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Le plastique se transforme en pétrole

27 juin 2017 | Edition N°2025

Nord vaudois – La HEIG-VD a participé à la conception d’un réacteur capable de produire du carburant à partir de plastique. L’appareil, unique par sa petite taille, sera envoyé dans un centre de recyclage au Burkina Faso, d’ici à la fin du mois de juillet.

Isabelle Chevalley, Jean-Bernard Michel (au centre) et Philippe Randin. ©Michel Duperrex

Isabelle Chevalley, Jean-Bernard Michel (au centre) et Philippe Randin.

Comment gérer le plastique, véritable fléau sur le continent africain, qui ne dispose d’aucune infrastructure pour pouvoir le recycler ? Cette question a germé, il y a près de trois ans, dans la tête d’Isabelle Chevalley, conseillère nationale vert’libérale et spécialiste des déchets en Afrique, et de celle de Philippe Randin, directeur de Nouvelle Planète, une organisation d’entraide humanitaire active dans neuf pays en voie de développement, dont le Burkina Faso.

«En Suisse, on consomme deux kilos de plastique par jour et par habitant, alors qu’au Burkina Faso, ce chiffre est inférieur à un kilo, constate le Lausannois Philippe Randin. Or 30 000 tonnes de ces déchets finissent dans la nature.» Selon Isabelle Chevalley, qui s’est rendue à plusieurs reprises dans ce pays, la situation est très préoccupante. C’est pourquoi, elle soutient des structures indigènes, afin de recycler ces déchets.

 

Température à 400 degrés

 

L’ingénieur Olivier N’Doki présente le processus de condensation. ©Michel Duperrex

L’ingénieur Olivier N’Doki présente le processus de condensation.

En collaboration avec la Haute Ecole d’ingénierie et de gestion du Canton de Vaud (HEIG-VD), Nouvelle Planète a trouvé une solution : recycler le plastique en pétrole. «Pour fabriquer du plastique, il faut du pétrole, pourquoi ne pas faire l’inverse», interroge Jean-Bernard Michel, professeur à l’institut de génie thermique à la HEIG-VD. C’est le principe chimique de la pyrolyse, qui consiste à chauffer le plastique à 400 degrés. Grâce à un réacteur (ndlr : cet appareil, unique au monde par sa taille, a été conçu au Pakistan et Nouvelle Planète l’a acquis pour un montant de 10 000 francs), le plastique va ensuite s’évaporer et se condenser en diesel, explique Jean-Bernard Michel. Avec 60 kg de plastique, l’appareil produit 48 kg d’huile crue qui servira de carburant pour les groupe électrogènes burkinabés.

Ce système de conditionnement permettra, ainsi, de mieux traiter les plastiques. «Ce système n’aurait aucune utilité en Suisse, puisque nous avons des usines d’incinération, affirme Isabelle Chevalley. Zéro déchet, c’est possible si on développe une approche qui répond aux problématiques du pays.»

 

Un envoi immédiat

 

Grâce à ce partenariat entre Nouvelle Planète et la HEIG-VD, le réacteur pourra être envoyé, d’ici la fin du mois de juillet à Bobo Dioulasso, deuxième ville en termes de population après Ouagadougou, dans un centre de recyclage géré par une centaine de femmes du Groupe d’action des femmes pour la relance économique du Houet (GAFREH). Une équipe de référent de l’organisation humanitaire assurera leur formation sur place.

Valérie Beauverd