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«On a eu envie d’être optimistes»

5 novembre 2020

L’entreprise de transports publics Travys fait le point sur son deuxième plus gros projet: la modernisation de la gare de Sainte-Croix. Un chantier qui est passé de surprise en surprise, mais qui va bon train.

Les infrastructures ferroviaires sainte-crix sont en train de faire un véritable bond vers le futur. Le dépôt et certaines voies dataient de l’inauguration de la gare, il y a 125 ans. «Et au niveau des wagons destinés à l’entretien de nos installations, on roule presque avec des véhicules de musée qui ont entre 40 et 120 ans!», a rappelé hier le directeur de Travys, Daniel Reymond. Aujourd’hui, de nouveaux rails ont été posés, les passages à niveau ont été modernisés et un dépôt quatre fois plus grand que celui de 1893 se dessine à l’arrière. Et c’est sans compter des mâts amenés par hélicoptère en mars dernier.

Bien que les transports publics surfent sur la vague verte, il y en a une qu’ils redoutent: celle du Covid. à mi-parcours des travaux, Travys a tenu à présenter l’état de son «gros projet» hier matin. Et visiblement, tout ne s’est pas déroulé comme cela était prévu sur le papier.

Tout d’abord, une partie des travaux sur les passages à niveau a été reportée à l’été prochain. Ensuite, quelques modifications ont dû être apportées au plan de base, présenté en octobre 2019. «Pour la petite histoire, dans le dépôt, on avait prévu de mettre les rails sur du ballast, mais la Confédération a demandé que l’on mette une dalle en béton étanche pour que dans le cas où il y aurait des liquides qui coulent, ils ne polluent pas les sols. C’est très bien, mais c’est un million de plus!» a précisé Daniel Reymond. Autre exemple avec les fondations de ce hangar. «L’ancien bâtiment a été construit sur un simple remblai et il a tenu le coup durant 125 ans. Mais nous, en raison des normes sismiques, on a dû mettre 80 pieux de 12 mètres dans le sol», poursuit-il. Ce qui n’était pas pour combler de joie le directeur, bien qu’il cherche à construire des installations qui dureront au moins cinquante ans: «Toutes ces normes augmentent les coûts. Ce n’est probablement pas tout faux, mais on se retrouve avec ceinture et bretelles.»

Justement, le budget de modernisation de la gare de Sainte-Croix s’est envolé. Initialement prévu à 14,6 millions de francs, le projet est désormais passé à plus de 20 millions, financés par un crédit fédéral. «Au niveau du surcoût lié au Covid, pour l’instant, il est relativement limité. Jusqu’à la première vague, on rentrait dans les divers et imprévus», a rassuré Daniel Reymond. «Je tiens à souligner que jusqu’à présent tout s’est très bien passé avec nos mandataires et nos partenaires. Mais maintenant, si on doit arrêter le chantier, la situation sera différente. C’est quelque chose qu’on ne maîtrise pas, a concédé le chef de projets Christophe Roulin.

Outre le dépôt, cette enveloppe permettra de rénover les rails et le quai principal, ainsi que de créer un second quai. «On doit faire des analyses de flux et la Confédération nous demande une vision à 20 ans. On a eu envie d’être optimistes, on a prévu d’accueillir le double de voyageurs!» s’est enthousiasmé Daniel Reymond.

Pourtant, ce qui coûte le plus cher ne se voit pas. Il s’agit d’un système de contrôle des trains. «On est la première ligne de Suisse romande entièrement équipée avec ce système», s’est félicité le directeur. Comment est-ce possible? «Je dois avouer que c’est un hasard de calendrier, lâche-t-il, précisant que la Confédération exige que cette technologie soit mise à chaque fois que l’on rénove une installation. Alors qu’en Allemagne, ils en utilisent parfois d’autres. Une fois de plus, la Suisse est plus européenne que les autres.» Malgré les aléas, Travys espère clôturer le chantier en septembre 2021.

 

Prochaine cible: Baulmes

Après le chantier de Sainte-Croix, Travys entend s’atteler à renouveler ses véhicules et outils logistiques, destinés à entretenir les voies. «C’est le prochain gros paquet d’investissements qui se comptent en plusieurs millions de francs sur ces trois prochaines années», a révélé Daniel Reymond. Pour les voyageurs, un autre changement se profile à l’horizon: la modernisation des infrastructures de Baulmes. «C’est prévu pour 2023-2024», a annoncé le chef de projets Christophe Roulin. Au total, sur cette ligne Yverdon-Sainte-Croix, ce ne sont pas moins de cent millions de francs qui seront injectés en l’espace de dix ans.

Christelle Maillard