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Monsieur Jardinier déniche son Cœur d’artichaut
Après le cercle des rêveurs où le public devait imaginer les actions concrétisées en 2024, le groupe des terre à terre. Ici, l’objectif était d’identifier les besoins et craintes des institutions intéressées à se mettre à jardiner. © Michel Duperrex

Monsieur Jardinier déniche son Cœur d’artichaut

19 juin 2021

Bénéficier d’un lopin de terre en pleine ville n’est pas évident. Alors partageons le même espace vert! Le projet de l’association yverdonnoise Cœur d’artichaut a fait mouche sur la scène locale mais pas auprès du Canton. Qu’importe, le Nord vaudois montrera l’exemple.

Le jardin, c’est l’école de la patience. Ce ne sont pas les nombreuses années d’expérience de Jean-Pierre Masclet qui bousculeront ce précepte de base. «Cela fait cinq ans qu’on a eu l’idée de créer des ateliers reliant cuisine, éducation et jardinage, dépeint le célèbre «Monsieur Jardinier» du Nord vaudois, lundi à l’heure de présenter le premier programme d’activités de l’association Cœur d’artichaut. Il y a eu beaucoup de tractations administratives et de travail pour arriver à proposer quelque chose de cohérent.»

De la patience, la municipale Verte Carmen Tanner a également dû en faire preuve… «J’ai fait une expérience personnelle intéressante», commence-t-elle avant d’être interrompue par le passage d’un train. Entre deux convois, elle raconte que lorsqu’elle travaillait au WWF, une étude avait été réalisée pour déterminer ce qui était le plus efficace dans l’éducation à l’environnement. Et la conclusion était sans appel: mettre les mains dans la terre vaut mieux que mille mots. «C’est pour cela que la Ville est enchantée par le projet de Cœur d’artichaut, que l’on juge porteur, sérieux et intéressant pour la suite. Nous voulons vraiment nous engager dans cette initiative», assure-t-elle, avant de préciser que la Municipalité d’Yverdon n’a pas encore officiellement validé le soutien financier. Le feu semble vert, mais très clair pour l’instant.

En attendant la signature de cet accord, Cœur d’artichaut a invité des particuliers et des associations régionales à donner leur avis sur son projet. Celui-ci prévoit la création d’un espace vert collectif aux Jardins du Cœur, afin que tout un chacun y découvre la biodiversité.

Pour cela, divers ateliers ont été imaginés – potentiellement disponibles dès la rentrée scolaire –, comme «Des livres au vert» permettant aux enfants d’écouter des histoires à l’ombre d’un arbre ou encore «des anni(vert)saires», pour vivre une expérience festive dans un décor bucolique. Il y aura aussi des cours pratiques pour déguster et apprendre du/au jardin. Ce sera typiquement l’occasion de comprendre à quoi sert le millepertuis, comment sécher des tomates pour l’hiver et de découvrir les bienfaits du purin d’ortie. Pour ceux qui rêvent de concevoir leur petit jardin mais ne savent pas par où commencer, il y aura des cours de rattrapage.

Mais l’essence du travail de Cœur d’artichaut réside dans l’enseignement aux écoliers. Ce que faisait déjà ponctuellement et bénévolement Jean-Pierre Masclet, président des Cartons du Cœur. «Je tenais à pérenniser ces activités, parce que j’aimerais commencer à lever le pied, raconte-t-il. Un jour, Marika Zisyadis est venue aux Jardins avec l’envie de faire quelque chose pour la biodiversité. On a commencé à discuter et à monter ce projet pour l’école obligatoire.» Il laissera la nouvelle structure s’occuper des ateliers pour les jeunes mais gardera les visites avec les migrants de l’association Appartenances. Et Marika Zisyadis de rebondir: «On a demandé un soutien à l’état de Vaud, mais il n’a finalement pas voulu soutenir de projets externes. Comme on croyait vraiment en notre projet et que la Commune a montré de l’intérêt depuis le début, on a continué avec elle, mais en élargissant les activités à toutes les institutions de formation locales, mais aussi à d’autres entités et aux particuliers.»

L’Yverdonnoise était d’autant plus convaincue de ce changement d’orientation lundi, en voyant que les invités revenaient souvent avec des envies d’échanges intergénérationnels. «Ce qu’on cherche à faire aujourd’hui (ndlr: lundi) est de réadapter nos ateliers pour qu’ils répondent aux besoins du public et, aussi, de savoir quel sera son soutien. Car on aura besoin de membres mais aussi de fonds, c’est le nerf de la guerre», poursuit Marika Zisyadis, qui espère compter sur la Ville pour financer la centaine d’ateliers par année destinés aux écoliers et à la jeunesse d’Yverdon.

Les Cartons du Cœur semblent ainsi être un terreau fertile aux nouvelles idées. Vont-elles pousser et essaimer? «On est en 2024, je suis contente d’avoir participé au projet Cœur d’artichaut parce que la Caravane FM a planté ses roues à Yverdon durant une semaine et elle a donné envie aux autres villes de copier!» s’est imaginé se vanter l’une des participantes à la table ronde baptisée «le cercle des rêveurs».

Christelle Maillard