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Mottaz Fers va cesser son activité

15 juillet 2013

Une très ancienne entreprise yverdonnoise de recyclage va cesser son activité à la fin du mois de juillet, avec le départ à la retraite de Richard Dénervaud. Bilan.

Richard Dénervaud s’apprête à fermer l’entreprise familiale, avec un brin de nostalgie, mais aussi du soulagement.

«C’est vrai que j’ai un petit pincement au coeur, parce que c’est une histoire familiale qui se termine. Mais je suis aussi soulagé, car avec l’évolution des moeurs, cela devenait pénible.

Les gens venaient ici déposer tout et n’importe quoi, pensant que c’est une décharge de la commune. Il n’y a plus de respect», explique Richard Dénervaud.

A la fin du mois, l’entreprise Mottaz et Cie, créée dans les années trente, cessera son activité et le dernier exploitant prendra sa retraite. Ou plutôt entamera une nouvelle vie qui lui permettra de s’adonner encore plus au motocross, et à d’autres passions, comme le golf.

Car Richard Dénervaud, véritable force de la nature, est un sportif. De nombreux avants de 1re ligue se souviennent encore de la difficulté à passer ce défenseur qui a fait les beaux jours du CP Yverdon, avant de se consacrer à la formation. Il a aussi entraîné le HC Vallée de Joux, qui vient d’opérer son retour en 1re ligue.

En pleine crise

Des décennies durant, et bien avant la création de la STRID, l’entreprise
Mottaz a participe activement au recyclage.

L’entreprise Mottaz est née en pleine crise des années trente.

Edouard Mottaz, dit Dada, grand-père de Richard Dénervaud, avait alors acquis une ancienne guérite et les terrains situés en bordure de la ligne de chemin de fer. De ce tracé du train Morges-Yverdon -il a ensuite été déplacé sur le parcours actuel-, il subsiste encore un pylône en bordure de la propriété du Valentin.

A l’époque, ce quartier était, encore, en pleine campagne. En 1945, Edouard Mottaz y construit la maison familiale, dans ce qui est devenu un quartier résidentiel.

Il aurait d’ailleurs été impossible pour un éventuel repreneur de poursuivre cette activité à cet endroit.

Passage de témoin

Au décès du fondateur, en 1957, la société a été reprise par son beau-frère. Puis elle est passée en mains d’Alfred, le père de Richard Dénervaud.

La société a toujours occupé plusieurs membres de la famille et, en fonction des activités, des ouvriers. Frère de Richard, Claude Dénervaud, décédé tragiquement l’an dernier lors d’une sortie à vélo, était destiné à reprendre l’entreprise familiale.

Mais l’appel du sport a été plus fort et il a créé sa salle de culture physique, développant en parallèle une activité de soigneur qui lui a permis de suivre de grands sportifs et des équipes.

Richard Dénervaud a pour sa part suivi une formation de compositeur typographe à l’Imprimerie Cornaz, à Yverdon-les-Bains.

Il a rejoint son père ultérieurement, avant de reprendre l’entreprise à son compte il y a une trentaine d’années.

Exception faite d’un intermède de neuf ans durant lequel il a dirigé le chantier staviacois d’une grande entreprise de récupération -un problème de santé l’avait contraint à réorganiser ses activités-, Richard Dénervaud a toujours exploité le site du Valentin.

La récupération et le recyclage ont beaucoup évolué ces dernières années, en fonction de la législation, mais aussi de l’économie.

La demande émanant des pays émergents, notamment de la Chine, a poussé, à certains moments, le prix des métaux vers des sommets.

Les grandes années

Le ramassage du papier à l’Ecole catholique d’Yverdon-les-Bains, il y a bien longtemps.

Par le passé, seules des entreprises privées opéraient sur ce marché. «On faisait la tournée de Paillard, Besson (fabrique de pâtes), Vautier (cigarettes). Avec Paillard, on faisait un wagon de ferraille d’étampe par mois. Peu à peu, on a vu le déclin», relève Richard Dénervaud.

Le futur retraité a aussi vécu les journées de ramassage de papier par les écoles, dont le produit était destiné à financer les courses d’école : «On a eu fait 108 tonnes de papier, soit l’équivalent de cinq wagons en une seule journée !» Et puis il y avait une tournée régulière dans les communes pour récupérer principalement de la ferraille, des machines agricoles hors d’usage.

Durant les belles années, la société avait envisagé de s’implanter En Chamard, à proximité de la ligne de chemin de fer. L’opération n’a finalement pas abouti.

A l’heure de tourner la page, et de fermer le site pour empêcher des dépôts sauvages, Richard Dénervaud exprime des sentiments partagés : «J’ai adoré ce métier, mais aujourd’hui je suis un peu écoeuré par l’irrespect des gens.»

Isidore Raposo