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«Mon père a toujours eu quatre coups d’avance»
Frédy et Fanny Stoll. © Michel Duperrex

«Mon père a toujours eu quatre coups d’avance»

11 novembre 2021

Fanny Stoll dirige désormais l’entreprise familiale, qui fête ses quarante ans cette année. La belle histoire continue et Frédy Stoll, visionnaire génial, n’est pas bien loin.

«Rester chez moi et prendre ma retraite? Et je fais quoi? Je regarde le plafond?» Trois phrases qui résument un homme et qui symbolisent une vie passée à avancer et à créer, toujours.
Ainsi est Frédy Stoll, l’homme qui a fondé sa société à 23 ans, et n’a cessé de la faire évoluer au gré des années, des opportunités, de ses idées et de ses envies. Impossible d’enfermer cet homme dans une cage: il en brise aussi sec les barreaux et s’échappe.

«Depuis toute petite, je le vois dessiner, créer, imaginer. Il a une capacité d’invention gigantesque, instoppable», image sa fille, Fanny, qui est active dans la société (dont le nom officiel est Stoll Stores et Bâches SA) depuis huit ans, et en est désormais la directrice, ou codirectrice avec son père. «Nous avons des tâches différentes et nous n’empiétons pas sur le territoire de l’autre, si j’ose dire», explique la patronne, qui vient d’un tout autre domaine, mais a appris, au fil des années, à maîtriser les différentes subtilités d’un monde où elle se sent à l’aise.

«Officiellement, je suis la directrice. Mais officieusement, il est toujours là. Je ne lui ai pas encore retiré la signature (rires). Succéder à son père et reprendre l’entreprise, c’est une fierté, oui, mais c’est une grande responsabilité également. Je la ressens tous les jours. C’est une chose d’être fière, mais l’important c’est aussi que lui soit fier de moi… Il a fondé la société en 1981 et mon rôle est d’en accompagner le développement. Bon, un de mes rôles aussi, c’est de freiner mon père (rires). Il faut le cadrer des fois, sinon ça part dans tous les sens! En fait, le plus important, c’est de lui laisser un espace de liberté pour qu’il puisse continuer à créer, à rêver, à imaginer le monde de demain. Dans une société comme la nôtre, on ne peut bien sûr pas se payer un secteur Recherche et Développement. Donc le R&D, c’est mon père!» plaisante (à moitié) Fanny Stoll.

«On a la même vision, elle et moi. Quand il y a une décision à prendre, c’est fait en deux minutes. On sait où on doit investir, on sait ce qu’on veut faire. Il y a un grand rapport de confiance entre Fanny et moi. Elle gère sa partie, c’est à dire les finances, les RH, l’administration… Je n’ai pas besoin de savoir ce qu’elle fait, comme elle n’a pas besoin de savoir précisément ce que je gère au cœur de mes chantiers compliqués», confirme le patriarche, qui a débuté en 1981, principalement en tant que garnisseur en carrosserie. «Mais ce n’était pas assez industriel. J’ai commencé à dessiner des profils et après je me suis attaqué aux campings. Et de là, on n’a pas arrêté…»

Une visite de l’atelier suffit pour s’en convaincre: la petite société («Au début, on était deux») a bien évolué (une vingtaine d’employés y sont actifs aujourd’hui, plus ou moins suivant les saisons), les locaux se sont agrandis, mais l’esprit est resté le même.

«On fait tout de A à Z, de la visite chez le client à la facture finale, en passant par la conception de la pièce, son dessin, sa construction et la pose», détaille Frédy Stoll, qui apprécie le côté «ingéniérie», mais aussi la vente. Homme de contact, il aime souligner qu’il peut se rendre n’importe où en Suisse romande (et même un peu en Suisse alémanique) et y rencontrer quelqu’un de connu!

