Pierre Dessemontet ou Carmen Tanner? La réponse est… les deux! Yverdon-les-Bains s’apprête en effet à innover puisque le municipal socialiste et sa collègue verte ont imaginé l’idée d’une cosyndicature, en tout cas dans l’esprit. La loi vaudoise est en effet claire: une Municipalité doit présenter un syndic et un vice-syndic. Officiellement, Pierre Dessemontet assumera la fonction de syndic, tandis que Carmen Tanner sera proposée à la vice-syndicature. Mais dans les faits, l’intention du duo est de faire passer le taux d’activité du syndic à 80% au lieu des 100% actuels, alors que le vice-syndic passera à 80% au lieu de 60% aujourd’hui. Et donc d’oeuvrer main dans la main.
«Nous avons fait fortement campagne sur une idée de nouvelle gouvernance, de casser les codes pour aller vers plus de consultation et d’écoute, vers plus de bienveillance. Nous pensons que cet élan doit venir de tout en haut, de cette syndicature, afin de marquer une rupture avec le côté vertical que l’on a connu durant ces dernières législatures», a commenté Pierre Dessemontet.
«Nous étions les deux légitimes à nous poser la question de la syndicature. Plutôt que de jouer la confrontation, nous avons préféré jeter des ponts. Même si nous représentons des courants de pensée différents, des mondes différents, nous sommes dans une même idée d’échange et de partage», a enchaîné Carmen Tanner.
Le résultat de ces élections a indiqué une forte poussée à gauche, mais aussi une poussée «beaucoup plus verte, beaucoup plus féminine, beaucoup plus jeune», selon les propres termes de Pierre Dessemontet. «Je suis intensément conscient de n’incarner aucune de ces choses. Ce qui ne peut pas s’incarner par l’essence doit s’incarner par l’action. Et l’action que nous proposons, c’est une réorientation de la fonction de la syndicature», a-t-il solennellement déclaré.
Une syndicature «en soutien des dicastères»
Dans les textes, il faudra donc un syndic, qui sera Pierre Dessemontet. Mais, on l’a compris, le Socialiste ne se voit pas en «mâle dominant». «Je voudrais promouvoir l’idée d’une syndicature non pas directrice, mais au service des dicastères, avec notamment une modernisation de la manière de travailler à Yverdon. S’il y a un message à donner, c’est que cette syndicature sera dirigée non pas vers des projets propres, mais en soutien de l’ensemble des projets qui seront portés exclusivement par les dicastères.»
20% de plus d’un côté, -20% de l’autre
Interrogé sur la question de savoir s’il était de la compétence du Conseil communal de décider du taux d’activité des municipaux et si ce changement allait devoir lui être soumis, Pierre Dessemontet a répondu que ce ne serait à sa connaissance pas le cas: «Le Conseil communal décide de la rémunération, du taux horaire et du cadre général de la rémunération à travers le budget. Le budget ne sera pas affecté, puisque le syndic descend de 20% et un municipal monte de 20.» Il devrait même y avoir une petite économie puisque le vice-syndic touche une prime de quelques millers de francs par année, prime qui va disparaitre avec ce que proposent Pierre Dessemontet et Carmen Tanner.
«Il va falloir du temps pour raccommoder»
Quelques heures à peine après avoir pris acte du résultat de dimanche, Christian Weiler a lâché une petite phrase disant que quoi qu’il arrive, cette campagne électorale agressive allait laisser des traces. Carmen Tanner ne dit pas autre chose: «J’y ai aussi eu droit, avec des caricatures notamment. Il va falloir prendre du temps pour raccommoder, c’est une évidence.» Pierre Dessemontet abonde: «Nous avons tous été attaqués, à des degrés divers. Mais nous avons une responsabilité qui dépasse ce cadre des attaques personnelles et il faudra savoir passer par dessus ces choses-là. A ce titre, la petite pause qui arrive est sans doute une bonne chose et j’espère que nous pourrons nous retrouver de l’autre côté du pont pascal dans un climat apaisé.»
Les deux élus souhaitent d’ailleurs instaurer la politique de la main tendue dans les futurs échanges en Municipalité. «Nous en avons clairement l’intention. La volonté est d’inclure nos collègues municipaux dans cette réflexion, nous allons nous poser constamment la question de comment former une équipe et de comment revenir à cette notion de collège. Nous avons la volonté de travailler avec des dicastères équilibrés. Notre intention est que nous puissions parler de partage de pouvoir, d’harmonie, de poursuite de buts collectifs et non pas de buts personnels ou individuels. Nous prônons une vision plus égalitaire, qui me plaît bien», a enchaîné Carmen Tanner.
Le PLR a jusqu’à mardi pour changer d’avis
Pierre Dessemontet et Carmen Tanner sont venus déposer mercredi au Greffe la candidature de la gauche «unie et plurielle» à la syndicature. Dimanche, quelques heures après l’annonce des résultats, la droite excluait la possibilité de présenter l’un de ses deux élus (Christian Weiler et Jean-Daniel Carrard). Mais, techniquement, elle a jusqu’à mardi pour le faire et, donc, changer d’avis. Si ce n’est pas le cas, Pierre Dessemontet sera élu tacitement.
