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Moins six points: YS a brûlé son joker

30 août 2018
Edition N°2321

A cause d’erreurs commises en coulisses, Yverdon Sport va se voir retirer le fruit de ses victoires face à Sion II et Münsingen. Une grosse désillusion pour une équipe qui fait actuellement tout juste sur le terrain. Des mesures ont été prises pour que cela ne se reproduise pas.

C’est le regard bas et la mine déconfite que les joueurs d’Yverdon Sport ont participé à l’entraînement de mardi soir. Accompagné du directeur technique de la première équipe, Serge Duperret, le président Mario Di Pietrantonio est venu annoncer la nouvelle à l’ensemble du groupe, staff compris, avant que tout le monde ne s’attelle aux exercices prévus. Et celle-ci est des plus regrettables: YS va être dépossédé des six points acquis lors de ses victoires contre Sion II et Münsingen. Conséquence, la troupe d’Anthony Braizat va abandonner sa deuxième place, à égalité de points avec le leader Stade-Lausanne-Ouchy, pour se retrouver en milieu de classement. Une immense désillusion pour un club qui vise la promotion en Challenge League au sein d’une troisième division très disputée.

Joueurs «HTP» et feuilles de match

En cause, deux erreurs commises hors du terrain. Face à la réserve sédunoise, pour la reprise, Yverdon Sport a aligné six joueurs «non formés localement», alors que le règlement stipule de ne pas dépasser cinq. Cette règle, Yverdon la connaissait. La subtilité est venue du «cas» Raphaël Gherardi, joueur français arrivé cet été au Stade Municipal: «On a tout fait pour qu’il obtienne son passeport suisse – Gherardi possède des aïeuls helvétiques – avant le début du championnat et on y est parvenus, explique Mario Di Pietrantonio. On pensait donc pouvoir l’aligner sans restriction, mais ce privilège est réservé aux footballeurs qui ont passé au moins 36 mois de leur formation de joueur, entre 15 et 21 ans, en Suisse.» Une subtilité – en effet, un joueur Suisse n’est pas forcément un «HTP» (la contraction anglaise de «joueur formé localement»), – qui a échappé aux Yverdonnois.

Contre Münsingen, il y a une semaine, la faute est également d’ordre administrative. Le club a modifié et réimprimé les feuilles de match durant l’après-midi. Problème: avant d’être distribuées aux arbitres, celles-ci ont été mélangées avec les anciennes, et les hommes en noir se sont retrouvés avec la version initiale en poche. Cela n’a pas échappé aux Bernois, qui ont déposé protêt après la rencontre (remportée 2-1 par YS, en vain).

Recours inutile

Le club dispose à présent d’un délai de huit jours pour faire recours contre ces deux décisions. «Après en avoir longuement parlé avec des avocats, il ressort de nos discussions que cela serait inutile. On n’a presque aucune chance de récupérer ces points, regrette le boss du club. Des erreurs graves ont été commises à plusieurs niveaux. J’en assume la responsabilité.»

Conséquences internes

Des faits qui ont poussé Mario Di Pietrantonio à prendre des mesures concernant l’organisation interne du club. «Une restructuration est en train d’être opérée. Les responsabilités vont être redistribuées au niveau organisationnel. On parle de fautes qui peuvent avoir d’énormes conséquences, je ne peux pas tolérer ça. Yverdon Sport, c’est ma vie. Je m’implique jour et nuit pour ce club. Depuis le début de la semaine, je ne ferme même plus l’œil de la nuit», confie, affecté, l’homme fort d’YS.

La pilule peine aussi à passer chez les joueurs. Depuis le début de la saison, les Yverdonnois montrent l’attitude et obtiennent les résultats qu’on attend d’un prétendant à la promotion. Il faut le dire: à de rares exceptions, les hommes d’Anthony Braizat font tout juste le terrain. «C’est pour ça que je n’ai absolument pas perdu espoir, reprend le président. J’ai une totale confiance en l’équipe. A présent, je veux transmettre aux joueurs tout le positivisme possible. Il reste 75 points en jeu, il n’y a aucune raison de tirer une croix sur la première place. D’ailleurs, heureusement que cet épisode arrive maintenant plutôt qu’en mai prochain.»

YS peut tout de même remercier la providence. Lors de la victoire 2-0 de son équipe face à Zurich II,  Anthony Braizat a demandé à son buteur Cristian Bud d’aller se chauffer à une demi-heure du terme. L’entraîneur aurait tout à fait pu décider de lancer le Roumain sur le terrain lors des derniers instants, histoire de gagner quelques secondes, ce qui n’a finalement pas été le cas. Cela aurait fait passer le nombre de joueurs non formés localement à six… et donc fait perdre trois points supplémentaires à Yverdon. C’est ce qu’on appelle avoir de la chance dans son malheur.

 

Une aubaine pour les deux «Stade»

La saison dernière, Kriens avait obtenu sa promotion avec 69 points. Malgré ses six unités perdues, Yverdon Sport peut encore en obtenir 82, soit plus qu’assez pour imiter les Lucernois. Reste que cet épisode représente une aubaine pour Stade-Lausanne-Ouchy et le Stade Nyonnais, les deux principaux contradicteurs des Nord-Vaudois. A priori les moins bien armés des trois, les Lausannois baignent depuis mars dernier en pleine euphorie, et cet état de confiance fait du SLO un véritable danger. Sans compter que le club s’est encore attaché les services de l’ancien buteur bavoisan Qendrim Makshana. L’effectif des Nyonnais est encore plus impressionnant. L’équipe de la Côte, deuxième l’an passé, est parvenue à garder ses meilleurs éléments, tout en se renforçant avec des joueurs venus de plus haut. Définitivement, YS a brûlé son joker.