait. Des stands de vente directe de lait frais du matin avaient aussi été installés à la promenade Auguste-Fallet et sur la place Pestalozzi.
Accusant des frais de production au litre supérieurs aux 55 centimes qui leur sont payés, les paysans tirent la langue. Et veulent le faire savoir. Mais avec classe, avec la manière, en faisant en sorte de s’approcher des gens et de les intéresser à leurs revendications. «Vous allez aussi jeter du lait dans les champs?», interroge une dame en payant son litre. «Non, c’est du gaspillage. Ce serait déplacé, vu les temps qui courent», lui répond-on, derrière le stand.

«Pas incommoder les gens»

La manière douce, le dialogue. C’était la voie choisie pour l’occasion. «Nous ne voulons surtout pas incommoder la population», explique Thierry Salzmann (ci-contre à droite), un des instigateurs de la manifestation. Et cela marche. Les échanges sont cordiaux, les messages de soutien incessants. «Maintenant, si nous ne parvenons pas à faire entendre nos revendications, il faudra franchir un palier supplémentaire», continue le Bavoisan, propriétaire de nonante vaches laitières. Les options? Bloquer des usines, faire la grève. Les producteurs soupirent, visiblement désireux de ne pas avoir à en arriver là. Mais ils savent que sensibiliser les consommateurs et distribuer des verres de lait, aussi délicieux soit-il, ne suffira peut-être pas.

Lionel Pittet