L’Office fédéral de la statistique révèle que le prix des logements en propriété ne cesse de grimper.
S’il est un constat sur lequel tous les acteurs de la chaîne – à quelques nuances ou dixièmes de point près – s’accordent, c’est bien sur la véritable explosion des prix dans le secteur immobilier. Si peu, exception faite de l’UBS dans quelques agglomérations – la région zurichoise et le bassin lémanique –évoquent encore une potentielle bulle avec un risque d’implosion du marché, il est une évidence que le rêve d’un chez soi en propriété s’éloigne chaque jour un peu plus.
En effet, l’Office fédéral de la statistique (OFS) a révélé mardi dernier que l’indice suisse des prix de l’immobilier résidentiel a progressé de 2,4% au troisième trimestre 2021, ce qui, en regard de la période correspondante de l’an dernier, représente une augmentation de 6,9%.
Par rapport au trimestre précédent, les prix ont augmenté de 2,4% pour les maisons individuelles et de 2,3% pour les appartements en propriété. En ce qui concerne les maisons individuelles, cette progression concerne toutes les communes, mais elle est bien plus marquée dans la catégorie des communes urbaines d’une petite agglomération, telle celle d’Yverdon-les-Bains, ou hors agglomération (+3,4%).
Dans les grandes agglomérations, la hausse des prix est plus marquée pour les appartements en propriété (+4,4%). Dans les petites agglomérations ou hors agglomération, le prix des appartements a très légèrement diminué, d’un demi-pourcent.
Le relevé trimestriel de l’OFS se base en moyenne sur 7000 transactions réalisées dans toutes les régions de Suisse et sur les données des 26 plus grands instituts hypothécaires du pays.
Si le risque de l’effondrement du marché est faible, cela tient aux mesures prises, notamment aux exigences en matière de fonds propres. Selon l’OFS, relayé par les analystes du groupe Raiffeisen, une baisse du nombre de logements vacants est intervenue en septembre dernier. Ce taux est passé de 1,72 à 1,54%. C’est une première depuis 2008!
Cela dit, les logements à usage propre ne sont pas concernés par ce phénomène, puisque le taux de vacance dans ce segment se situe à 0,49%. C’est dire que les objets sont rares et cela explique la progression des prix.
Si la politique générale tend à concentrer l’habitat dans les agglomérations, l’un des effets pervers consiste dans la persistance des prix élevés, pour ne pas dire très élevés, qu’il s’agisse de logements loués ou en propriété. «Habiter en ville reste attractif, mais a un prix, littéralement. Les gens la quittent le plus souvent en raison des coûts élevés des logements», explique Martin Neff, chef économiste chez Raiffeisen.
Enfin, le grand exode rural lié à la crise du Covid «est une idée fausse» selon cet expert. Ou peut-être n’a-t-elle représenté qu’un épiphénomène temporaire.
La minute de trajet en moins pour 21 000 francs
Habiter en ville et le plus près possible de son lieu de travail a un prix. Dans l’agglomération zurichoise, chaque minute de trajet en moins entre le lieu de travail et le domicile coûte quelque 21 000 francs pour une maison individuelle et 15 500 francs pour un appartement en propriété par étage (PPE). Ces données ont été publiées par les experts de Raiffeisen sur la base des transactions.
Une telle relation entre le prix et la durée du trajet domicile-travail n’est pas forcément systématique, parce que d’autres éléments, par exemple la situation du logement – le prix n’est pas le même en bordure d’un axe de circulation ou dans une zone calme –, mais il est évident que le coût des logements, y compris dans le secteur de la location, sont très élevés.
Dans le canton de Vaud, le prix des appartements en location a, en moyenne, doublé entre 2000 et 2015. Quant aux prix des appartements en PPE, il a plus que doublé durant la même période. Habiter en ville présente certes des avantages, mais cela a un coût réel. Certains n’ont d’autre choix que celui de «penduler». • I. Ro