Logo

Aucun des trois ouvriers n’ira en prison

18 mai 2017 | Edition N°1999

Yverdon-les-Bains – Le dernier jour du procès dirigé contre trois employés communaux impliqués dans l’explosion, survenue à la rue de Neuchâtel en 2011, s’est clôturé avec les plaidoiries des avocats et du Ministère public. Celui-ci demande entre quarante et huitante jours-amendes, avec sursis.

«Ils ont commis une seule erreur, mais une erreur qui coûte chère», a plaidé le procureur Stefan Johner. ©Emmanuelle Nater

«Ils ont commis une seule erreur, mais une erreur qui coûte chère», a plaidé le procureur Stefan Johner.

Une maman de 31 ans et sa fille de 5 ans ont perdu la vie, le 25 octobre 2011, lors d’une violente déflagration, due au gaz, survenue dans leur appartement sis à la rue de Neuchâtel (voir ci-dessous). Cette affaire, qui avait secoué la capitale du Nord vaudois, est à nouveau sur les devants de la scène. Depuis lundi, trois cadres du Services des énergies d’Yverdon-les-Bains (SEY), impliqués dans le contrôle des conduites de gaz, sont entendus pour homicide par négligence et explosion par négligence (lire La Région Nord vaudois du 16 et du 17 mai).

Le procès s’est poursuivi hier après-midi, à Renens, avec les plaidoiries des trois avocats de la défense et du Ministère public. Celui-ci demande entre quarante et huitante jours-amendes, avec sursis, alors que la défense prône l’acquittement. «Un jour, c’est déjà trop», commente Maître Philippe Graf. «Le procureur veut une condamnation ; après, la sanction est plutôt symbolique», complète son collègue, Maître Jean-Christophe Diserens. Le Tribunal d’arrondissement de la Broye et du Nord vaudois rendra, quant à lui, son verdict par écrit aux parties, le 9 juin.

 

Un drame évitable

 

Réquisitoires et plaidoiries sont terminés dans l’audience qui concerne l’explosion de gaz à la rue de Neuchâtel en 2011. ©Emmanuelle Nater

Réquisitoires et plaidoiries sont terminés dans l’audience qui concerne l’explosion de gaz à la rue de Neuchâtel en 2011.

«Ils ont commis une seule erreur, mais une erreur qui coûte chère», a plaidé le procureur Stefan Johner. Selon lui, les prévenus auraient pu éviter l’explosion et la mort des deux Yverdonnoises, notamment s’ils avaient informé le propriétaire de l’immeuble -la Caisse intercommunale de Pensions- et son représentant, Retraites populaires, de son devoir de vérifier et d’entretenir ces conduites de gaz. Celles-ci étant non conformes, des mesures auraient pu être prises. «Sans cet avertissement , l’accident devait arriver», poursuit-il.

Par ailleurs, les employés communaux auraient dû respecter certaines normes, mais ils ignoraient leur existence. Des règles que le procureur a qualifiées de «limpides» et qui, pourtant, ne seraient pas applicables aux prévenus, selon leur avocat.

 

Décrédibiliser l’accusation

 

Les avocats de la défense et leurs clients, quant à eux, ne comprennent pas pourquoi ils devraient être tenus pour responsables de l’accident. Ils déplorent tous le fait que le propriétaire, qui avait des installations non conformes, ne soit pas sur le banc des accusés. Même chose pour les collaborateurs du SEY, qui étaient sur le terrain ou directement en lien avec le bâtiment, contrairement aux prévenus, et qui ont obtenu un non-lieu. Selon les trois hommes de droit, il n’y aurait pas de lien de causalité ni de fautes imputables aux prévenus. «L’explosion du 25 octobre a fait boom, mais l’accusation doit faire pschiit», conclut Maître Jean-Christophe Diserens.

 

Rappel des faits

 

Le 25 octobre 2011, une déflagration, suivie d’un incendie, avait ravagé un immeuble yverdonnois et causé la mort de Yassouda et de sa fille Odysséa. Il ressort de diverses expertises que l’accident est dû à une fuite de gaz. Normalement, tout immeuble qui arrête provisoirement d’être alimenté en gaz –ce qui était le cas du bâtiment depuis 1998- garde ses conduites en gaz afin, notamment, d’éviter la corrosion des installations. Dans un tel cas, une vanne d’arrêt principale doit être placée dans l’immeuble pour couper l’arrivée du gaz, et des bouchons de sécurité posés sur les conduites de chaque appartement. Or, principalement trois erreurs ont été commises : 1) le locatif n’avait aucune vanne d’arrêt principal ; 2) un bouchon a été scié dans l’un des foyers ; 3) le jour du drame, deux spécialistes du gaz ont contrôlé une autre vanne, à l’extérieur, et sont partis sans la refermer. Ainsi, n’ayant rien pour le retenir, le gaz s’est répandu et, lorsque Yassouda a lancé sa machine à laver, elle a déclenché l’explosion.

Christelle Maillard