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L’ex-boss des Let’s Go Fitness rebondit au Day
Etagnières, 19 août 2021. Yatoo Groupe, Thomas Keller. © Michel Duperrex

L’ex-boss des Let’s Go Fitness rebondit au Day

26 août 2021

Cofondateur du groupe Let’s Go Fitness, Thomas Keller repart à la conquête de la Suisse romande avec un nouveau projet sportif et ludique à la fois. Après avoir ouvert son premier temple du trampoline à Etagnières début août, il se prépare à sauter sur le Nord vaudois.

Toujours plus haut, toujours plus loin. Telle pourrait être la philosophie de Thomas Keller. Car si les années défilent, l’entrepreneur vaudois a toujours la pêche et son ambition n’a pas pris une ride. Après avoir lancé l’agence de placement Freeman (dont une antenne était basée à Yverdon) à travers la Suisse romande, puis la célèbre chaîne Let’s Go Fitness, l’homme s’est mis à la recherche d’un nouveau défi. Suivant son instinct et son agacement du moment, il a trouvé un concept à développer. Et celui-ci pourrait bien coller avec la devise: «Bouger au lieu de scroller!»
Ce père de trois jeunes filles a rapidement trouvé son futur secteur d’activité: les loisirs. «Ce qui m’énerve le plus est de voir ces jeunes scotchés à leur natel! peste-t-il. J’avais envie de lancer quelque chose qui leur permette de lâcher leurs écrans pour se dépenser.» Comme il n’avait pas d’expérience dans le domaine, il a entrepris plusieurs voyages aux USA, en Russie, en Hollande et au Royaume-Uni pour voir ce qui se faisait ailleurs et ce qu’il manquait en Suisse. De retour au pays, il a fait un tour des offres régionales. «J’ai relevé des problèmes d’organisation, d’infrastructure, de propreté et d’insonorisation», relève-t-il.
Au lieu de conseiller les patrons des centres existants, Thomas Keller a opté pour une solution plus audacieuse, plus risquée et, surtout, bien plus onéreuse: construire ses propres lieux de loisirs. En 2019, il a ficelé son projet, baptisé Yatoo Groupe («parce qu’il y a tout ce qu’il faut dans ces salles»). Il a remplacé les écrans des jeunes par des trampolines géants et les applications idiotes par des défis physiques entre amis. «L’objectif est de pouvoir divertir toute la famille, de 2 à 77 ans.»

Yatoo Groupe, Etagnières. © Michel Duperrex

Mais avant de pouvoir bâtir son temple du divertissement familial, le Vaudois a dû convaincre, ce qui était loin d’être aisé. «Le premier terrain que j’ai trouvé était celui d’Etagnières (lire ci-dessous). Quand j’ai mis mon bâtiment à l’enquête, j’ai eu une quarantaine d’oppositions parce que les gens ne savaient pas à quoi s’attendre avec mon projet. Dès que je l’ai expliqué aux habitants, elles ont été retirées», indique le patron qui vient d’inaugurer ce premier site. Persuadé du potentiel de son idée, il n’a pas attendu la fin des démarches formelles pour chercher un plan B. «J’ai toujours fonctionné comme ça: je monte un projet qui peut se décliner de plusieurs façons, j’envoie un bon millier d’hameçons pour trouver un lieu et je regarde ce qui mord, explique-t-il. Pour Yatoo, je n’ai reçu que trois retours positifs: à Etagnières, à Neuchâtel et à Vallorbe, ou au Day plus précisément. On a donc lancé des projets dans ces trois communes. Quand le concept sera connu, on viendra nous chercher, comme ce fut le cas pour Let’s Go Fitness!»
Le Day pourrait donc accueillir la Mecque du trampoline au chemin des Rosiers. Mais pas que! «Je ne peux pas reproduire le même projet qu’à Etagnières, où j’ai énormément de place, précise-t-il. Il y aura des trampolines et une partie fitness pour m’assurer un certain revenu.» Et l’entrepreneur d’attester: «La Commune de Vallorbe a été très sympa et m’a tout de suite soutenu. Si tout va bien, on aimerait acheter le terrain cette année, construire le bâtiment et ouvrir en 2023.» Quant au syndic Stéphane Costantini, il voit ce projet d’un très bon œil. «Le profil de monsieur Keller correspond à nos attentes, car nous voulons des entreprises créatrices d’emplois et pas des sociétés de stockage. Nous avons donc accueilli sa demande avec plaisir», confie l’édile. Le chef de l’Exécutif se félicite d’avoir vu juste en demandant au Conseil communal un crédit de 6,3 millions de francs (sous déduction de 2,45 millions de subventions) pour acheter des terrains et équiper la zone industrielle du Day. «Le Conseil nous a fait confiance et cela a payé, car deux mois après avoir fini les travaux d’équipement, on a déjà une entreprise intéressée à venir. Comme quoi, quand il y a l’offre, la demande suit, poursuit-il. Si le projet de monsieur Keller se concrétise, ce serait la première nouvelle entreprise à s’y installer, deux sociétés historiques étant déjà sur place.» Pour l’instant la Commune et le Vaudois sont en pleins pourparlers. Mais avant de signer, l’Exécutif devra fractionner les parcelles et demander l’accord du Conseil.

