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Luc Recordon veut la peau de Chamblon

10 décembre 2013

Le conseiller aux États écologiste propose que l’on ferme la caserne nord-vaudoise pour sauver celle de Moudon. Les réactions sont vives dans la région.

L’avenir de la caserne de Chamblon semblait assurée. Certains aimeraient cependant la sacrifier au profit de celle de Moudon.

L’avenir de la caserne de Chamblon semblait assurée. Certains aimeraient cependant la sacrifier au profit de celle de Moudon.

La restructuration de l’Armée promettait de faire des vagues (La Région Nord vaudois du 27 novembre). Elle est en train de se transformer en véritable tempête dans le canton de Vaud. Dernière secousse en date, il y a deux jours, dans les colonnes du Matin Dimanche, le conseiller aux Etats écologiste Luc Recordon prenait la défense de Moudon, dont la caserne serait, selon la planification de Berne, fermée au profit de celle de Chamblon. Pour l’élu, au contraire, il serait plus judicieux de faire l’inverse, soit abandonner la place d’armes nord-vaudoise et de déplacer ses infrastructures dans la Broye, afin de «maintenir une caserne dans une région qui en a besoin.» Selon Luc Recordon, qui interpellera cette semaine le conseiller fédéral Ueli Maurer dans ce sens, cette option aurait aussi l’avantage de résoudre l’épineuse question de la place de tir de Vugelles-La Mothe, contestée dans les communes riveraines.

Mais c’est peu dire que la prise de position du sénateur vaudois a provoqué l’ire des autorités de Chamblon. «Il est légitime que Luc Recordon veuille défendre Moudon, mais pourquoi venir jouer une commune contre une autre. Nous avons autant besoin de l’Armée que Moudon», s’insurgeait hier le syndic Max Holzer.

L’homme ne comprend pas l’action de l’élu fédéral : «Il est libre de faire ce qu’il veut. Mais, pour moi, il s’agit là uniquement d’une démarche électoraliste en vue de gagner des voix dans l’arrière- pays. Mais, chez nous, c’est certain, Luc Recordon n’en gagnera aucune !» Si Max Holzer pense que la démarche de l’écologiste a peu de chance d’aboutir, il reste prudent : «Le programme de l’Armée est en consultation jusqu’à fin janvier. Rien n’est certain. Le jeu politique sera serré.»

«Proposition absurde»

L’incompréhension est également de mise chez certains des parlementaires vaudois. «Je suis énervé !», lance le conseiller national Jean-Pierre Grin, qui s’est également engagé sur le dossier.

L’UDC de Pomy ne peut accepter l’idée, également soumise par Luc Recordon, qu’un éventuel futur centre fédéral de requérants d’asile, prévu dans la caserne de Moudon, serait plus adéquat dans celle de Chamblon, proche d’une ville comme Yverdon-les-Bains. «Cette proposition, de la part d’un parlementaire vaudois, est complètement absurde», poursuit Jean-Pierre Grin. «Notre Canton fait déjà sa part avec Vallorbe et Les Rochats, deux centres d’accueil qui sont déjà positionnés dans le district Jura-Nord vaudois.»

Toutefois, dans la région, certains voient d’un bon oeil l’action de Luc Recordon. «C’est du pain béni pour nous», se réjouit Michel Jeckelmann, syndic de Vugelles-La Mothe et opposant à la place de tir, dont le destin est lié à celui de Chamblon. «Luc Recordon est au courant de notre combat. Son intervention est la preuve qu’il prend en compte les aspirations des gens de cette région.» Reste que le principal intéressé, Luc Recordon, était indisponible hier pour répondre à nos questions.

Yan Pauchard