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L’oeil critique d’un ancien mannequin vedette

15 octobre 2015

Sainte-Croix – Mannequin vedette chez Dior, puis chez Lanvin, Geneviève de Marcy a vécu son métier avec passion. Elle porte un regard critique sur une profession qui a perdu son éthique. Une dérive qu’elle attribue aux «top models».

Geneviève de Marcy cultive l’élégance. © Michel Duperrex

Geneviève de Marcy cultive l’élégance.

Sa vie est un roman et sa présentation un hymne à l’élégance. Geneviève de Marcy a pratiqué le métier de mannequin comme une véritable vocation. Elle a été l’étoile de Dior et de Lanvin. Puis elle est descendue du podium pour construire une belle famille -elle est mère de quatre enfants-, avant d’être rattrapée par sa passion et de consacrer de très nombreuses années à la formation et à la défense des intérêts de la profession.

Mannequin est une véritable profession. A tout le moins selon les critères définis par l’ancien mannequin vedette qui déplore les dérapages. Trop nombreux aux yeux de celle qui a conservé une capacité d’indignation intacte. Car pour Geneviève de Marcy, il y a un monde entre un top model et un véritable mannequin.

«La profession de mannequin est décadente. On voit défiler des soi-disant mannequins, beaucoup trop jeunes, trop maigres et complètement inexpérimentées. Elles ne marchent pas, elles se secouent. De plus, ces jeunes mannequins sont manipulés et maltraités», assène-t-elle sans pitié. Et d’ajouter: «Pour faire vendre, il faut de la classe.»

Un brin nostalgique, l’ancien mannequin vedette évoque les grands défilés des années cinquante, «l’âge d’or de la grande couture». «A l’époque, vous aviez intérêt à avoir de la classe et une belle démarche, car c’est indémodable et cela traverse les âges», relève-t-elle. Et à l’observer, on ne peut que lui donner raison.

Pour les médias

Geneviève de Marcy situe l’origine des problèmes à la naissance des top modèles. A ses yeux, Claudia Schiffer en est le porte-drapeau éloquent. Son jugement est sans pitié: «Elle était nulle sur un podium, mais elle était photogénique. Et les médias aiment ça.»

Et d’expliquer que le père de l’étoile allemande, avocat, avait tout simplement arrosé les rédactions d’enveloppes contenant des photos de sa fille pour la pousser au rang de vedette mondiale.

Cette décadence avait déjà débuté avec Inès de la Fressange, «lancée par ce fada de Karl Lagerfeld», dont Geneviève de Marcy dit qu’il a été «un bon costumier de théâtre, mais ce n’est pas un couturier».

Déçue par la dérive de la profession, Geneviève de Marcy a renoncé aux défilés parisiens: «Je ne veux plus y aller. Je désespère et je m’énerve. J’aimerais que le public soit plus exigeant.» Son appréciation des mannequins masculins est plus positive: «J’ai assisté aux défilés du Salon du mariage à Paris. Les hommes étaient pas mal du tout. Ils avaient la silhouette bien tirée vers le haut.»

Une opportunité

Née à Juan-les-Pins, Geneviève de Marcy est entrée dans la haute couture par la petite porte. En effet, en apprenant la couture, elle a été subjuguée par le travail sur le mannequin de couturière. Et puis, engagée comme doublure, elle a eu sa chance lors de la défaillance d’un mannequin… cinq minutes avant le début du défilé.

Elle a ensuite participé à une sélection chez Christian Dior et a eu le privilège de présenter la fameuse collection «new look». Lorsqu’elle a entendu dire que chez Lanvin on voyageait beaucoup plus, elle a tenté sa chance. Et a succédé à Dominique Fournier lorsque cette dernière a épousé un certain… Jean Gabin, à qui elle a donné deux filles. Geneviève de Marcy a alors vécu son âge d’or, qu’elle évoque sans regrets.

Quarante ans de formation et placement

Une haute vue du métier

Etablie en Suisse depuis une quarantaine d’années, Geneviève de Marcy a fondé la Fédération suisse des mannequins, au travers de laquelle elle a, sans cesse, lutté pour la défense du métier, dénonçant à l’occasion les abuseurs, n’hésitant jamais à alerter les responsables politiques sur les dérives. Jusqu’à un passé récent, elle a donné des cours à Lausanne et à Genève. Lorsqu’on admire son dynamisme et son élégance, l’ancien mannequin vedette de Dior et de Lanvin révèle son secret: «L’hygiène de vie!»

Isidore Raposo