EtagniYatoo Groupe, Thomas Keller. © Michel Duperrex

En mettant un pied au Day, Thomas Keller ne rêverait-il pas d’attirer des familles de l’autre côté de la frontière pour, peut-être, exporter son concept en France? «Non, ce n’est pas le but. Je pense même que ce sera le dernier projet que je vais lancer. Après, peut-être que mon adjoint reprendra l’affaire et poursuivra l’aventure!»


Premier centre du groupe Yatoo tout juste inauguré

Quand Thomas Keller a une idée en tête, il fonce. Il lui aura fallu deux ans et demi pour concrétiser son rêve, mais il y est arrivé. Le premier site Yatoo a été inauguré il y a deux semaines à Etagnières. Et il en jette! Un vert fluo pour le logo, d’autres couleurs flashy à l’intérieur (des salles aux toilettes), un design moderne, épuré et, surtout, de l’espace, beaucoup d’espace: l’entrepreneur flirte avec les codes des grandes entreprises américaines, un peu à l’image de Google. Ce nouveau centre de loisirs, qui n’a rien de révolutionnaire, a la particularité de réunir plusieurs activités afin de distraire un public de 2 à 77 ans. Les tout-petits (jusqu’à 7 ans) ont une zone qui leur est dédiée avec des jeux, des trampolines, des petites voitures, etc. «J’ai fait exprès de mettre un buzzer en hauteur pour qu’ils ne puissent pas sortir sans un adulte. Comme ça, les parents peuvent boire et manger quelque chose sans s’inquiéter de voir leur enfant quitter la pièce discrètement!» se félicite le patron du groupe Yatoo. Pour les grands enfants dès 7 ans, il y a 2000 m2 de trampolines, ainsi qu’un parcours à la Ninja Warrior. Et pour ceux qui préfèrent s’amuser sans sauter dans tous les coins, le minigolf fluorescent fera forte impression.

Etagnières, 19 août 2021. Yatoo Groupe. © Michel Duperrex

Finalement, pour les grands enfants, l’entrepreneur a prévu une zone avec de la technologie de haut vol. L’idée? Se transformer des Zombiesbusters! A défaut de fantômes, vous partirez à la chasse aux zombies avec tout un équipement sur le dos. «Cela n’a rien à voir avec ce que l’on peut faire à la maison. Là, il s’agit d’une vraie expérience immersive, dans une pièce de 49 m2, et où on peut jouer avec des amis que l’on voit en avatars à côté de soi.» Pour ce plongeon dans la réalité virtuelle, il faudra compter 45 francs pour une heure.


Des salades!

Dans son concept originel, Thomas Keller pensait ne proposer que des aliments sains à manger dans la cafétéria des sites Yatoo, mais il s’est rendu compte que sa carte n’allait pas faire son beurre. «Je propose des salades, des pâtes et des pizzas, mais personne ne prend de salade», déplore celui qui risque de devoir passer à un menu plus populaire. «On n’a pas de laboratoire ici, donc ce sont des aliments congelés. Par contre, j’ai choisi des produits de qualité et, si possible, locaux», se réconforte-t-il.


 

Christelle Maillard