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Olivier Chabloz rêve d’aller faire le singe sur l’île de Man

26 juillet 2013

Course de côte – Non content de remporter le titre national en catégorie open sur sa moto, Olivier Chabloz a disputé sa première saison comme passager de Pascal Gassman, en side-car. Il raconte son expérience. 

Olivier Chabloz, de Novalles, a fait le singe pour le pilote Pascal Gassman, ici à Chanaz, en France. Dans certains virages, il doit presque s’extraire de son panier pour assurer la stabilité de la machine. Un rôle très physique.

La scène a lieu il y a bien quelques années. Le petit Olivier assiste à la course de côte Concise-Mutrux. A ce moment, il l’ignore, mais il est en train d’attraper le virus. «J’étais impressionné par les motos avant tout, se souvient-il. Mais quand je voyais monter les side-cars, je ne sais pas pourquoi, j’avais envie d’être dans le panier.»

Depuis le temps, on ne s’affronte plus entre Concise et Mutrux. Mais la passion pour les courses de montagne d’Olivier Chabloz, 34 ans aujourd’hui, est demeurée intacte. Avec sa Husaberg, le citoyen de Novalles vient d’ailleurs de décrocher un deuxième titre national catégorie open. Mais la saison qui vient de s’achever restera surtout comme sa première à faire le singe.

Trouver un passager

«Etre dans le panier» ou «faire le singe»: deux façons de désigner le rôle du passager d’un side-car. «Je me suis retrouvé, un soir, après une course, à parler avec Pascal Gassman. Ce devait être 8h. Il m’a dit qu’il avait envie de s’essayer au side-car, comme pilote, mais que ce n’était pas évident de trouver un passager. A 8h05, l’équipage était formé», raconte Olivier Chabloz, avec l’immense sourire qui ne le quitte pas lorsqu’il évoque sa passion.

Alors que le Nord-Vaudois n’est encore jamais monté dans un panier, son binôme jurassien acquiert un side-car («le troisième membre de l’équipe») et il n’est plus question de reculer. Ça tombe bien: ce n’est pas le genre de la maison. «Lors de la course de Verbois, un pilote a perdu son singe, blessé. Je me suis proposé de le remplacer, en précisant bien que ce serait mon baptême, se délecte Olivier Chabloz. Au deuxième virage, j’ai posé le cul par terre, le plus à l’extérieur possible, le plus bas possible, comme il faut pour maintenir le panier au sol. Quand on est arrivés à la fin, j’avais les larmes aux yeux tellement c’était bon!»

L’attirance ressentie, gamin, entre Concise et Mutrux, s’est muée en réalité. Pire (ou mieux, c’est selon): en besoin. Au point que s’il fallait choisir entre piloter sa moto et faire le singe, Olivier Chabloz en serait désormais bien incapable. Habitué à une quête effrénée et solitaire d’adrénaline, il a découvert les joies du travail en équipe. Progression partagée. Confiance réciproque. Objectifs en commun.

La Tourist Trophy en ligne de mire

Car son pilote jurassien et lui-même voient plus loin que le prochain virage. Forts d’une première saison au cours de laquelle ils ont chatouillé les ténors, terminant deuxièmes des championnats de Suisse et d’Europe, ils veulent des titres. Et les contours de leur objectif à moyen terme sont particulièrement bien définis: ce sont ceux de l’île de Man, au large de l’Angleterre, que sillonne sur 60 kilomètres la mythique Tourist Trophy. Une course dangereuse -beaucoup y ont perdu la vie- et légendaire, à laquelle Pascal Gassman et Olivier Chabloz rêvent de participer. Mais comme ce sont les fédérations qui délivrent les précieux sésames aux pilotes jugés aptes, les deux coéquipiers doivent prendre du galon. A peine les championnats auxquels ils ont participé terminés, ils enchaînent donc les courses pour s’entraîner et progresser, convaincus d’avoir une marge intéressante à exploiter.

La scène pourrait avoir eu lieu il y a bien quelques années, dans une classe d’école, quelques jours avant la course Concise-Mutrux. On imagine le petit Olivier, dans ses pensées, trop occupé à se réjouir pour… faire le singe. La maîtresse ne devait pas s’en plaindre. Quant à lui, il se rattrape allégrement depuis quelques mois.

 

«Plus physique que la boxe»

Le rôle du «singe» est primordial, même si ce n’est pas lui qui pilote. Avec le poids de son corps, qu’il déplace au gré des courbes, il doit assurer la stabilité du side-car. Une tâche très physique, puisqu’il n’est attaché d’aucune manière. Olivier Chabloz confesse avoir dû, à plusieurs reprises, en appeler à la force de ses bras pour revenir dans le panier, après en avoir été presque éjecté. «Je fais de la moto, j’ai aussi pratiqué la lutte et la boxe, précise-t-il. De loin, faire le singe est la plus éprouvante de ces activités.»

 

Résultats de course de côte

Deux Nord-Vaudois ont participé aux championnats de course de côte cette saison. Olivier Chabloz a été sacré en open et a terminé deuxième en side-car (avec Pascal Gassman) au niveau suisse; il a fini deuxième en supermoto open et deuxième en side-car au niveau européen. Jean-Luc Ronchi a fini cinquième des championnats suisse (catégorie jusqu’à 1300 cm3) et d’Europe (catégorie superbike).

 

Lionel Pittet