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Les radars n’ont pas tenu leurs «promesses»
Yverdon, 9 octobre 2019. Radars. © Michel Duperrex

Les radars n’ont pas tenu leurs «promesses»

22 juin 2020 | Edition N°2746

Yverdon-les-Bains - Le dernier Conseil communal s’annonçait chaud et il l’a été. Une fois n’est pas coutume, ce sont les amendes qui ont contribué à le détendre.

La séance a peut-être fini avant minuit, pour une fois, mais les élus semblaient souvent lessivés à la sortie de La Marive, jeudi soir. Il faut dire qu’avec une demande de crédit additionnel de 1 300 000 francs dans le cadre du déplacement des conduites d’eau situées dans le secteur de la Brinaz, et l’analyse des comptes 2019 de la Ville, le menu était costaud. Et potentiellement très chaud.

Comme l’on pouvait s’y attendre, c’est le dépassement de crédit lié à la renaturation du cours d’eau qui a provoqué le premier torrent de mots crus. «Couteau sous la gorge», «pistolet sur la tempe», ou remarques acerbes adressées très directement au municipal des Énergies, Pierre Dessemontet… les joutes verbales n’ont pas dégagé une ambiance de franche camaraderie. Au point d’ailleurs de violer quelques règles formelles. S’il a reconnu des couacs dans la gestion du projet, initialement estimé à la moitié du montant final, l’élu socialiste a nié toute volonté d’outrepasser les processus démocratiques. «La Municipalité n’est responsable que d’avoir fait confiance à son service, et à ce qui se trouve entre le service et la Municipalité, c’est à dire le dicastère et son responsable.» Pressions cantonales et complexification du dossier ont été évoquées pour expliquer une «perte de vista générale», qui n’a toutefois «pas entraîné de préjudice financier pour la Ville».

Le préavis a sans surprise été accepté, de manière à permettre la fin des travaux cette année, et par conséquent le maintien, pour le Canton, de subventions fédérales. Non sans que Maximilien Bernhard glisse une pique sur une gestion des deniers publics mettant à «rude épreuve la confiance de la population».

Le retour du débat culturel

Le ton pré-électoral de la soirée étant désormais bien installé, c’est encore à propos d’argent que l’assemblée s’est écharpée. La droite s’est particulièrement illustrée en chargeant une nouvelle fois la politique culturelle de la Ville, d’abord au sujet de L’échandole. Le PLR Didier Forestier a notamment manifesté son inquiétude concernant un théâtre dont les revenus semblent évoluer inversement à l’augmentation des charges. Une diminution toutefois moindre que les autres années, a nuancé la municipale verte Carmen Tanner, qui a précisé que la baisse du potentiel de recettes des lieux était liée à une programmation accordant une place importante «aux spectacles jeune public». Moins d’argent, mais une bonne fréquentation, donc. Des explications qui n’allaient pas lui éviter de devoir défendre ensuite l’activité du Théâtre Benno Besson, lui aussi en perte de revenus: «Le TBB est devenu une scène incontournable pour les créateurs romands», a justifié l’élue. C’est donc dans un contexte difficile pour la création que la Compagnie du Cachot, basée… à L’échandole devait remplir la difficile mission de faire rire les élus au terme d’échanges âpres.

La respiration radar

Au milieu de cet intense ping-pong gauche-droite, une question est toutefois parvenue à détendre l’atmosphère: et si la Ville revendait ses radars? Comme souvent lors de propositions baroques, c’est l’UDC Ruben Ramchurn qui s’est illustré. Le trublion rebondissait sur une question de son collègue de parti Pascal Gafner au sujet des rentrées bien maigres des radars fixes: 105 531 francs au lieu des… 800 000 budgétés. «On s’est basé sur des comptes communaux d’autres villes qui en disposent. Il fallait bien commencer quelque part», a expliqué la municipale Valérie Jaggi Wepf.

L’élue PLR s’est d’ailleurs réjouie que le montant ne soit pas atteint: «Ce n’est peut-être pas un bien pour les finances communales mais l’effet préventif est au moins avéré.» Et de souligner que l’annonce de l’arrivée de ces radars par la presse, l’an dernier, a certainement joué un rôle dans leur peu de succès. Un démarrage poussif des radars qui ne semble cependant pas donner des envies de revente à l’Exécutif.


Une élection en chaud-froid

La palme du moment le plus contrasté est revenue à l’élection du Bureau du Conseil communal pour la dernière année de législature. Si l’élection de la socialiste Natacha Ribeaud Eddahbi à la présidence s’est révélée une formalité, il n’en a pas été de même pour la première vice-présidence. Le vote tacite a en effet été refusé pour la Verte Céline Ehrwein. Finalement élue avec 43 voix, elle a remercié ses collègues pour «la confiance renouvelée malgré tout». Dur. Moins de difficulté pour la deuxième vice-présidence, en revanche, puisque l’UDC Roland Villard a cette fois passé la rampe tacitement. Visiblement ému, l’élu a profité du petit discours de circonstance pour remercier les différents membres du Conseil venus le soutenir durant ses problèmes de santé: «J’ai pu constater que l’amitié dépasse largement les frontières idéologiques.» Un rappel utile dans le contexte…

Raphaël Pomey