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Mort suspecte d’une octogénaire

13 novembre 2013

Une dame âgée a été retrouvée sans vie à son domicile d’Orbe lundi soir. Dans le même temps, un homme était interpellé dans l’immeuble après y avoir semé le trouble. Récit des événements selon les témoignages des voisins.

La porte de l’appartement de la défunte, à Orbe, a été scellée après le passage des limiers de la division criminelle de la Police de sûreté, qui poursuit ses investigations.

C’est un bien triste épilogue qu’a connu une journée mouvementée, lundi, dans un quartier du nord d’Orbe. Une octogénaire, veuve depuis moins d’une année, a été retrouvée sans vie à son appartement par deux soignantes à domicile. Cela, alors que la police intervenait au même moment dans l’immeuble suite à une altercation.

Un homme d’une trentaine d’années, probablement sous l’effet de l’alcool et de stupéfiants, avait semé la pagaille durant tout l’après-midi, selon de nombreux témoignages. Beaucoup ont eu affaire à lui. Dans son délire, il aurait tenté à plusieurs reprises de s’introduire chez divers locataires. Il a aussi tapé sur les portes, au rez et au premier étage en tout cas, là où habitait la défunte.

Dans la soirée, entre 19h30 et 20h, alors que le trentenaire importunait une autre dame âgée, le fils de cette dernière, qui habite dans un immeuble proche, est intervenu. Il a trouvé un individu «qui a voulu m’agresser. Il était ivre et excité», relate l’intervenant.

Arrivé à cet instant, le concierge a séparé les deux hommes qui risquaient d’en venir aux mains. «On n’avait alors pas connaissance de ce qui était arrivé à notre voisine», affirme le concierge. C’est seulement une fois le semeur de trouble menotté par Police Nord vaudois que le corps inconscient de l’aînée a été retrouvé. Un médecin du SMUR et des ambulanciers ont constaté le décès.

«Les circonstances de la mort ne sont pas clairement établies pour l’instant. L’homme interpellé a été emmené dans les locaux de la police pour y être entendu. Il s’y trouve encore », indiquait hier, sur le coup des 18 heures, la Police cantonale, qui utilisait le terme de «mort suspecte».

On n’en saura pas plus, pour le moment, sur le lien possible entre le décès et les agissements du prévenu.

Hier, la tristesse régnait dans l’immeuble. «C’était une petite dame handicapée, raconte une voisine, émue. Et qu’adviendra-t-il de son chien ?»

 

Témoignage : le père de l’homme interpellé nous a reçus à son domicile au lendemain des faits

«Je ne connais pas grand-chose de mon fils»

Le père de l’homme interpellé, chez lui, le regard dans le vide.

«Ça a été le choc de ma vie !» Hier, quand il a bien voulu nous recevoir chez lui, le père du prévenu avait repris ses esprits, mais était encore bouleversé. Il avait peu dormi et avait dû faire contrôler sa pression la veille, lorsqu’il a appris les faits, son cœur battant bien plus fort que la normale.

Se déplaçant avec difficulté dans son appartement, cet homme de 62 ans a raconté calmement comment, il y a une semaine, son fils de 30 ans est revenu chez lui, s’est presque invité, selon ses propres mots. «Il vivait chez mon ex-femme. Je ne l’avais pas revu depuis douze années, affirme le papa. J’imagine qu’elle l’avait foutu dehors.» Vu la longue séparation entre les deux hommes, le père reconnaît qu’il ne connaît «pas grand-chose» de son fils : «Il a eu des problèmes de boisson par le passé. Il était aussi contrôlé médicalement, mais je ne sais pas pourquoi. C’est flou.» Mais les règles, au domicile urbigène, étaient claires : «Il ne devait pas toucher à l’alcool, ni à la drogue.»

Des injonctions que le trentenaire aurait transgressées lundi, à l’insu de son père, qui a retrouvé une bouteille de rhum vide dans la cuisine. «Il a aussi fumé des joints», affirme le papa, qui ajoute : «Je lui avais raconté que j’avais eu un différend avec une locataire (réd : autre que la défunte). Il a voulu me venger, rendre justice tout seul. Mais si j’avais su qu’il était capable de se montrer violent, je ne lui en aurais pas parlé ! Je ne pensais pas qu’il s’occuperait de mes affaires. Lundi, il a voulu casser la gueule à tout le monde et a menacé des gens. Quatre policiers ont été nécessaires pour le maîtriser.»

Lorsque le père a eu connaissance du décès de sa voisine qui habitait au premier étage -«une dame que je voyais souvent, qui était cordiale»-, il a eu les jambes en coton. «Ça a été la surprise absolue.» Ce sont les policiers qui lui ont appris la nouvelle, bien plus tard, en l’interrogeant.

C’est que, durant l’après-midi, il n’avait rien entendu, les nouvelles portes installées étant très bien insonorisées, comme l’a également confirmé une autre habitante de l’immeuble. «Je déplore aussi que mon fils ait agressé plusieurs voisins. J’ai expliqué la situation à certains d’entre eux, afin qu’il n’y ait pas de malentendu», poursuit le sexagénaire urbigène, encore hébété.

A ses 18 ans, son fils avait choisi de vivre sur l’arc lémanique, avec sa maman, «car Orbe était une ville de ploucs, selon lui», affirme le papa. Baraqué, le jeune homme avait vécu de petits boulots et n’avait actuellement pas de travail. «Il connaissait quelques personnes peu fréquentables à Orbe.» Une ville dans laquelle il a passé plusieurs années de sa jeunesse. Avant d’y revenir il y a quelques jours…

Manuel Gremion