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«Mes votes sont publics, je les assume»
(KEYSTONE/Jean-Christophe Bott)

«Mes votes sont publics, je les assume»

4 avril 2022

Michaël Buffat (42 ans) se confie à La Région, à quelques jours du grand verdict. Le candidat de l’Alliance de droite se dit «touché par les attaques», notamment l’étiquette de blochérien dont la gauche veut l’affubler. Il répond.

Sixième du premier tour de l’élection au Conseil d’Etat, le candidat UDC de Vuarrens semble serein à la veille d’attaquer la dernière semaine de la campagne. Il a reçu La Région vendredi pour évoquer cette dernière ligne droite.

On vous sent en pleine forme ce matin. Mener une telle campagne en parallèle de son travail et de sa vie de famille doit pourtant être éprouvant, non?

C’est à la fois prenant et passionnant! Surtout qu’à l’Alliance vaudoise, nous avons décidé de battre campagne sur le terrain en allant au maximum à la rencontre de la population. Et le canton de Vaud est grand (rires)! On passe d’Avenches à Nyon, à Bex… C’est éprouvant, votre terme est bien choisi, mais c’est surtout enrichissant de pouvoir rencontrer les citoyens de ce canton.

Si vous êtes élu, vous devrez enchaîner avec la vie de conseiller d’Etat, dont Philippe Leuba vient de dire qu’elle ne laissait pas un après-midi de répit. Sincèrement, ça vous fait envie?

C’est quelque chose qui ne me fait pas peur! Avant d’être candidat, j’en ai parlé avec mon épouse et mes enfants. On en a parlé ouvertement en famille, bien sûr, et c’est une décision commune avec mon épouse. J’ai envie d’apporter mes compétences à mon canton.

Et vous devrez quitter votre métier, en démissionnant quasiment immédiatement. Cette incertitude professionnelle doit être déstabilisante, non?

Allons étape par étape. Si le peuple vaudois devait m’élire dimanche, les choses se feront naturellement. C’est la même chose pour chaque nouvel élu, finalement.

Lorsque vous allez à la rencontre des gens, d’Avenches à Bex, que vous disent-ils?

Je sens une population à la fois préoccupée par la politique de gauche et enthousiasmée par notre alliance de centre-droite. Et je sens que l’Alliance vaudoise est très bien perçue. Les gens voient notre sincérité, ils comprennent où nous voulons aller et pourquoi la majorité doit bouger au Conseil d’Etat.

Un exemple?

La fiscalité étouffante. Evidemment, ce thème touche tout le monde, il est concret, il influence le revenu disponible de chaque citoyenne et de chaque citoyen. Notre canton taxe aujourd’hui bien plus sa population que d’autres. Il faut que cela change et il faut que ce canton reste concurrentiel pour attirer des entreprises, créer des emplois. On doit soulager les gens de la pression fiscale qu’ils subissent.

Cesla Amarelle vous a désigné comme étant un «blochérien», un terme qu’elle a assumé par la suite. Votre réaction?

Ca ne veut rien dire du tout. Je ne suis pas blochérien, je suis Michaël Buffat, un enfant de la campagne vaudoise qui défend ses idées, pour son canton. Ce genre d’attaques en dit bien plus sur la personne qui les profère que sur celle qui les subit. Je n’ai pas envie de m’abaisser à des attaques personnelles. On est là pour défendre des idées, une vision politique.

Mais vous êtes membre de l’UDC, comme l’est Christoph Blocher, non? Qu’est-ce qui vous gêne là-dedans?

De dire que quelqu’un est blochérien, c’est lui donner une connotation négative. Je suis membre de l’UDC et ça s’arrête là. Quand on n’a plus d’argument, on étiquette et on insulte. Si une conseillère d’Etat veut s’abaisser à ce niveau, c’est triste pour elle, pas pour moi.

Se dire patriote, c’est un gros mot aujourd’hui?

Non. J’aime mon pays, j’aime mon canton, j’ai envie que les deux avancent pour être prospère.

Question directe: croyez-vous que l’intégration des étrangers est une richesse pour le canton de Vaud?

Je crois à l’ouverture, dans le respect de ce qui fait la force de notre pays: son indépendance, son autonomie, son fédéralisme. Tout cela peut être conjugué avec l’intégration et la volonté de faire avancer le canton.

Vos adversaires disent que vous êtes le conseiller national qui vote le plus à droite…

Ca non plus, ça ne veut rien dire. Je suis même moins à droite que Mme Amarelle était à gauche quand elle siégeait à Berne. Je vote en fonction de mes convictions, les votes sont publics, je les assume.

Ces attaques, elles vous touchent?

Ca fait un moment que je fais de la politique, je ne peux plus être surpris… Je préférerais qu’on m’attaque sur la baisse d’impôts que je réclame! Amenez-moi des arguments, qu’on débatte.

Comment convaincre la population vaudoise que Michaël Buffat a la stature d’un homme d’Etat?

L’expérience politique, je l’ai et je l’ai testée à tous les échelons. D’abord à la commune, puis au niveau du Grand Conseil, où j’ai été président du groupe parlementaire et président de la commission des finances. Et maintenant au Conseil national, où je suis vice-président du groupe. ça, c’est pour la politique. Côté travail, je suis en train de terminer un CAS en gestion de finances publiques à l’Université de Neuchâtel et je dirige une agence bancaire depuis quinze ans. Il me semble que ce sont des capacités suffisantes pour diriger un département.

Si votre sens du consensus pouvait être remis en question par vos adversaires, vous prouvez durant cette campagne qu’il est une réalité, notamment en ayant établi un programme commun avec le PLR et le Centre, non?

Bien sûr. On s’est mis autour de la table. Comme on le fera au Conseil d’Etat si je suis élu. C’est ce qu’attend la population, cette capacité à discuter, à trouver des solutions. Je l’incarne, je l’ai prouvé. Je vous remercie de l’avoir relevé.

La campagne électorale française, la suivez-vous de près? Avez-vous un ou une candidate préférée?

Je n’ai pas spécialement suivi… J’ai fait le smartvote français, je suis tombé sur Valérie Pécresse. Mais vous savez, je n’ai pas eu trop le temps d’y penser: depuis trois mois, je suis le nez dans la campagne électorale vaudoise et ça me prend mes journées et une bonne partie de mes soirées.

Tim Guillemin