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L’Europe avant le monde

23 juillet 2015

Cyclisme – L’aventurier de Romainmôtier Jonas Goy part pour une course à travers le continent.

Jonas Goy et son vélo tout équipé. Oui, tout est bien là, pour rouler, dormir et rester connecté. © Michel Duperrex

Jonas Goy et son vélo tout équipé. Oui, tout est bien là, pour rouler, dormir et rester connecté.

Il a traversé l’Australie et il veut conquérir le monde. Alors, Jonas Goy va «s’entraîner» en parcourant l’Europe. Demain, le cycliste s’élancera de la Belgique pour Istanbul, à l’occasion de la Transcontinental. Une course -ils sont plus de 200 à enfourcher leur vélo- de 4400 km que l’aventurier de Romainmôtier va avaler en onze ou douze jours.

«Le but ne sera pas de gagner l’épreuve, certains iront plus vite que moi, mais de finir dans le premier quart», annonce le Nord-Vaudois de 27 ans, qui a déjà pris la route en début de semaine… pour se rendre sur le ligne de départ, à Grammont, à 600 km de son village.

En prévision de l’épreuve, Jonas Goy a réalisé une reconnaissance, en France et en Italie. Il n’a, par contre, pas eu le temps d’en faire de même dans les Balkans. Mais quand on dit qu’il part à l’aventure, ce n’est pas forcer les traits. «Certains prennent des hôtels. Moi, je vais y aller au feeling, en dormant dehors, ou dans un arrêt de bus, et je me doucherai dans des rivières», raconte-t-il, espérant ne pas avoir affaire à trop de chiens errants. De toute façon, il ne va pas rester dans les bras de Morphée bien longtemps. Peut-être trois heures par nuit. «C’est faisable», assure-t-il, s’étant déjà astreint à de telles conditions.

Le reste du temps, il pédalera ou se nourrira. «Mais il faut que ça aille vite. Le soir, je m’arrêterai dans des restaurants, car il faut bien manger. Il n’y a, ensuite, plus rien d’ouvert jusqu’au matin.» Et des calories, il en grillera. L’eau, il ira la chercher à des fontaines ou dans des bistrots qu’il croisera, pour remplir ses gourdes. «On emprunte des grands axes, plus directs. Chacun peut faire son parcours.» Il y a, juste, quatre passages obligatoires.

Un objectif avant l’autre

Footballeur durant quinze ans, c’est après avoir perdu son travail de menuisier que ce cycliste improvisé avait décidé, sans vraiment savoir les raisons qui l’y ont poussé, de rouler 17 000 km en Australie, en 2012. Le jovial aventurier a beaucoup appris de ce première voyage, mais «pas trop l’anglais». Du coup, c’est à la débrouille qu’il commandera son repas, que ce soit en Slovénie, en Albanie ou en Grèce. De toute façon, s’il apprécie arpenter de nouveaux paysages et a le sourire contagieux, il n’échangera pas beaucoup avec ses semblables. «Parler demande de la concentrration, de l’énergie.» Et il lui faudra en conserver.

C’est que, cette Transcontinental, il la prend comme «un gros test avant le tour du monde» qu’il prévoit. Ce d’autant plus que son objectif sera de battre le record actuel, en parcourant 29 000 km sur quatre continents en 106 jours. Un projet pour lequel il a besoin de trouver 64 000 francs. Mais ça, c’est de la musique d’avenir.

Dans l’immédiat, Jonas Goy a l’Europe à traverser. Il a démissionné en mai dernier pour préparer la course. Il reprendra le travail en septembre, un tas de nouvelles aventures à raconter. «Je ne sais pas ce qui me pousse. On ne peut pas dire que je vais découvrir de nouvelles cultures», lance-t-il, hilare, mais persuadé qu’il est sur la bonne voie.

 

Des chiffres et des litres

La Transcontinental Race de Jonas Goy, c’est:

– 4400 km entre Grammont (Bel) et Istanbul.

– 33 km de dénivelé.

– 380 à 400 km/jour à un rythme de 24-25 km/h de moyenne.

– Plus de 16h de pédalage/jour.

– 11 à 12 jours d’effort.

– 164 participants en solo et 21 duos.

– 4 checkpoints: Le mont Ventoux, Sestrières, Vukovar (Cro) et le mont Lovcen, au Montenegro.

– 11 pays traversés

– 16 kilos de charge, entre le vélo et le matériel, dont une capacité de 1,7 litre d’eau.

– Plus de 10 litres d’eau bus quotidiennement par ces chaleurs.

– 2 GPS, 1 portable, 1 matelas, 1 couverture, 1 cocon en soie, 1 moustiquaire, 1 paire de gants, des manchettes, 1 veste, 1 t-shirt, 1 cuissard, des chaussettes, des surchaussures en silicone et les documents d’identité en tout et pour tout.

– 3 heures de sommeil par nuit.

– 70 à 80 euros dépensés chaque jour pour se nourrir.

Manuel Gremion