Classé dernier à la trêve hivernale, le FC Bavois se trouve dans les cordes. Le club s’active en coulisse pour l’opération commando qui l’attend à la reprise. Bekim Uka (photo), qui vit sa 14e saison consécutive sur le banc de la formation nord-vaudoise, a encore le feu sacré.
Bekim Uka, comment vous sentez-vous au terme de cette première partie de saison compliquée?
On respire! On a passé une période difficile, des choses qui arrivent dans le foot.
L’été dernier, en préparant la nouvelle saison, imaginiez-vous retrouver l’équipe au dernier rang durant les fêtes?
Comme je connais bien la Promotion League, je préviens toujours mes joueurs, notamment ceux qui découvrent la division, que tu peux te retrouver tout devant ou dernier sans que grand-chose n’ait changé. Alors je ne dis pas que je m’attendais à un tel classement, mais je suis toujours méfiant. Il faut essayer de prendre un maximum de points au départ, puis ça peut tourner d’un côté ou de l’autre. En ce qui nous concerne, on a été solides durant dix journées, puis c’est parti du mauvais côté.
Quelle en est l’explication?
Ce sont des choses qui se voient à tous les niveaux. Ce n’est pas une excuse, mais une réalité. Je pense en ce moment à Manchester City, une équipe bien rodée, avec de grands joueurs. Pourtant, en ce moment, ça ne joue pas. Chez nous, le doute a commencé à s’installer dans les esprits et, à force de perdre toujours de peu, il nous a suivis. Finir chaque match avec des regrets – car, globalement, on était dans le coup à presque chaque partie – pèse dans les têtes. On a quand même été battus six fois 1-0, et neuf fois sur dix d’un but d’écart. Avec quelques points en plus, notre situation ne serait pas catastrophique. Ces points, on aurait pu les prendre souvent. Comme ça, je pense au match à Kriens, où l’on mène 2-0 avant de faire match nul 2-2 en encaissant l’égalisation à la 88e, à l’autogoal du 1-1 qu’on se met en toute fin de match contre Delémont, aux dix occasions de marquer qu’on se crée à Baden lors de notre défaite 1-0, et pareil à Paradiso, où on encaisse le 1-0 à la 90e…
Le constat est clair, l’équipe ne marque pas assez.
On a préparé les matches, on a mis les choses en place, on a bossé sur le plan offensif, bien sûr. Au final, le meilleur buteur de la majorité de nos adversaires a inscrit sept ou huit buts, voire dix. Chez nous, Ayoub Ouhafsa en compte quatre, et le dernier goal qu’il a marqué date de la 9e journée de championnat. Si lui ou Adrian Alvarez étaient à sept ou huit, on aurait certainement ces quelques points supplémentaires. Au fil des matches, la confiance a foutu le camp. Au final, on ne mérite pas mieux, et c’est tout.
Pourquoi cela?
Parce que si des joueurs de 18-19 ans des équipes de M21 sont plus malins que nous, ça ne peut pas aller. On en est tous responsables, et moi le premier. On n’a jamais vraiment réussi à avoir tout le monde en forme en même temps, si l’on excepte la victoire 3-0 contre Bâle M21, voire celle obtenue sur le même score – un peu flatteur – sur le terrain de Lucerne M21, lors de la première journée, où on s’est montrés solidaires.
Vous êtes sur le banc de Bavois depuis 2011. Vous êtes-vous demandé, cet automne, s’il n’était pas temps de vous en aller?
Bien sûr, je me pose la question régulièrement. Cela fait partie du rôle d’un coach. Ce ne sont toutefois pas les défaites qui vont me décourager. La passion, je l’ai, et le foot est quelque chose dans lequel je m’investis. On ne peut pas toujours en obtenir les récompenses espérées, mais on est bien évidemment déçus que ce ne soit pas le cas cette saison. Dans les périodes plus compliquées, il faut bosser, trouver des solutions. Je connais bien la situation du FC Bavois, son budget: la plupart des autres clubs de Promotion League tablent sur le double du nôtre, et on arrive plus ou moins au même niveau année après année; d’autres formations ont trois ou quatre fois plus de moyens, et elles finissent avec cinq ou six points de plus que nous. C’est aussi la preuve qu’on fait du bon boulot. Si un jour je m’en vais de moi-même, ce sera quand je ne trouverai plus la motivation. On évolue également, je ne suis pas le même coach qu’il y a dix ans. J’ai l’expérience et, surtout, toujours l’envie. On s’adapte aux changements de génération et de mentalité.
Vous serez donc toujours au travail sur le banc bavoisan en 2025.
J’ai discuté avec le président, lui disant que s’il estimait que c’était moi le fautif, que s’il y avait un souci, qu’il n’y avait aucun problème, que ça faisait partie du jeu si je devais m’en aller. Pour ma part, j’ai toujours envie, je veux qu’on sorte de cette situation. Il nous a par moments manqué de la grinta cet automne. J’ai essayé de l’inculquer, et je n’y suis pas toujours parvenu. C’est de ma faute. Le niveau de la Promotion League est exigeant, tous ceux qui ont évolué plus haut s’en rendent compte.
Vous jouissez d’une belle relation de confiance avec le président, Jean-Michel Viquerat.
On se connaît très bien, oui. On sait tous les deux qu’il ne faut pas prendre le melon les années où cela se passe bien, comme on savait aussi depuis le départ qu’il y aurait des saisons plus compliquées. Tu es parfois le roi, parfois le bouffon, c’est comme ça pour les entraîneurs. Jean-Michel sait parfaitement comment je fonctionne. On va bosser dur, et on n’est pas morts, loin de là.
Où en êtes vous avec les joueurs?
On a eu de bonnes discussions, afin de savoir lesquels sont prêts à mouiller le maillot. Il y a une remise en question, forcément, mais tout n’est pas non plus à jeter: il nous manque un petit quelque chose, un déclic. On a été très cash avec chacun. Je n’aime pas la situation dans laquelle on se trouve, mais je suis confiant pour la suite. Le premier tour a constitué un rappel: si tu n’es pas là, voilà ce qui arrive.
Y aura-t-il beaucoup de changements au sein de l’effectif cet hiver?
C’est en train de bouger, oui. La plupart ont eu leur chance. En ce moment, on juge avec lesquels on va pouvoir se battre au deuxième tour. C’est vrai, l’équipe était en place, assez solide, mais moralement, l’enchaînement de ces défaites, tu le paies à force de te dire que ce match-là, tu aurais dû le gagner. Ce que l’on sait pour le moment, c’est que Muamer Zeneli a décidé d’arrêter, et oui, on va recruter cet hiver.
L’an dernier aussi, Bavois n’était pas bien placé à la pause. L’effectif était pourtant resté le même.
Cette fois, il y a besoin de quelques changements. On ne veut pas continuer avec des joueurs minimalistes. On doit avoir la mentalité de se battre pour aller chercher les points.