Le dernier roman de l’écrivain Gilles de Montmollin, En plein brouillard, embarque le lecteur dans une enquête trépidante. Mystère et meurtres en série sont au coeur de ce polar à suspense dont l’action se déroule en 2018 dans le Nord vaudois.
Un voilier émerge du brouillard dense qui enserre les eaux calmes du lac de Neuchâtel en ce lundi 22 octobre. Sans capitaine à bord, il erre, solitaire. Jason, moniteur de voile, également de sortie ce jour-là, vient à sa rencontre. Ce bateau fantôme, il le connaît: c’est celui de son amie Nadège. Accident ou acte prémédité? Sa disparation entraîne Jason dans une quête de la vérité qui mettra en lumière, une fois le brouillard dissipé, les affres de la nature humaine.
Gilles de Montmollin signe ici son onzième livre, un vrai polar, dans lequel figure un thème cher à son cœur: la navigation. Si l’action se situe en grande partie sur le lac, elle est également bien ancrée dans sa région, puisqu’on y retrouve avec plaisir des lieux connus du Nord vaudois, tels que le port d’Yvonand et son restaurant Le Colvert, la Thièle à Yverdon, le Kalaya Lounge Bar ou encore le Bar du Coq, aussi à Yverdon, en passant par le village de Concise ou la Grande Cariçaie.
Une écriture efficace, rythmée et sobre, plonge le lecteur dans un scénario dont le dénouement ne se livre qu’à la dernière page.
Que le lecteur vive l’action, tel un film qui se déroule devant ses yeux, voilà le défi que se lance Gilles de Montmollin lorsqu’il écrit un livre. Il revient pour La Région sur la construction du scénario d’En plein brouillard, le choix des thèmes qui gravitent autour de l’action principale, ainsi que de son héros Jason, un homme ordinaire confronté à des situations extraordinaires.
Pourquoi situer ce roman dans votre région? Est-ce un retour aux sources?
D’une part, ma région est très peu présente dans mes autres romans et j’avais envie de parler d’elle. D’autre part, si je situe une action au XXIe siècle, la placer dans des lieux que je fréquente me permet d’exprimer une forme de critique sociale, de faire des observations. C’est plus compliqué lorsque le scénario se situe dans un espace-temps différent de celui que je connais.
Quels sont les lieux clés de l’histoire? Qu’est-ce qui a dicté vos choix?
Il y a la Thièle à Yverdon, c’est l’endroit d’où je pars lorsque je vais ramer. Il s’agit également d’un élément emblématique de la ville, comme toute rivière qui traverse une cité. C’est le point de rencontre entre le lac et la ville. Puis, le port d’Yvonand: là où je navigue à voile et où mon héros travaille; la terrasse du restaurant Le Colvert, où je bois un café de temps en temps. Les deux bars d’Yverdon cités dans le livre sont des lieux que je connais et le scénario imposait que les personnages puissent arriver en voiture, ce qui est possible pour le Bar du Coq et le Kalaya Lounge Bar. Mes personnages vivent dans des villages qui correspondent à leur style de vie, que ce soit Cheseaux-Noréaz ou Concise. Je sélectionne attentivement les lieux où se déroule l’action, notamment les paysages qui sont très importants. La fin du livre se situe en Valais, dans un lieu que je connais bien et dont j’apprécie la nature sauvage.
L’action se situe en automne, une saison au cours de laquelle la météo peut être capricieuse. Est-ce que vous souhaitiez créer une atmosphère sombre telle qu’on peut la retrouver dans les polars nordiques? Est-ce un genre qui vous inspire?
Les romans nordiques sont très lents dans leur rythme et sont composés de longues descriptions avec peu de dialogues. Le monde qu’ils présentent est souvent assez déprimant, l’inspecteur chargé de l’enquête est généralement à tendance dépressive. Personnellement, je n’ai pas du tout envie de me mettre dans la peau de quelqu’un de dépressif. Je passe environ une année à écrire un roman, je vis dans la peau de mon héros. Alors s’il est triste, cela va être dur à vivre pour moi! D’autant plus que je n’aime pas les choses trop sombres dans la vie. Bien sûr, il y a des morts dans mes livres, mais ce sont des crimes propres. Il n’y a pas de sadisme.
Justement, comment décririez-vous Jason, le héros d’En plein brouillard? Un personnage qui semble ordinaire mais qui porte le nom d’un héros grec, n’est-ce pas?
Jason est moniteur de voile, une activité que je connais et qui me permet de me mettre dans sa peau et de rendre le personnage crédible. Mon but était de prendre un individu moyen et de le confronter à un problème, de l’amener à mener l’enquête. Son prénom est typique des années 90, période où il est né, mais fait également référence à la quête menée par le héros de l’antiquité. Notre Jason est à la recherche de la vérité mais également du sens de la vie.
Puisque vous parlez du sens de la vie, quelles sont les autres thémes présents dans le livre?
Mon héros vit de manière assez frugale, un style de vie que je mets en opposition avec celui de ses amis pour qui l’acquisition de biens matériels est une manière de se réaliser. On voudrait tous réussir notre vie mais comment cela se définit-il? Où doit-on chercher le bonheur? J’aurais également pu placer l’action en automne 2019, marqué par le mouvement lancé par Greta Thunberg pour le climat. Je souhaite faire réfléchir le lecteur à notre mode de vie et aux ressources que nous consommons. Je ne propose pas pour autant de solutions.
Votre écriture a-t-elle évolué depuis votre premier roman?
J’ai appris à être plus sobre dans mes descriptions, à être le plus bref possible tout en faisant vivre la scène, bien que parfois l’utilisation du vocabulaire maritime rende la chose compliquée. Je souhaite que le lecteur vive l’action. Je n’essaie pas de raconter l’histoire mais de la faire vivre. Idéalement, j’aimerais que mes histoires puissent se passer de mots.
Et votre prochain livre? Un indice?
L’action pourrait se dérouler de nouveau dans le Nord vaudois mais sous un autre angle. Pour le reste, suspense!
L’auteur
Né en 1954 à Auvernier (NE), Gilles de Montmollin découvre la voile durant son enfance. Après des études de géographie et d’urbanisme, il se réoriente vers le marketing et la gestion d’entreprise, avant de devenir secrétaire général adjoint d’un département de l’Etat de Vaud. Il y a 14 ans, il se lance dans l’aventure de l’écriture et publie son premier roman. Et en 2015, il prend une retraite anticipée pour se consacrer à cette passion.
Vivant depuis une quarantaine d’années à Yverdon, il a deux enfants et deux petits-enfants, dont le dernier est né il y a tout juste un mois! Passionné de navigation, il est membre d’un club de voile à Yvonand et s’adonne aussi régulièrement à l’aviron à Yverdon.
INFOS PRATIQUES
Pour en savoir plus:
gilles-demontmollin.com
Gilles de Montmollin dédicacera ses romans le samedi 19 juin, de 10h30 à 12h30, à la librairie Payot d’Yverdon.