Logo

L’UDC drague l’électorat des Verts

3 février 2020
Edition N°2675

Politique - Après sa défaite aux élections nationales d’octobre, l’UDC Vaud veut se positionner sur la question de la protection de l’environnement. Un élu local surfe déjà sur ce thème.

Malgré la perte de douze sièges par l’UDC au Conseil national en octobre 2019, peu de membres du parti étaient immédiatement enclins à avouer les raisons de cet échec. Lors du congrès de la section vaudoise, qui se tenait le lendemain du vote à Combremont-le-Grand, les agrariens étaient nombreux à expliquer le résultat décevant par les mensonges des écologistes ou l’attitude de la presse à l’égard des souverainistes. Parmi ceux qui appelaient à l’auto-critique, on retrouvait Kevin Grangier, qui pointait du doigt le faux pas de son parti sur la question écologique, une thématique peu développée par l’UDC lors de la campagne.

Désormais à la tête de la section vaudoise du parti, Kevin Grangier compte bien rattraper le retard pris sur cette question. «La population ressent un véritable problème et cela a été une erreur monumentale de ne pas avoir de discours sur ces enjeux environnementaux. On entendait certains de nos cadres parler d’hystérie climatique, alors que l’on doit rester en phase avec le peuple et le faire en proposant des solutions qui correspondent à nos valeurs souverainistes, comme la promotion de circuits courts. Aujourd’hui, on dénonce l’imposture des Verts et leur instrumentalisation de l’écologie dans le but de taxer la population.»

Une nouvelle approche de la question climatique qui semble se refléter dans le logo du centenaire de l’UDC Vaud, qui met en avant l’ancien nom du parti (Paysans, Artisans et Indépendants) et un épi de blé. «Ce logo n’a pas pour objectif d’annoncer un programme politique, pondère le nouveau président. Cela dit, il rappelle que notre attachement à l’environnement n’est pas nouveau et qu’il fait partie de notre héritage.»

Aussi au niveau local

Au niveau local également, la protection de l’environnement semble être mise en avant. Via sa page Facebook, l’UDC yverdonnoise indiquait la semaine dernière que son président, Ruben Ramchurn, s’apprête à déposer un postulat en faveur d’une offre de transports publics gratuites le samedi dans la Cité thermale durant les travaux du parking de la place d’Armes. «Une action efficace et concrète pour le climat», juge le parti. Une démarche qui est d’ailleurs saluée par Kevin Grangier.

Doit-on donc s’attendre à plus d’actions similaires de la part des agrariens locaux? «Ce n’est pas la première fois qu’une de mes propositions vise à protéger l’environnement», estime l’élu yverdonnois, qui rappelle son postulat pour l’ouverture plus tardive des commerces, une mesure qui, selon lui, permettrait de réduire le nombre de Nord-Vaudois se déplaçant à Lausanne pour faire leurs achats. De quoi imaginer une alliance avec Les Verts prochainement? «Je crois à l’écologie, mais pas n’importe comment et surtout pas en appauvrissant la population. Le monde va évoluer et on ne mourra pas, même avec quatre degrés en plus. La dictature verte voulue par certains m’inquiète davantage que ces quelques degrés.»

Cet intérêt plus visible du parti agrarien pour l’écologie ne réjouit que partiellement Les Verts. «Il faut voir dans quelle mesure il s’agit d’une véritable préoccupation ou si le but est uniquement de plaire aux électeurs», annonce dubitatif Younes Seghrouchni, coprésident de la section yverdonnoise du parti écologiste. Qui déclare ne pas se sentir inquiété par la formation agrarienne. «Protéger l’environnement n’est pas une compétition. Plus les partis qui ont cet objectif sont nombreux et mieux c’est. Mais il ne faut pas être dupe. Nombre de nos propositions ont été bloquées par l’UDC. Ils ont encore du chemin à faire pour nous rejoindre sur cette thématique.»