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La passion, le moteur de Cédric Evard

8 juin 2017 | Edition N°2012

Motocross – Enduro – Le pilote de Bretonnières excelle dans sa discipline, à tel point qu’il n’a plus quitté le podium du général depuis trois ans. Rencontre avec un homme pour qui tout roule.

Rouler en forêt étant interdit en Suisse, Cédric Evard a fait de la France son terrain de jeu favori. Ça tombe bien, la frontière n’est qu’à dix minutes de chez lui ! ©Stephan Bögli

Rouler en forêt étant interdit en Suisse, Cédric Evard a fait de la France son terrain de jeu favori. Ça tombe bien, la frontière n’est qu’à dix minutes de chez lui !

Il passe entre cinq et dix heures par semaine à chouchouter sa moto, le double lorsqu’une course vient ensoleiller son week-end, ce qui arrive environ une fois par mois. S’il sait qu’il ne vivra jamais de sa passion, l’enduro, Cédric Evard fait tout pour que celle-ci perdure à travers les années. A 29 ans, il travaille à 90% aux Transports lausannois. Ce qui n’empêche pas cet habitant de Bretonnières de se rendre une fois par semaine en France, pour sortir sa bécane, avaler les kilomètres ainsi que les virages, et s’entraîner. «En Suisse, la loi interdit de rouler en forêt, regrette-t-il. Si je veux pouvoir exercer mon sport, je dois traverser la frontière.»

Rouler dans la nature, dont les abords des forêts, c’est pourtant le propre de sa discipline, et ce qui la différencie principalement du motocross : «Les parcours sont très différents, c’est vrai. En enduro, on ne dispose pas d’une piste bien ratraquée et un tour représente facilement une septantaine de kilomètres. On ne le boucle pas en 1’30. Les formes de compétition nous distinguent également pas mal.»

En effet, les participants ne se lancent pas en quête d’effectuer un maximum de tour en un temps donné, contrairement à ce qui se fait en motocross. Les courses d’enduro se divisent en deux types de parcours différents. Les liaisons, où il s’agit de terminer un circuit en un temps imparti, ainsi que les spéciales, composées de multitudes de secteurs chronométrés. On a meilleur temps de s’entendre avec les adversaires qui se trouvent sur la ligne de départ avec nous, explique Cédric Evard. On passe la journée avec, étant donné qu’une fois notre secteur bouclé, on doit s’attendre.»

 

Parti du motocross

 

Forcément, pour assouvir son envie de compétition, le Nord-Vaudois doit également se rendre dans l’Hexagone, où se déroulent toutes les courses de sa catégorie. Parti du motocross, Cédric Evard s’est petit à petit spécialisé, tout en gravissant les échelons. Pour la quatrième année, il concourt dans le championnat suisse inter, le meilleur niveau national. Une classe réservée à 25 pilotes, dans laquelle l’homme excelle. «Mon objectif, c’est d’accrocher le podium du classement général chaque saison, lance celui qui y est parvenu ces trois dernières années. Cette fois, cela risque d’être très compliqué, puisque quatre pilotes professionnels concourent avec moi. Cependant, je me contenterais volontiers d’arriver en-tête des viennent-ensuite.» Depuis le début des hostilités, en avril, l’homme n’est toujours pas descendu en-dessous de la 6e place.

Ce qu’il gagne à aligner les bons résultats ? «A mon âge, pas grand-chose, si ce n’est le plaisir de rouler et de la compétition. Si j’avais 16 ans et que j’obtenais les résultats que je réalise aujourd’hui, je tenterais peut-être ma chance et j’essayerais de percer. Mais, même s’il n’est pas rare de rouler jusqu’à 40 ans, mon heure est passée. Toutefois, il ne faut pas oublier les sponsors. En terminant sur le podium final du championnat et en revendant sa moto au terme de la saison, il y a moyen de s’en tirer à l’équilibre», explique celui qui est soutenu par KTM.

 

Sa famille comme soutien

 

Difficile, donc, de tirer un quelconque bénéfice, les frais d’équipement, d’entretien et de déplacement se cumulant rapidement. Le bonheur d’exercer sa passion sans avoir à faire d’énormes sacrifices financiers suffit, cependant, amplement au pilote nord-vaudois. Les courses se déroulant sur deux jours et une aide extérieure étant toujours la bienvenue, celui- ci profite de ces occasions pour se retrouver en famille. «Souvent, mes parents ou ma copine m’accompagnent. J’ai la chance qu’ils me soutiennent. Avec le temps, mon père est même devenu tout aussi mordu d’enduro que moi, alors qu’il ne vient absolument pas de ce milieu.»

Deux jours de compétition, plusieurs heures de déplacement, une préparation minutieuse dans les jours qui précèdent la course : l’enduro est une activité chronophage, qui demande, en plus, une excellente forme physique. «C’est vrai que les semaines passent vite, admet Cédric Evard. A côté, il faut également rester fit, car c’est un sport très exigeant, qui demande pas mal de rigueur.» Toute une vie articulée autour d’une passion.

 

La course des Six jours
Impasse sur le concours par nations

 

Cédric Evard fait également partie du cadre national. ©DR

Cédric Evard fait également partie du cadre national.

Membre de l’équipe nationale suisse, une place qu’il a obtenue grâce à ses excellents résultats depuis plusieurs années, Cédric Evard a l’occasion de participer à la course des «Six jours», la principale compétition d’enduro disputée pour son pays, qui se déroule chaque année. Comme son nom l’indique, l’événement a lieu sur six jours, durant lesquels les épreuves se succèdent. En 2013, le pilote de Bretonnières s’était rendu en Sardaigne pour y participer. «Cette saison, les Six jours se déroulent en France, à Brive-la-Gaillarde. Malheureusement, certaines obligations me forcent à décliner. C’est dommage, car il s’agit toujours d’un bon moment, et l’un des seuls où l’individualisme laisse place à l’entraide entre pilotes. Par contre, il faut reconnaître que la Suisse est loin d’être une grande nation dans la discipline.»

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Florian Vaney