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«Oh My !» c’est du fait maison

2 novembre 2017 | Edition N°2115

Yverdon-les-Bains – Un Nord-Vaudois vient d’ouvrir un restaurant au cœur du quartier de la Villette, devenu le premier établissement de la ville à décrocher le label Fait Maison.

Burgers, pizzas, gaufres de patates : tous les mets proposés par Jonathan Saber et son équipe sont concoctés sur place, mais certains ingrédients, comme les buns et la pâte à tarte, sont élaborés par des artisans. ©Michel Duperrex

Burgers, pizzas, gaufres de patates : tous les mets proposés par Jonathan Saber et son équipe sont concoctés sur place, mais certains ingrédients, comme les buns et la pâte à tarte, sont élaborés par des artisans.

Jonathan Saber a vécu durant douze ans dans le quartier de la Villette, à Yverdon-les-Bains. Alors il sait très bien que lorsque l’on parle de cet endroit de la ville, c’est souvent pour relater des altercations entre des jeunes et la police (lire La Région Nord vaudois du 3 août). Pourtant, cet homme de 22 ans, lui, y voit tout autre chose : «J’ai tout de suite senti qu’il y avait du potentiel.» C’est pourquoi, il a décidé de reprendre, fin août, le tea-room du quartier, appartenant à son père Fawzy, qui gère également l’épicerie du coin, pour le transformer en un restaurant moderne, baptisé Oh My !. Et, samedi dernier, le Nord-Vaudois a obtenu le label Fait Maison (lire ci-dessous). Il est le premier yverdonnois à décrocher ce titre.

Pour y parvenir, Jonathan Saber a dû garantir que toutes ses sauces -mayonnaise y compris-, que ses pâtes à pizza et que ses hamburgers étaient bel et bien faits maison. «Comme il peut y avoir des contrôles inopinés (ndlr : tous les deux ans environ), on doit garantir cette qualité tous les jours, ce qui rend la chose officielle et le concept cohérent», confie cet Egyptien copte d’origine.

Pour réussir ce pari, l’étudiant en théologie a investi près de 10 000 francs, une somme qu’il a économisée en effectuant son service civil. «Même ma grand-mère trouvait que c’était démodé», précise Jonathan Saber avec humour. Et s’il a osé se lancer dans une telle aventure, c’est non seulement parce que son papa lui a transmis les bases du métier -Fawzy Saber cuisinait à l’Auberge communale de Vallorbe-, mais surtout grâce à l’emplacement du restaurant. «Le quartier est situé entre deux institutions qui ne sont pas prêtes de fermer leurs portes : la Haute Ecole d’ingénierie et de gestion du canton de Vaud (HEIG-VD) et le Gymnase d’Yverdon, poursuit le nouveau gérant. Et elles amènent énormément d’étudiants dans le coin.»

 

Un café et des activités

 

Aujourd’hui, Oh My ! N’est pas encore rentable. Pour pouvoir rentrer dans ses frais, Jonathan Saber devrait servir trente couverts quotidiennement, alors qu’il en assure une vingtaine. Pour atteindre son chiffre, il a prévu de lancer un service de livraisons à domicile. Mais ce n’est pas tout, il a également développé des activités : tournoi de cartes Yu- Gi-Oh, installation d’une Nintendo 64, projections de films, exposition de tableaux, etc. Car, pour le jeune homme, ce qu’il manque à la Villette, c’est un lieu de rencontre agréable : «Mon but est de créer un endroit cosy et chaleureux, pour que les clients n’hésitent pas à rester des heures.»

Retrouvez l’interview de Jonathan Saber sur www.laregion.ch/region-tv ou directement ci-dessous:

 

Lutter contre l’uniformisation des goûts

 

«Le label des restos qui cuisinent »: voici la promesse de cette nouvelle promotion Fait Maison, lancée en août dernier, par GastroSuisse, la Fédération romande des consommateurs (FRC), la Fondation pour la promotion du goût et Slow Food CH. Le projet n’était, pourtant, pas nouveau. En effet, la FRC avait déjà approché GastroSuisse en 2006, afin de mettre en place un système de traçabilité des aliments chez les restaurateurs. Mais ce n’est qu’à la suite du scandale des lasagnes à la viande de cheval, en 2013, que la nécessité d’instaurer une politique de transparence s’est faite ressentir au sein de l’Association suisse des cafetiers, restaurateurs et hôteliers. Mais il aura fallu encore quelques années de discussions, notamment concernant le financement du projet -la Confédération a refusé de soutenir le projet-, pour que ce label puisse enfin voir le jour.

«Notre but premier est de distinguer les as du micro-ondes des rois des fourneaux, explique Gilles Meystre, président de GastroVaud. C’est aussi un moyen de lutter contre l’uniformisation des goûts véhiculée par les industriels. En revanche, l’idée n’est pas d’imposer que l’ensemble des mets soient faits maison, il suffit d’indiquer les ingrédients qui ne respectent pas le label. Nous préférons tolérer des exceptions pour encourager les restaurateurs à entrer dans la démarche, plutôt que de la réserver à une élite.»

 

Phase pilote lancée en Suisse romande

 

Que ce soit parce que le label ne s’adresse pas qu’à ceux qui font du 100% maison ou parce qu’il offre une visibilité aux cuisiniers qui ne sont pas cités dans les guides de gastronomie, une chose est sûre, les restaurateurs sont demandeurs de ce nouveau titre. «On croule sous les demandes, affirme le président de GastroVaud. Notre objectif consistait à atteindre soixante demandes d’ici à la fin de l’année, mais nous en sommes déjà à 180 en seulement deux mois. C’est magnifique et cela démontre que nous avions vu juste avec notre concept.»

Le label Fait Maison est en phase pilote, jusqu’à fin 2018, en Suisse romande. Mais dès 2019, il s’établira également outre-Sarine. «A terme (ndlr : c’est-à-dire après quatre ans), nous souhaitons atteindre mille enseignes labellisées sur l’ensemble du territoire, ce qui correspond à 5% des membres de Gastro- Suisse», conclut Gilles Meystre.

Christelle Maillard