Yverdon-les-Bains – Le Ministère public a demandé, hier, une peine de prison de vingt ans à l’encontre du jeune Roumain qui avait roué de coups un Sainte-Crix, en juillet 2015.
«Il est évident que le prévenu n’a laissé aucune chance à sa victime et qu’il l’a laissée baigner dans son sang, a déclaré, hier, Franz Moos, procureur général adjoint en charge de l’affaire du meurtre des Iris (lire La Région Nord vaudois d’hier), lors des plaidoiries qui ont eu lieu au Tribunal criminel de l’arrondissement de la Broye et du Nord vaudois. En niant les faits, le prévenu cherche à salir la victime et à la tuer une deuxième fois, car elle n’est plus là pour se défendre.»
Pour rappel, l’auteur des coups, un ressortissant d’origine roumaine âgé de 22 ans et sans domicile fixe, est accusé d’avoir tué un Sainte-Crix, le 23 juillet 2015, à proximité du port des Iris, après avoir entretenu des relations de nature sexuelle avec lui. «Depuis le début de cette affaire, le prévenu s’enferme dans les mensonges, puisqu’il n’en était pas à son coup d’essai en matière de prostitution masculine. Il avait rencontré la victime à plusieurs reprises. Ainsi, la version selon laquelle il aurait été séquestré par la victime, quelques jours avant les faits, relève aussi de la pure invention», a poursuivi le procureur.
Condamnée au doute

En attente de son jugement, le prévenu a pris la parole, lors des plaidoiries, pour enfin s’excuser auprès de la famille de la victime.
«J’éprouve un sentiment de colère, a déclaré, quant à elle, Me Manuela Ryter Godel, avocate de la partie civile. Le prévenu a amplifié ses mensonges. Il a démontré un mépris absolu pour la victime et n’a pas eu un seul mot d’excuse après son décès.» Au cours de cette instruction, l’avocate s’est interrogée sur les nombreuses souffrances qui vont marquer la famille, telles que la perte de la victime, la manière dont ils l’ont perdue et les zones d’ombre autour de cette affaire, notamment. «En refusant de donner les éléments qui ont conduit à la mort de la victime, il a condamné sa famille au doute», a-t-elle déclaré devant le Tribunal criminel.
L’avocate craint également que la mémoire du défunt ne soit salie à la suite de cette audience, car «la défense l’a présenté comme un homme sans scrupule et prêt à tout pour assouvir ses désirs sexuels».
Le défenseur commis d’office, Johanna Trümpy, a reconnu qu’il était «difficile de nier que les coups portés à la victime ont conduit à sa mort». Mais selon elle, «la victime cherchait des jeunes et sélectionnait les plus beaux et les plus jeunes parmi la communauté rom». En s’appuyant sur un rapport d’expertise psychiatrique, elle relève que «son client ne souffre d’aucun trouble. Il n’est ni un manipulateur ni un psychopathe, mais il était en proie à une émotion violente et ressentait un sentiment de honte».
Peine privative de liberté
«La seule circonstance favorable, si j’ose m’exprimer ainsi, c’est le jeune âge du prévenu : il n’avait juste pas vingt ans», a affirmé le Ministère public, qui a renoncé à exiger une peine maximale, mais a requis la révocation du sursis d’une peine antérieure, ainsi qu’une peine privative de liberté d’une durée de vingt ans.
L’avocate de la famille s’est ralliée à la proposition du Ministère public en raison de l’âge du prévenu.
L’audience a été suspendue peu avant midi. La lecture du jugement aura lieu, quant à elle, lundi prochain, à 16h30.