L’affaire des attouchements qui défraye la chronique depuis quelques semaines aurait-elle pris une telle ampleur si les agents de la région avaient pu s’exprimer? Un élu de la Cité thermale lance le débat.
L’émission Mise au Point de la RTSR est certes passée par là dimanche dernier, mais le constat est sans appel: la peur va decrescendo au sujet des différentes agressions à caractère sexuel subies par plusieurs femmes en ville, ces derniers mois. Et alors que les émotions commencent à se dissiper, l’heure des questions de fond apparaît: si Police Nord Vaudois (PNV) avait pu communiquer rapidement sur l’affaire touchant la Cité thermale, cette dernière aurait-elle pareillement gonflé? Et au juste, pourquoi PNV ne pourrait-elle pas tranquiliser la population sur ses propres affaires, comme c’est le cas pour la Police municipale de Lausanne?
Ces questions, et d’autres variations sur le même thème, l’élu UDC Ruben Ramchurn entend les poser ce soir à la Municipalité d’Yverdon, dans le cadre du Conseil communal. Pour lui, aucun doute, «notre PNV est réduite au silence alors que la population attendrait un communiqué de sa part» dans des situations telles que celles traversées récemment par la population yverdonnoise. Et de plaider pour que la directive de Police Judiciaire de la Police cantonale vaudoise qui fixe les compétences des différentes polices vaudoises en matière de communication évolue dans un sens plus favorable à la deuxième ville du Canton. «Nos policiers ne peuvent pas non plus travailler en civil. Ce serait pourtant nécessaire pour lutter aussi bien contre les pervers que les dealers».
Scepticisme des experts
Le combat du président de la section yverdonnoise de l’UDC est-il sans espoir? C’est ce que différents connaisseurs du dossier ont glissé hier à La Région. «Yverdon n’est pas près de pouvoir communiquer autant que Lausanne, c’est plutôt l’inverse», annonce un expert désabusé, sous couvert d’anonymat. à ses yeux, c’est non seulement le poids des autorités politiques cantonales, mais aussi celui du procureur général qui rend une telle perspective largement inenvisageable. Un autre ajoute qu’une main tendue à PNV ouvrirait la porte à l’ensemble des Polices communales, fait largement impensable du point du vue cantonal.
Contacté hier, le syndic d’Yverdon-les-Bains, Jean-Daniel Carrard, n’a pas souhaité s’exprimer sur le sujet, réservant sa réponse à l’organe délibérant.
Responsable de l’égalité à la Haute Ecole d’ingénierie et de gestion du canton de Vaud, Laurence Firoben était quant à elle plus libre de s’exprimer. Un communiqué envoyé au sein de son école était au cœur de l’émission de la RTSR dimanche: elle estime que l’ampleur prise par l’affaire des attouchements n’est aucunement en lien avec de quelconques enjeux de communication, et que la collaboration avec PNV a représenté un succès: «Sans dévoiler quoi que ce soit sur l’enquête en cours, la police nous a permis de nous adresser officiellement à nos élèves, ce qui a été très bien compris. Nous avons diffusé des conseils pratiques et par la suite nous avons vu des étudiants raccompagner leurs homologues féminines à la gare, par exemple. Cela a contribué à rassurer tout le monde.»
Pour elle, c’est l’hypermédiatisation de l’affaire, amplifié par la caisse de résonnance des réseaux sociaux qui est en cause, et non l’organisation policière vaudoise.