Grandson – Après plus de 35 années passées au Service des travaux de la Commune, Lucien Jomini s’apprête à lever le pied. Il prendra sa retraite d’ici la fin de l’année. Rencontre avec un personnage attachant.
Vêtu de son gilet de travail orange, le bras tatoué d’un dragon -souvenir d’un périple à moto qui l’a mené jusqu’à Hambourg-, Lucien Jomini, 63 ans, ne passe pas inaperçu dans le bourg de Grandson.
Il faut dire qu’après plus de trois décennies passées, entre autres, à jardiner, à déblayer la neige, à exploiter le réseau d’eau et à assurer la conciergerie, le chef du Service des travaux de la Cité d’Othon, qui prendra sa retraite à la fin de l’année, est une figure appréciée des Bocans.
«J’ai été engagé en 1982 comme employé communal, se souvient Lucien Jomini, qui avait débuté sa formation par un apprentissage en tant qu’agent d’exploitation aux CFF. Et puis, petit à petit, j’ai gravi les échelons.» En 1990, il prend la tête du Service des travaux et obtient, une décennie plus tard, le Brevet fédéral de fontainier. «C’était une première en Suisse, se rappelle-t-il avec émotion, en regardant son diplôme accroché au mur de son bureau (situé à proximité du collège de Borné-Nau). Dès ce moment- là, j’ai acquis les compétences requises pour prendre en charge l’exploitation, l’entretien et la surveillance des eaux communales.»
Vers plus d’administratif
Au fil du temps, les tâches de Lucien Jomini ont évolué. «Je passe plus de mon temps assis devant mon ordinateur qu’à l’extérieur», explique-t-il. Car, le Service des travaux s’est de plus en plus professionnalisé et il compte une quinzaine d’employés, dont un apprenti. «Aujourd’hui, il faut tout noter, alors qu’à l’époque, on n’avait pas de plan, mais on savait où se trouvaient les conduites d’eau et ce n’était pas plus compliqué que cela.»
«Une habitante furax m’a téléphoné pour me dire qu’elle se trouvait sous la douche, couverte de savon.» Lucien Jomini, chef du Service des travaux
Des anecdotes ? Le Payernois d’origine pourrait en raconter pendant des heures. «Un matin, alors qu’il y avait une fuite d’eau, j’ai dû fermer les vannes, se rappelle-t-il. Une habitante furax m’a téléphoné pour me dire qu’elle se trouvait sous la douche couverte de savon. Mais je ne pouvais malheureusement rien faire pour elle (rires). Avec les fuites d’eau, on retire toujours quelque chose de positif ou de négatif.»
Parfois, il lui est arrivé de déplorer le manque de compréhension de certains habitants. En hiver, à chaque fois que la neige tombe, il fait face à la mauvaise humeur des riverains. Un jour, alors qu’il n’avait pas encore déblayé la neige, un Grandsonnois lui a lancé : «Vous croyez que je paie des impôts pour quoi ?» «Certaines personnes croient que tout leur est dû, et c’est bien triste», confie-t-il d’un haussement d’épaule. Parfois, les gens se croient simplement tout permis.»
Un bourg en évolution
Et si on lui demande quel chantier grandsonnois l’a marqué, l’homme déclare : «La rue Haute, à coup sûr. J’ai assisté à toutes les étapes du projet, qui se sont étendues sur plus de trente années. C’était long.» Cependant, il n’est pas certain qu’il verra s’achever la fin d’un autre projet ambitieux : la fameuse place du Château. «D’ici à la fin de l’année, c’est court pour que ce projet aboutisse», ironise-t-il.
Le chef du Service des travaux note, toutefois, qu’il a développé, durant ces trois décennies, des bonnes relations avec la Municipalité, basées sur la confiance et le dialogue. «Mis à part une syndique, avec laquelle je ne m’entendais pas du tout, j’ai toujours entretenu de bons rapports avec l’Exécutif. Par ailleurs, le secrétaire municipal s’intéresse au travail de mon équipe. Il est à l’écoute. C’est plus agréable pour collaborer et cela permet de faire avancer les choses.»
Sur les sommets
Et sa retraite, comment l’appréhende- t-il ? «Je vais déménager à Maligues, en Valais (ndlr : en patois «Maliwe» signifie mauvaise eau, comme quoi cet endroit lui était prédestiné). J’ai toujours apprécié le contact avec les gens. J’ai, d’ailleurs, présidé les sociétés locales de Grandson durant de longues années, ainsi que de la société de tir de l’Arnon-Fiez. Je n’ai pas l’intention de m’ennuyer et je compte bien profiter de ma nouvelle vie de retraité», confie ce grand-père de quatre petits-enfants. Par ailleurs, l’homme voue une passion pour la moto et pour les randonnées en montagne. «J’aimerais rattraper les 10 000 kilomètres de marche qu’il me manque au compteur, révèle-t-il. Même si je quitte Grandson à la fin de l’année, ce sera toujours un grand plaisir d’y revenir.»