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Mais où était GastroVaud Nord vaudois?
@Jorge Fernandez

Mais où était GastroVaud Nord vaudois?

17 décembre 2020

Si le travail de l’association faîtière est salué à l’échelon cantonal, des restaurateurs estiment que la section locale n’est pas assez active. Le président régional, lui, regrette de ne pas avoir été sollicité.

«Ce qui se passe actuellement dans la section régionale de notre association, c’est une catastrophe! Vraiment, c’est zéro.» Michel Collaud est remonté, c’est le moins que l’on puisse dire. Restaurateur à Yverdon-les-Bains depuis près de quarante ans, il fait partie depuis longtemps de la faîtière des cafetiers-restaurateurs, GastroVaud. Mais durant cette période de crise, le patron du Restaurant de la Plage ne se sent pas soutenu, du moins pas au niveau régional. Car si le travail de Gilles Meystre, – très actif député et président de la branche cantonale de l’association – est unanimement salué, ce n’est pas le cas de celui de Dominique Bovet, président de la section Jura – Nord vaudois de GastroVaud.

Il faut dire que ce dernier n’arrive pas dans les meilleures conditions à son poste. En place depuis septembre dernier seulement, il n’a pas encore pu rencontrer les autres restaurateurs lors d’une assemblée générale.

Et pourtant, l’occasion aurait été belle de faire plus ample connaissance avec les patrons qu’il représente au sein de GastroVaud, le 28 novembre dernier. En effet, ce samedi matin-là, les restaurateurs yverdonnois s’étaient réunis sur la place Pestalozzi pour clamer leur inquiétude face aux mesures sanitaires. Une manifestation organisée non pas par GastroVaud, mais par quatre restauratrices de la ville. L’absence de Dominique Bovet y a justement été très remarquée. «Le travail effectué par ces quatre femmes aurait dû être celui du président de la section locale de GastroVaud, insiste Jean-Gustave Criblet, ancien président et président d’honneur de la section régionale de l’association. Il aurait dû se rendre au centre-ville et les soutenir à 200%! Surtout, être le relais entre les restaurateurs et les autorités politiques.»

Alors pourquoi Dominique Bovet ne s’est-il pas rendu à la manifestation du 28 novembre dernier? S’il ne souhaite pas s’épancher dans la presse, estimant que ces problèmes peuvent se régler en privé, le nouveau président a tout de même accepté de répondre aux principaux reproches qui lui sont adressés. «Tout d’abord, je tiens à préciser que je salue l’initiative des quatre restauratrices. Cependant, je n’ai jamais été mis au courant de la tenue de cet événement. Si on m’en avait informé, j’aurais pu m’y rendre. D’ailleurs, personne ne m’a contacté pour me faire part de ces reproches. Mais j’en prends note et si un membre de la section a besoin de moi, je suis toujours disponible par téléphone. Car il ne faut pas oublier que nous sommes tous dans le même bateau. Or quand il y a un problème, certains crient alors que d’autres sont plus discrets.»

Un discours repris par le président de la section cantonale, Gilles Meystre. «Ce n’est vraiment pas le moment de se tirer dans les pattes. Au contraire, la branche doit être solidaire. D’ailleurs, la démarche entreprise par les quatre restauratrices est complémentaire au travail de GastroVaud.»

De nombreux restaurateurs déplorent toutefois un manque d’implication de la part de la section régionale, alors que la période est critique. «Lorsqu’on a lancé notre groupe WhatsApp de solidarité entre restaurateurs, beaucoup de personnes nous ont dit que ça manquait, confie Barbara Rao, patronne de L’Impro, et l’une des quatre femmes ayant organisé la manifestation de soutien aux restaurateurs. Mais nous n’avons pas du tout lancé ce mouvement dans l’optique de nous substituer à GastroVaud. Personnellement, je ne suis pas membre de l’association et je n’y ai donc pas pensé au moment d’organiser notre manifestation.»

Cette initiative, largement saluée, pose donc la question du rôle du président. «C’est au président de se bouger, estime Michel Collaud. Il ne semble pas s’impliquer alors qu’on vit la plus grande crise dans notre milieu depuis des dizaines d’années. Avant, ce n’était pas le cas.»

Il faut dire que la région a connu des présidents très actifs et volubiles, comme le regretté Francis Bavaud, et appréciés des restaurateurs du coin. C’est par exemple le cas d’Elisabeth Basset, patronne du Csarda. Mais cette dernière tient à mettre les faits en perspective, la section s’étandant désormais à tout le district et plus uniquement Yverdon et alentours: «Le Jura – Nord vaudois est un grand district, difficile à gérer. Et de toute façon, s’il y a une faute, elle n’est pas uniquement du président. Il a tout un comité avec lui.» Et Gilles Meystre de conclure: «Le problème actuellement est surtout cantonal et fédéral, pas régional. Mais quand les choses vont mal, on cherche toujours des coupables.»

Massimo Greco