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L’histoire belge du Conseil communal

15 septembre 2015

Baulmes – Le président du Conseil, Thierry Lacroix, devra déléguer certains dossiers. La signature du Belge n’est pas reconnue au niveau fédéral.

Bien qu’il ne signera pas les documents, Thierry Lacroix participera au dépouillement du 18 octobre. © Michel Duperrex

Bien qu’il ne signera pas les documents, Thierry Lacroix participera au dépouillement du 18 octobre.

Thierry Lacroix siégera pour la première fois, ce soir, en tant que président du Conseil communal de Baulmes. Engagé depuis dix ans dans la vie politique de son village d’accueil, le premier citoyen de la commune devra cependant, lors des élections fédérales du 18 octobre prochain, remettre sa plume au vice-président, le temps de signer le procès-verbal du dépouillement. Le Belge, qui ne peut voter que dans sa commune n’a, en effet, pas le droit de s’occuper des affaires fédérales. «On vous laisse présider, mais pas signer le dépouillement, regrette le nouveau président, qui a le droit, en revanche, de s’occuper des votations cantonales. C’est absurde, mais c’est comme ça…»

Bien qu’il espère que la situation changera, Thierry Lacroix ne se voit pas entreprendre les démarches pour modifier l e s droits des présidents de Conseil n’ayant pas un passeport à croix blanche. «C’est bizarre, mais ça changera avec les années.»

Et pourquoi ne pas se naturaliser? «J’ai deux fils, un qui est belge, et l’autre qui a la double nationalité suisse et belge, mais je ne suis pas spécialement intéressé», indique celui qui se sent Baulméran, après avoir passé la moitié de sa vie dans la commune nord-vaudoise, mais qui parle en «nous» en expliquant ce qui se passe en Belgique.

C’est la rigueur du travail des Suisses qui a attiré le cuisinier dans le canton de Vaud. Après avoir vécu trois mois à Yverdon-les-Bains, il y a maintenant 29 ans, Thierry Lacroix s’est installé à Baulmes. «Je m’y suis senti bien et je me suis vite intégré. Les gens sont très accueillants», explique celui qui vient du village de Modave, à quelques kilomètres de Liège. Le premier Belge à s’être installé à Baulmes a déjà laissé quelques traces de son passage dans le village. Il a créé l’Amicale Modave-Baulmes, qui a fêté ses 25 ans, «et une à deux fois par année, il y a la soirée moules-frites-bières, qui attire environ 200 personnes», sourit-il.

Il y a deux législatures, Thierry Lacroix a été approché pour rejoindre le Conseil communal. «On m’a demandé si j’étais intéressé et j’ai dit oui. C’était l’occasion de comprendre le fonctionnement du village», indique celui pour qui il est normal de s’investir dans la vie politique de sa commune. «Je suis très heureux de présider le Conseil. Je vais être tendu lors de cette première séance, mais je vais faire au mieux pour ne pas décevoir et faire avancer le village», lance-t-il, avant de répondre «peut-être, après plusieurs années de présidence», lorsqu’on lui demande s’il envisage de rejoindre la Municipalité.

 

«Il doit être le seul dans le district»

Le cas de Thierry Lacroix, président du Conseil communal de Baulmes qui n’a pas le pouvoir de s’occuper du dépouillement des votations fédérales dans son village, puisqu’il n’a pas la nationalité suisse, est rare dans le Canton. «Il doit être le seul dans le district, indique la préfète du Jura-Nord vaudois Evelyne Voutaz. Ça n’arrive pas souvent d’avoir un président du Conseil qui est étranger.» La préfète juge la situation «regrettable», bien qu’elle ne soit pas particulièrement préoccupante, puisque les dépouillements peuvent être facilement délégués. «Il peut bien sûr participer au dépouillement, mais il n’a pas le droit de signer le procès-verbal», ajoute Evelyne Voutaz.

 

Extrait de la Constitution vaudoise

Droits politiques, Art. 142:

Font partie du corps électoral communal, s’ils sont âgés de dix-huit ans révolus et ne sont pas interdits pour cause de maladie mentale ou de faiblesse d’esprit:

a) les Suissesses et les Suisses qui sont domiciliés dans la commune;

b) les étrangères et les étrangers domiciliés dans la commune qui résident en Suisse au bénéfice d’une autorisation depuis dix ans au moins et sont domiciliés dans le Canton depuis trois ans au moins.

Les droits politiques ont pour objet la participation aux élections et votations, l’éligibilité ainsi que la signature des demandes d’initiative et, dans les communes à conseil communal, de référendum.

 

Muriel Aubert