Yverdon-les-Bains – Le parti écologiste a demandé, hier, à la Municipalitié de revoir sa copie. Selon lui, la route de contournement, actuellement à l’enquête publique, pose «des problèmes importants».
Il s’agit certainement là du dernier fait d’armes d’avant le premier tour des élections communales de dimanche. Il est signé Les Verts yverdonnois. Ces derniers ont demandé par courrier, hier, à la Municipalité de revoir son projet de route de contournement, dont le premier secteur est à l’enquête publique jusqu’à dimanche (La Région Nord vaudois du 11 février), qu’ils jugent «partiel et insuffisant». Une lettre, sous forme d’un énième épisode, et pour ce qui sera sans nul doute le dossier le plus sensible de cette législature, les camps politiques se déchirant autour de cette route de contournement de la ville acceptée par la population en votation populaire, le 25 novembre 2012.
«Nous ne voulons en aucun cas remettre en cause la décision populaire, prévient d’emblée Vassilis Venizelos, conseiller communal et député des Verts. Mais nous estimons que le projet présenté pose problème. Nous avons juste l’impression que l’actuelle Municipalité a voulu aller vite, très vite, afin de mettre à l’enquête la route avant les élections. Ce qui peut se comprendre d’un point de vue politique, mais ce qui a eu ces conséquences sur la qualité du projet.» L’écologiste pointe du doigt «le manque de mesure sérieuse» concernant les «pénétrantes» (rue des Moulins, rue du Valentin, rue de Graveline…) qui vont subir une augmentation de trafic. «Aucun traitement n’est prévu pour ces axes, c’est la grande faiblesse du projet», insiste Vassilis Venizelos.
Les Verts estiment, encore, que les nuisances générées par la future route, notamment sur les quartiers traversés, sont sous-évaluées. Ainsi, les seuils fixés par la législation fédérale pour la protection contre le bruit seront dépassés à plusieurs endroits. Mais, surtout, le parti écologiste considère que la mise à l’enquête, pour être pertinente, notamment au niveau des calculs d’impacts, devrait englober l’entier de la route et non pas un seul de ses secteurs.
«Fruit d’une large consultation»
Des critiques qui surprennent le syndic Jean-Daniel Carrard. «Des personnes travaillent sur ce dossier depuis la votation de 2012; des services de la Ville et du Canton, ainsi que de nombreux spécialistes de la mobilité. Il a été discuté au niveau de l’agglomération et est le fruit d’une large consultation. Je ne crois pas que l’on puisse parler de précipitation. De tels projets sont de longue haleine, ils ont leur propre calendrier, qui n’est pas calqué sur celui des élections», souligne l’élu, qui s’étonne, de son côté, du «timing» de la prise de position des Verts, à trois jours des élections communales.
Sur le fond, Jean-Daniel Carrard reconnaît qu’il demeure des interrogations. Des habitants de certains quartiers, dont celui de Pierre-de-Savoie, ont fait part de leur inquiétude concernant d’éventuelles nuisances. «C’est leur droit, explique encore le syndic. Nous avons reçu certaines personnes, pour écouter leurs demandes. Plusieurs oppositions ont été déposées. Elles seront traitées. Le projet va encore évoluer. Rien de plus normal dans la phase de mise à l’enquête, où nous nous trouvons actuellement».
Reste que si le résultat des élections à venir est encore inconnu, il y a une certitude: quelque soit la composition de la future Municipalité, la route de contournement sera l’un de ses dossiers les plus sensibles.
«On peut se poser des questions»
«Nous avons effectivement l’impression que la Municipalité a voulu, sur le dossier de la route de contournement, comme sur celui du parking souterrain, montrer qu’elle avançait vite, souligne Pierre Dessemontet, président du Parti socialiste yverdonnois et candidat à la Municipalité. Reste que l’on peut se poser des questions, notamment sur la qualité des études de trafic, qui montrent des flux très étonnants. Les charges de trafic sur les Moulins ou Graveline sont largement sous-estimées -je pèse mes mots- de plusieurs milliers de véhicules par jour.»
De son côté, Pascal Gafner, candidat UDC, ne veut pas anticiper le débat qui aura lieu au Conseil communal. «La mise à l’enquête n’est pas le lieu de telles discussions politiques.» Il espère, néanmoins, qu’avec le coût du projet -28 millions de francs-, «le travail a été fait correctement.»
Protocole d’accord avec Roger Freymond
Hasard du calendrier, le jour où la route de contournement est remise en cause par le parti des Verts (lire ci-dessus), le projet lui-même a franchi une étape importante, hier, avec la signature d’un protocole d’accord, qui permettra le passage de cette route sur la parcelle de l’agriculteur Roger Freymond.
«C’est l’aboutissement de plusieurs mois de négociations», se félicite le syndic Jean-Daniel Carrard, soulagé d’avoir trouvé un terrain d’entente avant la date de la fin de la mise à l’enquête, soit ce dimanche. En effet, la future route de contournement traversera la propriété de Roger Freymond sur 240 mètres (pour une emprise de 6700 m2). Trouver un terrain d’entente avec l’agriculteur était donc une étape décisive en vue du lancement du chantier du secteur sud de la route de contournement.
Concrètement, cette convention a été signée entre la Ville d’Yverdon-les-Bains, le propriétaire de la parcelle, ainsi que l’entreprise Steiner S.A. qui le représente. Elle règle le cadre de collaboration entre les trois partenaires qui, à la fois, permet à la route de passer sur les terres de Roger Freymond et définit, de manière plus générale, le plan de quartier les Roseyres, qui doit se développer en parallèle.