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Des plantes exotiques menacent la flore

11 juillet 2017 | Edition N°2035

Nord vaudois – Le Parc Jura vaudois a organisé, il y a quelques jours, une semaine de lutte contre les néophytes envahissantes, des plantes non indigènes qui peuvent nuire à la biodiversité et à la santé. Etat des lieux de la région.

Les bénévoles ont dû s’équiper avant de s’attaquer aux Berces du Caucase, près de Montricher, car elles causent des brûlures sur la peau. ©Fredrik Gabrielsson

Les bénévoles ont dû s’équiper avant de s’attaquer aux Berces du Caucase, près de Montricher, car elles causent des brûlures sur la peau.

Les Communes de La Praz et de Romainmôtier ont eu droit à un raid écolo. Car, pour la deuxième année consécutive, le Parc Jura vaudois, en collaboration avec la Fondation Action environnement et le Canton de Vaud, a organisé une semaine de lutte contre les plantes exotiques nuisibles, aussi appelées néophytes envahissantes. Concrètement, huit bénévoles formés et encadrés par Marc Adami, ingénieur en sciences de l’environnement au bureau Prona, ont traqué ces plantes dans quatre communes du district de Morges et deux du vallon du Nozon. «Il n’y avait pas grand-chose dans le Nord vaudois, constate Marc Adami. Nous avons trouvé deux petits foyers de Renouée du Japon à La Praz, près du stand de tir, et à Romainmôtier, chez un particulier.»

A noter que les lieux en question ont été sélectionnés par le Parc Jura vaudois, qui a contacté toutes les communes et les gardes forestiers du parc. «Parmi les sites annoncés, nous avons mis la priorité en fonction des espèces trouvées», précise Valérie Collaud, cheffe de projet Nature & Paysage au Parc Jura vaudois.

 

Belles mais toxiques

 

Buddléa. ©DR

Buddléia.

Bien que le passage de l’équipe en question dans la région ait été rapide, cela ne veut pas pour autant dire que tout va bien. Car la plante trouvée, la Renouée du Japon, fait partie du top 100 des espèces les plus nuisibles au monde, selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Elle est aussi sur la liste noire de la Suisse, rédigée par Info Flora. «Elle se propage vite et elle est extrêmement coriace parce qu’elle pousse en profondeur, explique Marc Adami (lire ci-dessous). Nous luttons comme nous pouvons, mais c’est quasi impossible de l’éradiquer.» «Il faut que ce soit des gens formés pour les enlever, car si c’est mal fait, ça peut avoir l’effet inverse et se répandre davantage», renchérit Valérie Collaud. D’ailleurs, pour venir à bout de ces plantes, Info Flora a mis sur pied des fiches techniques et conseille même, en dernier recours, d’employer du glyphosate (herbicide). «Elles sont tellement coriaces que parfois c’est la seule chose ou du moins la moins chère, pour les éradiquer», commente Sibyl Rometsch, biologiste et directrice d’Info Flora.

 

Elles envahissent nos contrées

 

Solidage canadien. ©DR

Solidage canadien.

Mais si ces plantes ne sont pas indigènes, comment sont-elles arrivées dans nos contrées ? «Généralement, les graines ont été plantées soit involontairement par le biais des graines pour oiseaux, par exemple, lorsque l’on ne les connaissait encore pas très bien, soit pour des raisons environnementales, car les gens les trouvaient jolies et les ont mises dans leur jardin», relève Marc Adami. «On en trouve facilement partout dans la région, complète Sibyl Rometsch. Elles se reproduisent particulièrement en aval des cours d’eau et dans les zones perturbées par l’homme ou aux bords des routes.»

Bien qu’il soit impossible d’avoir une vue globale de la situation, la fondation Info Flora a établi un «carnet des néophytes» répertoriant avec des points rouges tous les endroits où l’on trouve des espèces nuisibles en Suisse. Et autant dire que la carte semble avoir attrapé la varicelle.

 

En quelques chiffres

 

Renouée du Japon. ©DR

Renouée du Japon.

3 000 000 Comme le nombre moyen de graines sur un arbuste de Buddléia, arbre à papillons.

40 soit le pouvoir germatif des graines du Buddléia en année.

20 000 C’est le nombre moyen de graines qui se trouvent sur les tiges des Solidages géants ou canadiens.

300 Comme la quantité de tiges de Solidage par m2. Elles peuvent atteindre une hauteur de 2,5 m.

100 La Renouée du Japon est classée dans le top 100 des espèces exotiques les plus nuisibles au monde.

 

Traiter le problème des néophytes à la racine

 

©DR

©DR

Diplômé des Sciences en ingénierie de l’environnement à l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), Marc Adami nous dévoile ses trois règles d’or pour lutter contre les néophytes.

Reconnaître l’ennemi : Avant d’arracher toute la verdure de son jardin, il faut connaître les plantes qui s’y sont développées. «Le problème, c’est que les gens ne se rendent pas compte à quel point ces plantes posent des problèmes, constate Marc Adami. Ils pensent souvent que s’ils tondent régulièrement, les graines ne se propagent pas, mais en fait ce n’est pas vrai.»

Enlever l’intrus : S’il s’avère que vous avez des néophytes envahissantes dans votre jardin ou proche de chez vous, il faut les arracher, et pas n’importe comment. «Cela dépend de son mode de propagation. Par exemple, la Renouée du Japon pousse jusqu’à deux ou trois mètres en profondeur par année. Il faut donc enlever un maximum de racines», poursuit-il.

Recycler : Une fois que le problème est identifié et supprimé, il faut encore s’en débarrasser correctement. «Il faut que les plantes soient incinérées pour qu’elles arrêtent de se propager, souligne Marc Adami. Il faut donc soit les mettre dans un sac poubelle soit les amener à un centre d’incinération, mais surtout pas mettre au composte ou à la déchetterie.»

Conseils sur : www.infoflora.ch.

Christelle Maillard