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Personne ne sera condamné

12 juin 2017 | Edition N°2014

Yverdon-les-Bains – Explosion mortelle de 2011

Accusés notamment d’homicide par négligence, les deux anciens employés et l’actuel collaborateur du Service des énergies de la Ville ont été acquittés. ©Nater-a

Accusés notamment d’homicide par négligence, les deux anciens employés et l’actuel collaborateur du Service des énergies de la Ville ont été acquittés.

Le Tribunal correctionnel de l’arrondissement de la Broye et du Nord vaudois a envoyé, vendredi dernier aux parties concernées, son jugement concernant l’explosion, due au gaz, survenue dans un immeuble de la rue de Neuchâtel, le 25 octobre 2011. L’incident avait causé la mort d’une maman de 31 ans, Yassouda, et de sa fille âgée de 5 ans, Odysséa (lire La Région du Nord vaudois des 16, 17 et 18 mai). Verdict : les deux anciens employés et l’actuel collaborateur du Service des énergies d’Yverdon-les-Bains (SEY), accusés d’homicide par négligence et d’explosion par négligence, ont été acquittés. Selon la Municipalité d’Yverdon-les-Bains, des frais de procédure s’élevant à environ 4000 et 6000 francs ont été mis à la charge de deux d’entre eux. Les raisons de ce jugement seront transmises prochainement.

La Commune se dit «soulagée» que les trois hommes soient libérés. «Bien sûr, cela aurait paru plus juste que le propriétaire et la gérance de l’immeuble en question soient sur le banc des accusés, confie la municipale Gloria Capt. J’ose espérer qu’ils en ont tiré les conclusions qui s’imposaient.»

 

Commentaire

 

Si le Parquet ne fait pas appel, ce jugement pourrait enfin être le point final de cette affaire qui avait ébranlé le Nord vaudois. Résultat après plus de cinq ans de procédure : personne ne sera condamné. Pourtant, deux vies sont à déplorer.

Bien que le droit pénal a pour fonction de sanctionner les comportements fautifs et non pas le résultat qui s’en est suivi, il paraît, toutefois, étonnant d’aboutir à la conclusion que personne n’a commis de faute : ni le propriétaire, qui n’avait pas d’infrastructures en règle et qui n’a pas vérifié le travail des cuisinistes mandatés (ceux-ci avaient coupé des bouchons des conduites de gaz dans les appartements); ni la gérance qui n’a pas réagi après avoir été avertie, le jour-même de l’accident, par deux locataires de l’immeuble qu’une odeur de gaz se répandait ; ni les employés communaux, ou leurs supérieurs, soit les trois hommes fraîchement acquittés, qui n’ont pas vu qu’il y avait un problème avec les vannes.

Quand autant de «petites» fautes sont commises et reconnues, il est difficile de comprendre pourquoi ces personnes ont été libérées de toutes charges. Évidemment, le mal est fait et il s’agissait d’un triste accident. Mais devant un tel verdict final, n’est-on pas en droit de se demander si l’on n’a pas atteint les limites du système pénal… Car, loin des considérations objectives chères au droit, personnellement, en sachant tout ceci, je n’aimerais pas être à la place de celui ou de celle qui devra annoncer en personne à la famille des défuntes que c’est la faute à personne…

Christelle Maillard