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Les tirs usent les nerfs des confinés
Vugelles, 26 novembre 2013. Place de tir militaire. © Michel Duperrex

Les tirs usent les nerfs des confinés

1 avril 2020 | Edition N°2715

Vugelles-La Mothe – Plusieurs habitants de la région estiment que les entraînements sont «inappropriés» en cette période de crise. Une activité pourtant nécessaire, selon les militaires, qui baisseront toutefois la cadence des coups de feu.

La place de tir de Vugelles-La Mothe continue à diviser, même pendant la pandémie de coronavirus. Le lieu d’entraînement n’a pas cessé ses activités malgré de la crise sanitaire que traverse en ce moment la Suisse et le reste du monde. Et ce n’est pas du goût de tout le monde.

Plusieurs habitants des communes aux alentours de la place de tir ont ainsi exprimé leur étonnement face à cette activité. À l’image d’une habitante d’Orges: «Nous vivons des temps difficiles, estime-t-elle. Et entendre ces tirs, plusieurs jours d’affilée qui plus est, je trouve ça inapproprié. D’habitude, je ne me plains pas de la place de tir, mais là, on a l’impression que cette énergie pourrait être utilisée dans d’autres domaines.»

Un avis que partage la municipale de Vugelles-La Mothe, Marie Christine Robba. «Je n’ai pas non plus trouvé ça normal de continuer les tirs dans la situation actuelle. Que l’on dépense nos impôts comme ça, cela me surprend… La plupart des manifestations sont annulées, alors pourquoi pas ces tirs? C’est d’ailleurs un sujet sensible dans notre commune.»

Des jours d’entraînement seront supprimés

Les critiques à propos de la place de tir, le commandant de la place d’armes de Chamblon en reçoit régulièrement. Mais pour le colonel de l’état major général Patrick Huber, la situation actuelle est particulière. «On comprend que c’est encore plus désagréable pour la population d’entendre ces tirs alors qu’ils restent chez eux toute la journée, concède le militaire. On essaie donc de remplir notre mission de base, tout en pensant à la population.» Concrètement, cela signifie que les tirs sont réduits au minimum, notamment la nuit. Des journées d’entraînement sont supprimées, même si l’on ne connaît pas encore précisément combien des onze dates prévues pour le mois d’avril seront ignorées.

Conscients des nuisances engendrées, les militaires ont donc ralenti la cadence. Mais n’aurait-il pas simplement fallu arrêter momentanément la machine? «Ces hommes auraient pu être plus utiles ailleurs, estime la municipale vugelloise. Plusieurs villages ont demandé des renforts à la suite de la crise exceptionnelle que nous vivons.» Pour le commandant de la place d’armes de Chamblon, il est inenvisageable de cesser complètement cet exercice. «Le reste des missions de l’armée ne s’arrête pas avec la pandémie, indique Patrick Huber. Nous devons continuer à former nos troupes et le maniement des armes à feu est une des capacités qu’ils doivent acquérir durant leur école de recrue.» Pour le militaire, un arrêt pur et simple des entraînements de tirs engendrerait une faille au niveau des prochains bataillons de l’armée helvétique, qui ne seraient pas assez fournis.

Jusqu’à 8000 militaires mobilisés

Pour rappel, jusqu’à 8000 militaires suisses peuvent être mobilisés pour accomplir diverses tâches qui soutiendraient les services qui en auraient besoin, dans le domaine de la santé ou pour épauler les garde-frontières, par exemple. «Or dans un tel poste, il faut être capable de se servir d’une arme à feu», argue Patrick Huber.

Massimo Greco