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Liliane Valceschini a tiré sa révérence
Liliane Valceschini. © Michel Duperrex

Liliane Valceschini a tiré sa révérence

25 novembre 2019 | Edition N°2631

La grève des femmes de 1991, c’est elle. La Combière Liliane Valceschini, 53 ans à l’époque, en avait eu marre. Comme un clin d’œil à l’histoire, comme pour montrer que son engagement n’était pas vain, elle a livré son ultime combat samedi 23 novembre, à l’hôpital d’Orbe, à l’aube de son 82e anniversaire.

Cette femme engagée s’est syndiquée à l’âge de 18 ans déjà. Ses parents et elle travaillaient dans la même entreprise horlogère. Un jour, sa mère est allée demander une augmentation de salaire et le patron lui a répondu que son mari et sa fille étaient dans la même usine, et que son salaire devait lui suffire. ça l’avait tellement révoltée qu’elle s’était immédiatement syndiquée.

Ce n’est que plus tard, alors que la notion de salaire égal à compétence égale était inscrit dans la Constitution depuis dix ans, sans qu’aucun effet ne soit visible, que l’idée lui était venue d’organiser une grève des femmes. Elle s’était approchée de la syndicaliste et conseillère nationale Christiane Brunner, laquelle avait immédiatement réagi positivement. Et c’est ainsi que le 14 juin 1991 avait lieu la première grève des femmes.

Une grande dame
La co-présidente des Jeunes Verts, Mathilde Marendaz, a connu Liliane Valceschini. «Son décès me surprend et m’attriste. C’est vraiment un honneur pour moi de l’avoir connue. Je me souviens très bien de sa combativité. Elle avait des liens très forts avec les syndicats. C’est assez surprenant qu’elle soit décédée le jour même d’une grande manifestation nationale contre les violences faites aux femmes.»

Dans un portrait publié le 1er mai dernier dans La Région, elle précisait qu’elle était «heureuse que les femmes d’aujourd’hui se remobilisent.» Elle espérait qu’au lieu de 500 000 femmes dans les rues de Suisse comme en 1991, elle soient un million!

Elle a été entendue, puisque la grève des femmes du 14 juin 2019 a été la plus grande mobilisation politique en Suisse depuis la Grève générale de 1918.

Son combat est désormais terminé, mais il y a fort à parier qu’elle restera longtemps dans la mémoire des femmes qui continuent à se battre pour un avenir meilleur. Sa famille et ses proches lui diront un dernier adieu mardi 26 novembre à 16h au centre funéraire d’Yverdon-les-Bains.

Dominique Suter