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L’incroyable succès des jardins familiaux

24 juillet 2014

Existants depuis les années 40, les plantages, formidable outil d’intégration, connaissent un succès toujours grandissant.

© Duperrex

© Duperrex

«Ringards» pour certains, «réservés à une certaine classe» pour d’autres ; s’il est vrai que les jardins familiaux -plus communément appelés plantages- que la Ville d’Yverdon-les-Bains met à disposition de ses habitants font, de temps à autres, l’objet de critiques, ces dernières ne peuvent apparaître que caduques pour quiconque a daigné, un jour, mettre les pieds dans ce véritable village dans la ville. D’ailleurs, le meilleur avocat des plantages, situés à la sortie de la Cité thermale, aux lieux dits Le Maréchat et les Quatres-Vingts, est, pour sûr, leur incroyable succès.

Ainsi, tout au long de l’année, ce sont pas moins de 543 locataires, répartis sur une surface totale d’environ 136 000 m2, qui forment une joyeuse communauté bigarrée, forte de plus d’une vingtaine de nationalités différentes, «sans qu’il n’y ait jamais eu le moindre problème d’ordre ethnique», assure le surveillant des plantages, Philippe Perrenoud, appelé familièrement «concierge» par certains. Soit, au plus beau de l’été, jusqu’à près de 1600 personnes, sachant que l’on compte, en moyenne, trois occupants par parcelle louée.

Un gain financier

Un engouement qui, depuis la création de ces jardins, dans les années 40, n’a d’ailleurs jamais fléchi, et ce malgré l’évolution de leur vocation, dictée, au fil des ans, d’abord par une stricte nécessité alimentaire puis, peu à peu, par le besoin de posséder un lieu de «détente». Un succès même renforcé ces dernières années, puisque la liste d’attente forte d’une trentaine de personnes, en 2011, en compte aujourd’hui une soixantaine.

«Cela s’explique, entre autres, par la situation économique des gens», explique Jacques Willenegger, responsable administratif des jardins familiaux depuis le 1er juillet dernier. Le fait de pouvoir produire soi-même ses légumes -c’est une obligation de cultiver environ deux tiers de la parcelle louée- représentant, souvent, un gain financier important pour les foyers.

Et puis, les logements avec un jardin, en ville, étant des denrées rares, qui plus est aux loyers très élevés, «le fait de posséder un endroit où l’on peut se retrouver, dehors, dans la nature, quand il fait beau, est très précieux pour toutes les personnes qui vivent dans un appartement», ajoute Philippe Perrenoud.

Sans oublier, et c’est peut-être le plus important, le rôle social que joue ces jardins -ils étaient d’ailleurs gérés par les services en charge des affaires sociales avant de passer, en 1994, au Service des travaux. Puisque la multitude de nationalités qui cohabitent aux plantages, représentant ainsi une formidable opportunité de découvrir des cultures, us et coutumes, différents, demeure un formidable outil d’intégration.

Un peu d’histoire…

Selon les documents connus, les premières mentions de plantages, à Yverdon-les-Bains, concernent les «plantages de guerre» en lien avec le plan Wahlen -programme d’autosuffisance alimentaire mis en place, en 1940, par la Suisse. Entre 1941 et 1942, une parcelle de terrain aux Marais est ainsi ouverte pour des plantages. En 1943, les terrains du Maréchat, souvent inondés, sont drainés et, cette même année, une partie des Vernes du Buron et des Prés-du-Lac sont défrichés afin de permettre l’extension de cultures. En 1946, il est décidé de résilier les baux des plantages de guerre, l’engouement pour ceux-ci ayant diminué, le rassemblement devint donc nécessaire.