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Pas près d’échanger leurs terres pour des cacahuètes
Chavornay. © Michel Duperrex

Pas près d’échanger leurs terres pour des cacahuètes

9 mai 2019 | Edition N°2494

Les propriétaires vont devoir céder du terrain agricole pour permettre au RER vaudois de voir le jour. Des discussions sont en cours pour leur permettre de travailler sur d’autres parcelles.

«De toute façon, on n’a rien à dire! On sera mis devant le fait accompli, mais il va falloir défendre nos intérêts.» L’agriculteur Patrick Porret se veut lucide. Il possède sept hectares de terres agricoles à proximité de la réserve naturelle du Creux-de-Terre, à Chavornay. Avec l’arrivée du RER vaudois, il n’aura pas le choix et devra céder du terrain.

Comme d’autres propriétaires, il a assisté, vendredi dernier, à une séance d’information organisée par le Syndicat d’amélioration foncière (AF). Constitué en 2016, celui-ci est chargé, par le Conseil d’État, de procéder aux remaniements parcellaires pour permettre aux exploitants qui seront impactés par le projet ferroviaire de cultiver leurs terres de manière viable. Cette procédure d’amélioration foncière est distincte du projet ferroviaire (lire la version complète de l’article dans notre édition papier). Une mise à l’enquête publique de l’avant-projet est actuellement déposée au greffe municipal. Le dossier, qui comprend plus de huitante pages, est relativement complexe.

Redistribution des cartes

Pour moderniser la ligne ferroviaire Orbe-Chavornay, l’entreprise de transports publics Travys va devoir créer une boucle de raccordement jusqu’à la gare de Chavornay. Cet aménagement comprend une emprise sur les terres agricoles d’environ trois hectares. «Il ne s’agit pas d’exproprier les agriculteurs, mais de proposer des terrains d’échange», précise David Varidel, ingénieur géomètre chargé de l’avant-projet. Le périmètre concerné est composé de 42 parcelles, qui appartiennent à 21 propriétaires. Ces surfaces agricoles sont cultivées par treize exploitants.

L’avant-projet prévoit notamment de modifier la géométrie des parcelles en les redistribuant. Avec la modification de la ligne ferroviaire, la zone de redistribution, située entre le canal d’Entreroches et le ruisseau de Sadaz, sera toutefois insuffisante pour satisfaire tout le monde. Président de la commission de classification du Syndicat AF, Jaques-Yves Deriaz est en discussion avec la présidente du Conseil d’état Nuria Gorrite pour trouver de nouveaux terrains, mais il refuse d’en dire davantage. Confidentialité oblige.

Des terrains à proximité des Établissements pénitentiaires?

Selon plusieurs sources concordantes, des terrains cantonaux situés à proximité des Établissements pénitentiaires de la plaine de l’Orbe (EPO) pourraient être mis à disposition, car la commune de Chavornay ne possède presque plus aucune surface agricole. Interrogé sur ce point, l’agriculteur Edwin Egger, qui représente les intérêts des propriétaires terriens, botte en touche. «Des discussions sont en cours pour trouver de nouveaux terrains mais, pour l’instant, il est trop tôt pour annoncer quoi que ce soit à la presse», assure-t-il. Même son de cloche du côté du Service cantonal de l’agriculture et de la viticulture.

La mise à disposition de parcelles situées en dehors de la commune entraînerait des coûts supplémentaires pour les agriculteurs, qui auraient davantage de kilomètres à parcourir. «Il va falloir être solidaires et trouver un arrangement», estime Yves Auberson, propriétaire et exploitant impacté par le remaniement.

Des dessertes modifiées

L’avant-projet prévoit également de modifier plusieurs chemins agricoles et d’en démolir quelques-uns. Par ailleurs, une nouvelle route en béton, d’une largeur de trois mètres, sera réalisée le long du nouveau tracé ferroviaire. Elle sera construite de manière à supporter les charges importantes de plus de quatre tonnes, comme les chars de betteraves.

Les propriétaires terriens peuvent adresser leurs réclamations à la commission de classification jusqu’à la fin de la mise à l’enquête, qui échoit le 23 mai. En cas de désaccord, ils pourront faire recours auprès de la Cour de droit administratif et public du Tribunal cantonal.

Valérie Beauverd