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«Playtime», et après?

21 décembre 2012

L’exposition «Playtime – Videogame mythologies» a fermé ses portes dimanche 9 décembre dernier. Pendant neuf mois, la Maison d’Ailleurs a accueilli de nombreux visiteurs et en a séduit l’écrasante majorité. A l’aube d’une nouvelle ère de l’histoire de son institution, le directeur Marc Atallah fait le bilan de neuf mois consacrés aux jeux vidéo, au sens le plus large possible du terme.

Marc Atallah, directeur de la Maison d’Ailleurs, entend désormais mettre en valeur le fond documentaire du musée au travers de «Souvenirs du futur», l’exposition permanente, mais vouée à être en constante évolution, dont le vernissage est prévu en mars 2013.

La Région: Marc Atallah, dans quel état d’esprit vous trouviez-vous, dimanche 9 décembre dernier, au moment de fermer les portes du musée?

Marc Atallah: Le sentiment était double, car deux jours auparavant, nous avions appris que le Musée d’art multimédia, à Moscou, allait louer «Playtime», au même titre qu’une autre ville en Russie et que… Meyrin! Donc, on savait que l’exposition allait encore être vue et cela nous faisait plaisir. Même s’il y a eu une petite tristesse au moment où nous avons fermé les portes.

Quel moment restera comme le plus beau de l’exposition, pour vous?

Il y a eu le vernissage, bien sûr. Pour l’équipe du musée, paradoxalement, c’est la fin. L’exposition est montée, c’est bon, on se décharge, on se libère. Il y a aussi eu un moment de flottement, deux jours avant cela, où on a eu peur de ne pas réussir à finir une pièce. Finalement, nous avons trouvé une solution pour que tout rentre dans l’ordre au dernier moment, soit pendant la partie officielle!

Quels retours avez-vous eus?

Il y en a eu de trois types différents. Sur la Maison d’Ailleurs, d’abord. On nous a dit: tiens, je pensais que le musée était réservé aux initiés. Ce qui n’est pas le cas. Sur le contenu de «Playtime», ensuite, avec des gens qui s’étonnaient de découvrir le jeu vidéo comme un univers aussi vaste et aussi différent de ce à quoi nous sommes habitués. Sur la science-fiction en général, enfin, sur le discours du musée, avec des gens qui s’étonnaient de voir ce qu’on faisait.

Et de la part des autorités et des nombreux partenaires que vous avez fédéré?

Franchement, nous n’avons eu que des retours positifs. Les gens ont aimé «Playtime». Certains représentants des autorités m’ont même glissé qu’ils comprenaient enfin ce qui se faisait à la Maison d’Ailleurs!

Votre vision du jeu vidéo a-t-elle évolué durant ces neuf mois?

Non, mais elle l’a fait en amont. Avant de commencer à travailler sur l’exposition, je voyais les jeux vidéo comme un truc réservé aux ados, aux geeks. Ça a bien changé.

Quel type de public est venu voir l’exposition?

Nous avons eu de tout. Des enfants de 6 ou 7 ans à des nonagénaires. Beaucoup de familles. L’exploit, c’est les ados. Les amener au musée n’est jamais facile, même si le thème s’y prêtait bien en l’occurrence. Au-delà, le défi, une fois qu’on a fait venir des gens si différents les uns des autres, c’est de les intéresser tous.

Une critique qui vous a marqué?

(Rires) Quelqu’un m’a reproché le fait que les vitres de la passerelle qui relie l’Espace Jules Verne au musée n’étaient pas propres! Blague à part, une dizaine de personnes ont relevé que l’expo était assez ardue. Je peux entendre cette critique. Mais je pense simplement qu’il fallait prendre le temps. C’est vrai qu’en 1h30, le temps généralement consacré à une visite au musée, on ne pouvait pas bien comprendre «Playtime».

Y a-t-il une chose que vous changeriez, si «Playtime» était à refaire?

Franchement? Non.

«Playtime» a amené la Maison d’Ailleurs dans une nouvelle dimension. Comment garder la barre aussi haut?

On pense sincèrement que le musée a le potentiel d’attirer entre 15 et 20 000 visiteurs chaque année. Notre message: la science-fiction peut intéresser tout le monde, les super-héros ne sont pas réservés aux geeks. Si nous arrivons à faire entendre cela, alors tout ira bien.

 

Activités annexes

Année chargée sur tous les fronts

L’exposition «Playtime – Videogame mythologies» a été, cette année, à la Maison d’Ailleurs, ce qu’est la pointe à l’iceberg: la partie visible; peut-être la plus petite. Car, en marge de l’exposition à proprement parler, souvent même hors des murs du musée, de nombreuses activités ont été menées tambour battant. Impossible ici d’être exhaustif, mais en voici quelques-unes de marquantes.

L’OPTI s’invite ailleurs. L’Organisme de perfectionnement, de transition et d’insertion a proposé aux élèves de la classe lausannoise «art et artisanat» de présenter un travail autour de différents thèmes liés à la science-fiction. Les créations ont été montrées à la Maison d’Ailleurs ainsi qu’à l’Espace DémArt à Lausanne.

CINEDICI. L’association ciné-club d’Yverdon a diffusé plusieurs films à la Maison d’Ailleurs durant l’année, dont «eXistenZ», un film autour du thème du jeu vidéo.

Partenariat avec le NIFFF. Une triple projection a été organisée au musée pour montrer à quel point l’esthétique du jeu vidéo impacte le cinéma contemporain.

Colloque universitaire. Un colloque de trois jours a été organisé par le musée, l’UNIL, l’EPFL et la HEAD-Genève autour du thème «Pouvoir des jeux vidéo: des pratiques aux discours».

Samedis retro-gaming. Plusieurs samedis ont été consacrés au retro-gaming, au musée, avec des thèmes comme «Mario», «Xbox», etc.

Conférences et divers. Tout au long de l’année, de nombreuses conférences ont été organisées au musée, ou données par Marc Atallah hors de celui-ci. Bref, en 2012, la Maison d’Ailleurs a été très active.

Lionel Pittet