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Les villageois se prononceront sur la fusion

8 octobre 2014

Les Conseils généraux d’Ursins, de Cuarny, de Valeyres-sous-Ursins et de Cronay ont accepté, lundi soir, la convention de fusion. Ils décident ainsi de laisser la parole au peuple, qui choisira, le 25 janvier, de se regrouper, ou non, autour de la nouvelle commune de Montélaz. Compte-rendus des quatre séances décisives.

Ursins

Les jeux étaient-ils déjà faits, à Ursins, où la convention de fusion est acceptée, mais avec le score le plus serré des quatre villages? Cette séance, d’une importance capitale, a commencé par cinq assermentations, chiffre extraordinaire pour un Conseil qui connaissait, jusqu’alors, peu d’engouement populaire. Le syndic, Yves-René Bovay s’est félicité de cet «élan de civisme », mais a rappelé, ensuite, leurs obligations aux nouveaux conseillers, craignant un futur absentéisme pour les sujets plus triviaux.

C’est autour du Montélaz que les autorités des villages souhaitent se regrouper. © Michel Duperrex

C’est autour du Montélaz que les autorités des villages souhaitent se regrouper.

Après un rapide rapport de la Commission du comité de la fusion, qui n’a pas apporté pas d’éléments nouveaux à ce qui a été longuement développé lors des séances d’informations, la place était au débat, très court, qui cristallise les oppositions. D’un côté, la volonté de devoir fusionner pour avoir plus de poids face aux autres institutions politiques vaudoises et celle de demander son avis au corps électoral. De l’autre, la crainte de perdre son autonomie et son autogestion. Peu d’arguments techniques ont été échangés. Rien n’a été dit sur les aspects financiers (la fusion impliquerait une hausse du taux d’imposition pour Ursins, des 78 points actuels à 79). Le vote a finalement eu lieu, à bulletin secret pour l’occasion. Les conseillers étaient, pour la majorité, déjà convaincus de leur choix en entrant dans la salle. Vingt personnes sur 36 ont accepté la convention, et seize la refusent.

Michel Antoine

Cuarny

«Combien de temps tiendrons- nous avant de devoir nous approcher d’Yvonand ou d’Yverdon en cas de non aujourd’hui?» C’est dans une ambiance relativement peu tendue que le syndic de Cuarny, Jean-Marc Ballif, a émis ses craintes sur le vote du projet de fusion. Mais les 32 membres présents, auxquels venaient s’ajouter quatre nouveaux assermentés, ont laissé planer peu de doutes sur l’avenir qu’ils souhaitaient pour leur village. S’ils désiraient préserver le caractère rural de leur lieu d’habitation et d’origine, les conseillers savaient que leur choix était crucial.

«Nous devrions simplement dire si nous sommes d’accord avec les termes de la convention de fusion et laisser l’ensemble des habitants se prononcer. C’est le peuple souverain qui doit décider», a ajouté le syndic, voulant éviter à tout prix un arrêt si près du but, dix ans après l’apparition des premières idées sur ce projet. Les débats, souvent animés dès qu’il s’agit de fusion, ont rapidement apaisé les inquiétudes, puisqu’un seul point était soulevé par un conseiller: «Je n’aime pas du tout le futur écusson», s’exclamait-il, avant de toutefois féliciter la Municipalité pour son travail quelques minutes plus tard.

Par la voix de la rapporteuse Florence Jacquemin, la commission d’étude a affirmé comprendre «la nécessité pour nos modestes communes rurales de s’unir». Un avis partagé par les 27 conseillers acceptant le projet de fusion, face à trois non et autant de votes blancs. Si cette décision importante a été prise rapidement, c’était plutôt les discussions concernant la sécurité des enfants du village par la modification des arrêts de bus qui a fini par occuper la majorité du temps du Conseil.

Jonas Schneider

Valeyres

«Il ne s’agit pas d’une séance comme les autres», a précisé le président du Conseil général de Valeyres-sous- Ursin, Stéphane Henry, en guise d’introduction. L’avenir du village était en effet entre les mains des conseillers, dont quatre nouveaux assermentés. «C’est votre droit, et votre devoir de vous exprimer ce soir. La fraternité n’empêche pas les débats d’idée», a-t-il indiqué pour motiver les prises de position sur la question d’accepter ou non la convention de fusion. «Nous avons commencé à réfléchir à l’avenir de Valeyres en 2004 déjà. Et nous avons décidé de prendre le train en marche», a indiqué Annie Miéville Lopez, syndique du village et présidente du comité de pilotage, avant d’ouvrir les discussions. L’élément qui a allumé le débat, est bien la distribution anonyme d’un argumentaire contre la fusion dans les boîtes aux lettres des habitants du village. «Nous avons la chance d’être dans un pays démocratique où chacun peut se prononcer. Pourquoi donc ne pas signer le document? », s’est questionné l’assemblée. Malgré les incertitudes qui persisteront jusqu’à la mise en place de l’éventuelle nouvelle commune, comme l’avenir du regroupement scolaire, le Conseil général laissera la parole au peuple. A main levée, Valeyres-sous- Ursins a dit oui à la convention de fusion, par 28 voix, contre 2 objections et 6 abstentions, pour la plus grande joie d’Annie Miéville Lopez.

Muriel Aubert

Cronay

A n’en pas douter, les membres du Conseil général de C r o n a y méritent le statut d’élèves modèles au passage de l’examen de la convention de fusion. Un exercice délicat, les autres communes vaudoises qui s’y sont déjà frottées peuvent en témoigner, passé en 22 minutes, sans compter les déductions liées, notamment, aux autres points à l’ordre du jour. Le résultat du vote -41 oui, 7 non, 2 votes nuls et un bulletin blanc- a, de surcroît, de quoi faire le bonheur de n’importe quel comité de pilotage. Alors que l’heure était aux rafraîchissements à la grande salle, le syndic Didier Flaction concédait, alors qu’il aurait vécu comme une surprise le rejet de la convention de fusion, que le refus de Suchy de rejoindre la future commune de Chavornay avait semé le doute au sein du COPIL. «On s’est dit que le non était encore possible. Il est toujours difficile de percevoir l’avis des gens.» Déjà réunies sous le nom de Montélaz par le biais de la société de tir et des pompiers, les quatre communes n’ont pas attendu le processus de fusion pour interagir. «Nous nous voyions déjà avant entre syndics. Nous avons toujours eu de bonnes relations, les gens des villages se connaissent», déclare le chef de l’Exécutif de Cronay. Pointée du doigt par certains réfractaires suite au départ de Pomy, la dimension de l’entité en gestation -la nouvelle commune rassemblerait à peine 1000 habitants- est justement l’un des arguments des porteurs du projet. Le mois de janvier prochain révèlera si la population adhère au principe de «commune à taille humaine » avec la même conviction que l’organe délibérant de Cronay.

Ludovic Pillonel