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«On encourage toutes les femmes à le faire»

8 novembre 2019 | Edition N°2620

Les Roses de Suisse, Edith Maulaz et Gabrielle Meister, sont revenues des étoiles plein les yeux de leur première expérience dans le désert marocain, lors du Trophée Roses des Sables. Récit.

Des choses à raconter, elles en ont tellement.  Elles peinent d’ailleurs à trouver les mots pour décrire toutes les émotions par lesquelles elles sont passées. «On a vécu tellement de moments forts en si peu de temps. On essaie de le partager, mais ce n’est pas évident. Il n’y a qu’une façon de le comprendre, c’est de le vivre. On encourage toutes les femmes à le faire», répètent à l’envi les Roses de Suisse, rentrées physiquement en fin de semaine dernière, mais encore moralement quelque part entre ciel et Terre.

«On a laissé un bout de nous-mêmes là-bas», s’émeut Edith Maulaz, navigatrice de l’unique équipage suisse qui a participé à la 19e édition du Trophée Roses des Sables. La Champagnoux et son amie Gabrielle Meister, de Fontaines, ont terminé au 33e rang sur 114 4×4 (44e au général, y compris les autres véhicules) du rallye raid 100% féminin. Parties durant trois semaines avec leur Toyota Land Cruiser – dont huit jours et autant d’étapes dans le désert marocain –, les Nord-Vaudoises s’étaient lancées dans l’aventure pour le 40e anniversaire de la seconde.

Un duo qui fonctionne

Loin des soucis du quotidien, les deux mamans ont eu droit à un orage en pleine nuit, à deux jours de tempête de sable, à de longs moments «seules au monde au milieu de nulle part» sans croiser quiconque, ont beaucoup ri et ont fait tout un tas de découvertes. Néophytes, sans ambitions de résultat, elles s’en sont très bien sorties dans cette course d’orientation. «On se prend vite au jeu», reconnaît la pilote Gabrielle Meister. «On a souvent pris des directions différentes des autres participantes dès les premiers jours. Dans ces moments, il est très difficile de se faire confiance, ajoute Edith Maulaz. Mais ce n’était pas si faux, car on a même pointé au 13e rang provisoire.» Si d’autres concurrentes ont crevé jusqu’à six fois, elles n’ont jamais connu de pépin technique.

Les Roses de Suisse ont été conquises et sont déterminées à repartir à l’avenir. Au-delà de la dimension sportive, elles retiennent beaucoup d’autres facettes de leur expédition, de la beauté des paysages au contact avec les autres participantes et, surtout, avec la population locale. «Faites-le pour comprendre!»

 

554 brosses à dents et tellement plus de sourires

Très bien préparées, Edith Maulaz et Gabrielle Meister ont peaufiné leur escapade durant une année et demie. Le temps de réunir le budget nécessaire et, comme le veut la tradition au Trophée Rose des Sables, de récolter un maximum de matériel pour les populations locales.

Ainsi, les deux Nord-Vaudoises sont parties avec leur grosse voiture pleine à craquer de dons (matériel scolaire, vêtements pour bébés, cannes, produits d’hygiène, précisément 554 brosses à dents, etc.) reçus de personnes de la région. Et ce qu’elles n’ont pas réussi à caser dans leur véhicule, elles le remettront à la Croix-Rouge vaudoise.

La dimension humanitaire et humaine a fortement marqué les deux mères de famille, passées dans des villages où les gens vivent avec si peu: «Le raconter, c’est une chose. Le voir de ses propres yeux, c’en est une autre.»

Elles ont également financé la construction d’une bibliothèque dans une école. Sur place, elles ont pu aller l’inaugurer. «On a été accueillies comme des reines, alors qu’on ne demandait rien en retour», lance Gabrielle Meister. Les deux amies ont aussi pu rencontrer une fille de 8 ans qu’elles marrainent au travers de l’association Enfants du Désert. L’autre belle facette d’une telle aventure.

Manuel Gremion