«Et puis, il y a un sentiment qui me plaît, c’est de me rendre chez un client, d’écouter ses besoins, d’imaginer la solution, de la lui présenter et d’obtenir son accord. C’est vraiment une sensation sympa, on crée du concret!» enchaîne ce véritable passionné, qui a fait sienne la fameuse maxime: «Je n’ai jamais travaillé un seul jour de ma vie, j’ai pratiqué mon hobby.» Ce qu’il entend donc bien continuer de faire encore quelques années, même en prenant du temps pour lui et en garantissant un certain «équilibre» entre ses différentes occupations.
«Mais moi de toute façon, je n’ai pas envie qu’il arrête! La situation actuelle est confortable pour les deux, on peut s’appuyer l’un sur l’autre. Etre deux, c’est une richesse énorme», enchaîne Fanny Stoll, admirative de l’œuvre de son père, l’œuvre d’une vie, et déterminée à tout faire pour lui faire affronter les défis de demain.

 

Frédy Stoll: «On a bien dû former cinquante apprentis depuis le début de l’aventure en 1981»

 

Certaines entreprises aiment dire qu’elles accompagnent les jeunes et les forment. D’autres le font. Et Stoll SA fait incontestablement partie de la deuxième catégorie.

«Depuis 1981, on a bien dû former cinquante apprentis», estime Frédy Stoll. «Peut-être même plus», surenchérit sa fille, qui en recense deux à trois par année.

«Un chef d’entreprise qui n’a pas envie de former, il rate quelque chose. Transmettre le savoir à d’autres, c’est important», enchaîne le fondateur de la société, qui détaille qu’au début, il formait surtout des garnisseurs en carrosserie. Ensuite sont arrivés les employés de commerce, puis les storistes, deux métiers qui sont toujours d’actualité aujourd’hui chez Stoll SA bien sûr.
«Storiste, c’est un métier qui est complexe, raconte Fanny Stoll. Les jeunes apprennent la façade du bâtiment, l’étanchéité, comment fixer un store, l’isolation, le branchement électrique, la motorisation, la programmation… La domotique aussi, bien sûr, qui prend de plus en plus d’importance. Le storiste qui finit son apprentissage a un bon bagage et je dirais même que trois ans, ce n’est pas toujours suffisant pour bien se former. Storiste, c’est un peu comme mécanicien, c’est un métier qui a beaucoup évolué. Au début, dans un atelier, il y avait un treuil et une manivelle. Maintenant, il faut maîtriser tout le côté électronique. Chez nous, c’est un peu la même chose.»

Si Frédy Stoll était très regardant dès le début sur la formation de la relève, l’esprit est toujours le même, quarante ans plus tard, alors que le contexte global a fortement évolué. «On y tient encore et toujours, oui. Mon père l’a toujours mis en avant, je l’ai toujours connu dans le rôle de formateur et ça me tient aussi à cœur», explique la directrice, qui ne se voit pas arrêter de sitôt de transmettre sa passion aux générations futures. Et ce même si ce n’est pas toujours simple de motiver la nouvelle génération et que les niveaux de départ sont parfois disparates.

 

Le grand défi des années à venir? Le recrutement

 

«Du travail, on en a, des clients également. Des difficultés d’approvisionnement aussi, comme tout le monde depuis un petit moment… Mais ça, c’est conjoncturel et ça ne nous inquiète pas plus que ça», disent père et fille de concert, eux qui voient l’avenir plutôt sereinement. Le grand défi des années future se situe plutôt dans le recrutement. «Trouver du personnel qualifié et de confiance, ce n’est pas toujours simple. On aime former les employés, mais on aime aussi qu’ils restent… On aimerait éviter le turnover autant que possible. A la confection, par exemple, on a des gens là depuis des dizaines d’années, voire même trente ans pour Céleste! Il faudra bien les remplacer et le challenge s’annonce assez compliqué.»

 

Portes ouvertes ce samedi de 9h à 16h30

 

Stoll SA est connu des Yverdonnois et des habitants de la région et va régulièrement à la rencontre du public, étant notamment un très fidèle exposant du Comptoir du Nord vaudois. Et ce samedi, il sera possible pour tout un chacun de se rendre dans les halles de la société, de visiter l’atelier, le showroom et tous les domaines de l’entreprise située au Bey 14, à Montagny-près-Yverdon. «Nous faisons nos portes ouvertes samedi de 9h à 16h30», précise Fanny Stoll, qui n’avait qu’une inquiétude en début de semaine: avoir le temps de ranger un peu pour que l’endroit soit présentable! Les clients, amis et simples curieux seront accueillis par toute l’équipe, avec petite restauration, collation et, bien sûr, le verre de l’amitié.

Rédaction