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Les navigateurs n’en font qu’à leur tête
La situation est enlisée depuis des décennies. © Carole Alkabes

Les navigateurs n’en font qu’à leur tête

23 février 2018 | Edition N°2192

Le port des Iris est envahi par des pneus, qui servent de pare-battages. Une situation totalement contraire au règlement. Conscient du problème, le garde-port veut assainir les lieux.

Des dizaines de pneus émergent dans le port des Iris, à Yverdon-les-Bains. Les propriétaires de bateaux les utilisent comme pare-battages, pour protéger leur embarcation lorsqu’ils ne sont pas au large. La présence de ces gommes est pourtant strictement interdite par le règlement du lieu. Mais la situation est enlisée depuis des décennies.

Il s’agirait d’ailleurs d’une particularité toute yverdonnoise. Une rapide recherche sur Internet permet de constater qu’un peu partout, les règlements proscrivent l’utilisation de pneumatiques comme amortisseurs. «Je n’ai jamais eu cette vision-là d’un port envahi par des pneus», note Marc Miéville, voyer des eaux pour la région Nord vaudois. Un navigateur yverdonnois, à qui cette singularité locale n’a pas échappé, ne décolère pas: «Cela m’a frappé, car je passe régulièrement à pied. C’est interdit, ça pollue et c’est moche.» D’après son expérience, ailleurs, les plaisanciers concernés n’auraient pas fait long feu: «Si on utilise un pneu à Vidy ou à Lausanne, on résilie votre place d’amarrage.»

Changer les mentalités

A son entrée en fonction, en juillet 2016, Jérôme Charlton, garde-port de la Ville d’Yverdon-les-Bains, n’a pu que constater l’irrégularité de cette situation. «C’est effectivement contraire au règlement.» Selon lui, plus de la moitié des navigateurs sont en infraction. Il a donc décidé d’intervenir et d’assainir les lieux: «On va tout faire pour que cela change.» Le problème, c’est que personne ne semble jamais s’être préoccupé de la situation jusque-là et qu’il s’agit de faire évoluer les mentalités. «Cette situation perdure depuis au moins vingt ou trente ans. La plupart le fait car on ne leur a jamais dit que c’était peu esthétique et pas bien pour l’environnement.» Fabriqués à base d’hydrocarbures, les gommes n’ont en effet absolument pas leur place dans le lac: «C’est à éviter, insiste Marc Miéville. Il s’agit de déchets au sens de la protection de la nature.»

Le garde-port s’efforce désormais de sensibiliser les plaisanciers. © Carole Alkabes

Le garde-port s’efforce désormais de sensibiliser les plaisanciers. © Carole Alkabes

Au lieu de sévir immédiatement, Jérôme Charlton a donc opté pour le dialogue. Mais le ton pourrait bientôt devenir un peu plus ferme: «Il devrait y avoir un courrier informatif pour rappeler le règlement. On verra ensuite quelles sont les réactions et on avisera pour la suite.»

Caroline Gebhard