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Municipal, sourd, et alors?
©Duperrex-a

Municipal, sourd, et alors?

30 septembre 2020

La Région a ouvert ses colonnes à Vincent Guyon afin qu’il écrive le bilan de ses cent premiers jours en tant que municipal à Rances. Voici ses impressions.

 

 

«Cela fait plus de cent jours que j’ai été élu démocratiquement à l’Exécutif du village de Rances… à la surprise générale!

Pour une surprise, c’était une surprise! Qui pouvait penser qu’un sourd élu à la majorité absolue pouvait gravir la plus haute marche entre la vie normale et la vie politique?

51% des villageois ont exprimé un changement de cap au sein de la Municipalité. Un message clair envers l’Exécutif et le Législatif. Le message a été très bien compris.

Pour les sourds de Suisse, c’est une sensation. Jamais un élu sourd n’a été projeté à la municipalité et moi-même, j’ai été très surpris de me trouver en pôle position devant mes concurrents entendants. Une victoire personnelle? Non, car sourds et entendants, nous sommes sur le même pied d’égalité! Mais à vrai dire, je savoure dans mon petit coin une sorte de revanche sur la vie. J’ai été cabossé par des événements qui m’ont un peu découragé. Les obstacles sont nombreux, mais j’ai su me relever des échecs qui m’avaient mis KO.

Les histoires humaines ou bibliques peuvent témoigner que rien ne peut empêcher de faire ce qu’il faut faire. Prenons exemple: le patriarche Moïse, de la Bible, avait des problèmes d’élocution; il avait dit à Dieu qu’il ne pouvait pas parler à Pharaon à cause de son léger handicap. Alors, il avait son frère Aaron pour le suppléer. Comme quoi, dans la vie, il y a des solutions. Et marcher dans la foi.

Donc, les sourds sont capables d’aller au bout de leur rêve. Ce qui était impossible devient possible.

Pour en arriver au point où j’en suis, il faut remonter à mon enfance, avec des parents formidables; un papa qui voulait que je suive la voie scolaire normale, car son cousin sourd fréquentait l’école du village avec lui. Ma maman qui a s’est démenée pour que je sois un enfant intégré. Mes trois premières enseignantes qui ont cru en moi, m’ont poussé au maximum. La logopédiste qui a vraiment bien collaboré. Ce sont eux les acteurs de ma vie, sans oublier les figurants qui ont joué des rôles qui ont fait que j’ai pu grandir. Merci à eux!

Le message que je voudrais apporter: rien n’est impossible à celui qui croit!»

 

Texte écrit par Vincent Guyon, municipal à Rances depuis 100 jours

Rédaction