Logo
«Mes objectifs sont devant moi»
Le sauteur de La Sarraz s’entraîne à Macolin en ce moment. Le vol, ça ne se perd pas. DR

«Mes objectifs sont devant moi»

27 février 2021

Blessé depuis sa chute aux Championnats de Suisse en octobre dernier, Killian Peier va suivre les Mondiaux d’Oberstdorf depuis son canapé. Le Sarrazin du Ski-Club Vallée de Joux avait décroché la médaille de bronze au petit tremplin des Championnats du monde 2019 de Seefeld,

Killian Peier, dans quel état d’esprit allez-vous suivre ces Championnats du monde?

Je me réjouis de voir de magnifiques sauts, qui me donneront parfois la chair de poule, qu’ils soient réalisés par des Suisses ou des sauteurs d’autres nations. C’est ça qui me plaît, qui me donne l’énergie de me battre tous les jours pour pouvoir montrer, la saison suivante, de quoi je suis capable.

Êtes-vous déçu de ne pas pouvoir défendre votre médaille obtenue il y a deux ans?

Ce n’est en tout cas pas une aussi grosse déception que lors de ma chute d’il y a pile quatre mois. À cet instant, je me suis rendu compte que tout le travail effectué durant l’été était parti en l’air. Peut-être en aurait-il été différemment si j’avais été sacré champion du monde il y a deux ans, car j’aurais alors dû porter un dossard particulier et j’aurais dû le défendre, tandis qu’avec une 3e place, il n’y a pas de différence majeure.

On imagine tout de même que le début de ces Mondiaux doit raviver des souvenirs.

Bien sûr, car depuis ceux de Val di Fiemme, en 2013, j’ai participé à tous les Championnats du monde. Ceux de Falun, ceux de Lahti et ceux de Seefeld. Cette fois, à Oberstdorf, cela aurait été mes cinquièmes. Cela dit, à propos du fait de ne pas me retrouver sur place, je me suis fait à ma situation actuelle et, en ce sens, je n’ai pas l’impression de louper quelque chose. Mes objectifs sont devant moi, je n’ai pas les Mondiaux en vue. Je me réjouis que mes collègues y soient, je vais regarder les compétitions et j’espère que j’aurais de belles surprises.

Une grosse performance suisse, c’est possible?

Un top 10, voire même un top 6 est possible, et c’est toujours bon à prendre, même si bien sûr tout le monde rêve de médaille. Tout peut arriver lors de Mondiaux, mais restons néanmoins réalistes: il y a tellement de facteurs qui entrent en jeu. Je ne crois pas qu’il faut se fixer un objectif de résultat, mais plutôt de performance, et les Suisses sont dans cette optique-là.

Vous arrive-t-il de repenser à vos exploits de Seefeld, ces temps-ci?

Pas beaucoup. Comme je l’ai dit, j’ai accepté ma situation, et je me concentre sur ce que je dois faire pour ma rééducation. Alors, bien sûr, quand je vois les photos des collègues aux Mondiaux, j’y pense, mais il s’agit d’une pensée passive, pas active. C’est parce que je les vois que j’y pense, mais pas parce que j’ai envie d’y penser.

Comment se déroule votre rééducation?

Ça se passe bien. En ce moment, je me trouve à Macolin, où je travaille de manière intensive et optimale. J’y ai déjà passé en tout début d’année, là je suis dans la deuxième semaine et je serai encore là la prochaine, puis je reviendrai de nouveau pour trois autres semaines courant mars.

Qu’est-ce que cela vous apporte d’être à Macolin?

Je bénéficie d’un suivi très proche, avec des séances de physio une fois par jour, en plus des entraînements.

Et à quoi en êtes-vous, vous qui aviez été touché à un genou et avez dû être opéré?

J’ai de l’entraînement physique, qui se rapproche de ce que je faisais auparavant, avec du travail des jambes. Je fais même quelques petits sauts depuis une semaine et demie. J’ai également des séances de stabilité et de coordination et, enfin, quelques sessions où je commence à courir sur un engin qui me permet de réduire mon poids, et donc la pression sur mon genou, qui se réhabitue ainsi au mouvement.

La guérison se passe bien…

Tout est dans le vert. Les physios sont contents de l’évolution de ma blessure. Le genou est de moins en moins enfle, les muscles reprennent gentiment leur forme.

Quand pensez-vous que vous pourrez remonter sur un tremplin?

Par principe, je ne me suis pas fixé de date. Je veux d’abord voir comment cela se passe, ne pas forcer. Je peux raisonnablement imaginer que sauter sera possible à la fin août, mais rien n’est sûr. Je vais vraiment faire en fonction de l’évolution des choses.

Les voyages sur le circuit vous manquent-ils?

Pas tellement le fait d’être dans les avions ou les bus. C’est surtout le fait d’être avec les autres et sur les compétitions qui me manque. Avoir ces sensations fortes lors des concours, me retrouver dans cette famille du saut à skis.

Manuel Gremion