L’hommage au doyen de fonction
11 novembre 2024 | Textes et photos: I. Ro.Edition N°3828
Une assistance nombreuse a participé aux obsèques du municipal Jean-Claude Ruchet.
«Croyant mais pas pratiquant. Justement, je pense que Jean-Claude Ruchet était un pratiquant», a déclaré l’abbé Philippe Baudet au moment d’aborder la partie rituelle des obsèques. Simplement parce que tout au long de son parcours, le défunt s’est dévoué pour la défense des autres, et cela bien avant d’avoir été élu à l’exécutif. Et le prêtre d’ajouter: «Il était très pratiquant dans les valeurs qu’il a vécues auprès des faibles.» Et d’inciter l’assemblée à «garder son souvenir et à pratiquer les valeurs qui sont les siennes».
Il aimait la simplicité
Auparavant, Roxane Bischof, célébrante indépendante et proche de la famille, a évoqué le parcours de vie du défunt, un homme altruiste et pudique, très proche de sa sœur aînée Sylvie, décédée il y a un an, avec laquelle il avait une relation fusionnelle. Largement partagée par la suite avec son beau-frère Marc et ses neveux Jérémie et Mathieu.
Né à Yverdon en 1966, Jean-Claude Ruchet aimait les choses simples de la vie, par exemple jouer aux cartes avec ses proches, qu’il accompagnait lors des vacances au bord de la mer, préférant toutefois suivre les matches de football anglais plutôt que de se languir au soleil.
Son astre était celui du Japon, «l’amour de sa vie». le pays du Soleil-Levant, où il s’est rendu à de nombreuses reprises, y emmenant notamment son neveu Mathieu à l’occasion de ses 20 ans.
Sur le plan professionnel, Jean-Claude Ruchet s’est destiné à devenir ingénieur, mais ses problèmes de vision l’ont contraint à changer de voie. Il est entré à l’Ecole Pahud, aujourd’hui Haute école de sciences sociales, pour devenir assistant social. Puis il a rejoint le Centre psychiatrique nord, où il a exercé son métier, accompagnant les personnes dans les démarches de réinsertion, avant d’accéder à la Municipalité.
«Il a toujours été socialiste par son dévouement et le souci pour les plus faibles», a expliqué la célébrante laïque.
Une force tranquille
Une sensibilité mise en exergue par le syndic Pierre Dessemontet au moment de prononcer l’hommage de la Ville et de la communauté yverdonnoise à cet homme «discret, réservé et pudique».
Et de rappeler son parcours public, avec l’élection au Conseil communal à 27 ans, la présidence de l’organe délibérant en 2001, une brève période au Grand Conseil dont le nombre de membres a été réduit à l’entrée en vigueur de la nouvelle Constitution vaudoise, son accession à l’exécutif en 2009, et trois réélections consécutives.
Le syndic a évoqué les multiples engagements publics du défunt, avec un axe permanent: «La défense des plus faibles, par conviction et dans tous les domaines». Il était donc naturel que les affaires sociales et de la jeunesse lui échoient il y a quinze ans, «un discastère mammouth», a souligné le chef de l’exécutif.
Discrétion, humilité, et modestie caractérisent le parcours du défunt, «qui savait jouer tactique et collectif, quand parler et quand se taire». Alors qu’une partie de la population subit des attaques, «ta voix nous manque déjà», a relevé Pierre Dessemontet, avant de souligner son «immense courage». Et le syndic de relever que c’est la première fois depuis des décennies qu’un municipal en fonction décède. Avant de conclure: «Il nous faut prendre congé. C’est la dernière fois que nous sommes les sept réunis en collège.»
Emotion au Conseil communal
L’adieu de l’organe délibérant à Jean-Claude Ruchet, qui a eu l’honneur de le présider, a été marqué, jeudi soir, par la présence d’une rose blanche à chaque place, une gerbe rappelant sa mémoire à la table de la Municipalité.
Très émue, la vice-syndique Carmen Tanner a salué l’action du doyen de fonction de l’exécutif en déclarant: «A aucun moment, nous n’avons imaginé avoir à faire face au deuil.»
Et de rappeler «le regard bienveillant» du «compagnon de tant de séances de Municipalité et de Conseil communal», dont le départ représente «un moment de tristesse infinie». Elle a ajouté que Jean-Claude Ruchet a consacré «ses forces et ses valeurs au service du bien commun», faisant de «l’intégration sociale et de la lutte contre les inégalités» sa ligne de conduite. «Plus qu’une carrière politique, le défunt a vécu une vocation», a souligné la vice-syndique.
Chef du groupe socialiste, Julien Wicki a mis en évidence les trente années de militance politique au cours desquelles Jean-Claude Ruchet «a placé le collectif au cœur de son action, œuvrant pour l’intégration et contre le racisme». Et d’inviter l’assemblée à se lever et à respecter une minute à la mémoire de ce compagnon et élu trop tôt disparu.