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Opposants laissés pour compte
Cand-Landi pourrait exploiter la décharges des Echatelards. © Nadine Jacquet

Opposants laissés pour compte

29 mars 2019 | Edition N°2467

Grandson – La cheffe du Département du territoire et de l’environnement organise une table ronde sur les décharges, sans convier les détracteurs.

Après les quelque 1400 oppositions enregistrées lors de la mise à l’enquête de la décharge des Échatelards, à Grandson, et le vote consultatif sans appel des habitants de Daillens et d’Oulens-sous-Echallens, qui se sont prononcés à 91% contre l’ouverture d’une décharge sur leur territoire le 17 mars dernier, les autorités cantonales sont obligées de revoir leur copie. À cette fin, la conseillère d’État chargée du Département du territoire et de l’environnement (DTE), Jacqueline de Quattro, réunira en mai les représentants des porteurs de ces projets. Cela signifie que ni Pro Natura, ni les membres de l’Association de protection de l’Arnon et de sa région (APAR) et encore moins les opposants lambda ne seront invités à s’asseoir autour de la table. Les oppositions seront traitées comme de coutume, et les détracteurs seront entendus par la suite, si le Canton l’estime nécessaire.

Pour simplifier son travail, le DTE a décidé de traiter ensemble les dossiers de La Vernette à Daillens et des Échatelards à Grandson, après que le projet du Gros-de-Vaud aura été mis à l’enquête. La Municipalité de cette dernière commune a déjà fait savoir qu’elle ferait opposition. Les deux décharges suscitent les mêmes craintes, liées à la nature des déchets et au trafic des poids lourds qu’elles généreront. Une solution doit être trouvée car, à l’horizon 2024, les dépôts de type D arriveront à saturation et le canton ne compte aujourd’hui aucune décharge de type E (lire encadré).

A quoi cette table ronde aboutira-t-elle? Peut-être à une très hypothétique révision du Plan de gestion des déchets, sur lequel tout repose. Car si le Canton cherche désespérément à créer des sites de dépôt, c’est parce que la Confédération a décidé, dans une ordonnance datée du 4 décembre 2015, que les déchets ne peuvent plus être exportés.

Postulat des Verts

Le député Vert yverdonnois Vassilis Venizelos a déposé un postulat dans lequel il propose d’établir une planification des besoins de stockage des déchets à l’échelle romande pour régler ce problème. «Le DTE doit entendre les craintes des citoyens et surtout, ne pas accorder un blanc-seing à des entreprises pour les trente ans à venir, comme ce serait le cas aux Échatelards. C’est très bien que le Canton essaie de trouver des solutions. Je vois mal comment il pourrait obliger des communes à développer ce type de projet contre leur gré. Mais cela ne doit pas nous épargner une réflexion plus large sur nos déchets, car c’est bien nous qui les produisons!»

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Un classement selon la toxicité

Il existe des décharges de type A à E. Celles de catégorie D sont conçues en premier lieu pour stocker définitivement les mâchefers provenant d’usines d’incinération des déchets urbains. Ils doivent être au préalable débarrassés des métaux non ferreux (aluminium, cuivre, etc.) et de la ferraille qu’ils contiennent. Les cendres des installations de traitement thermique du bois peuvent également y être entreposées.

Les décharges de type E peuvent recevoir des déchets contenant  jusqu’à 5% de carbone organique, c’est-à-dire des dépôts encore faiblement réactifs. Elles doivent donc répondre aux exigences les plus strictes en matière d’aménagement du site et de contrôle des émissions dans l’air comme dans l’eau. Celle des Échatelards pourrait recevoir de l’amiante.

Dominique Suter