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Policière, maman et athlète: la vie à cent à l’heure de Julie Lachat

3 septembre 2020 | Edition N°2779

Pour parvenir à caser ses cinq entraînements hebdomadaires entre sa famille et son travail, la coureuse et triathlète a besoin d’une organisation millimétrée. Qui s’avère payante, puisque la sportive d’Essert-sous-Champvent enchaîne les podiums.

Quand on arrive chez Julie Lachat, établie depuis peu à Essert-sous-Champvent, seuls les quelques vélos alignés devant l’entrée laissent entrevoir que l’on pénètre chez une mordue de sport. Pour le reste, ce sont surtout les jouets et les chaussures d’enfants qui prédominent. Une maison de famille comme beaucoup d’autres, en somme. Pourtant, le planning de celle qui y vit n’est pas vraiment commun: en plus de son travail au sein de la brigade cycliste de Lausanne et du temps qu’elle dédie à sa famille, la trentenaire consacre jusqu’à dix heures par semaine à son entraînement sportif.

«Cela demande beaucoup d’organisation et ce n’est pas facile tous les jours, concède l’ancienne championne de Suisse junior de 800 m, qui s’aligne désormais en semi-ironman (1,9 km de natation, 90 km de vélo et 21,1 km de course à pied) et dans les courses populaires. Mais c’est quelque chose qui fait partie de moi, qui me permet de me sentir bien.» Pour réussir à caser ses cinq entraînements dans son emploi du temps, la sportive de 36 ans élabore un planning de la semaine avec son copain, Antony Meillaz, chaque dimanche. «C’est aussi un grand sportif, donc il me comprend. Il s’est mis au vélo il y a deux ans pour le plaisir mais, comme moi, il a besoin du sport pour être bien dans son quotidien. Sans son soutien, je n’y arriverais pas.»

En lice à Athletissima et au Weltklasse

Avec deux enfants en bas âge et un travail à 65% qui inclut, parfois, des horaires de nuit, les journées de Julie Lachat ressemblent à un marathon: «C’est souvent difficile au niveau de la récupération car tout s’enchaîne: le départ des enfants pour l’école ou la garderie, l’entraînement, la douche, le travail. Mais je n’ai pas le choix. Des fois, j’aimerais être un peu moins dans l’extrême car cela sollicite énormément d’énergie, mais c’est ma façon d’être. J’ai toujours aimé la compétition, le challenge que cela représente de se battre contre les autres. Et c’est surtout un plaisir pour moi de m’entraîner.»

Après une jeunesse passée à écumer les stades sous les couleurs de Lausanne-Sports Athlétisme, Julie Lachat arrête la compétition au début de la vingtaine, en entrant à l’Académie de police de Savatan. «Mais après la naissance de ma fille Lysie, en 2014, et de mon fils Ulysse, trois ans plus tard, j’ai eu envie de reprendre le sport pour m’occuper un peu de moi. J’avais aussi un goût d’inachevé car, plus jeune, j’ai beaucoup été embêtée par les blessures. Je n’ai jamais pu aller au bout de ce que j’aurais voulu faire», relève celle qui admet que les compétitions diffusées à la télévision la font rêver. À l’époque, elle avait d’ailleurs couru en début de meeting à Athletissima et au Weltklasse de Zurich.

Pour renouer avec le sport, Julie Lachat décide de participer à un semi-ironman, en 2018 (lire encadré). Une idée qui lui est venue après que son beau-frère s’est inscrit à un ironman. «Je me suis dit que ce serait plus doux que de courir tout le temps, que ça me préserverait.» Depuis, la Vaudoise s’entraîne tout le temps, même lorsqu’elle part en vacances. «Je suis allée en Italie avec mes deux sœurs et ma mère, cet été. Quand je les laissais pour aller m’entraîner ou que je faisais attention à ma consommation d’alcool et à mon alimentation, j’avais le sentiment qu’elles trouvaient que j’en faisais trop, rigole-t-elle. Mais même si ma famille ne me comprend pas complètement, elle est admirative de ce que je fais. Et ma maman adore venir me voir aux compétitions.»

La barre des cinq heures dans le viseur

Des compétitions qui se sont faites rares cette année. «En temps normal, ce n’est déjà pas évident de trouver des événements proches, et je n’ai pas envie de traverser le globe pour ça. J’avais prévu de me rendre en Italie cet automne pour un semi-ironman, mais celui-ci vient d’être annulé.» Julie Lachat espérait passer sous la barre des cinq heures et, pourquoi pas, décrocher une qualification pour les Championnats du monde de la discipline. Ce changement de programme de dernière minute ne l’a toutefois en rien amenée à lever le pied: «Du moment que j’ai un plan d’entraînement, je m’y tiens quoi qu’il arrive. Car c’est quand on commence à se poser des questions que l’on arrête de s’entraîner correctement.»

 

Des débuts tonitruants

Désireuse de se redonner un challenge sportif après la naissance de ses deux enfants, Julie Lachat se lance le défi de participer au semi-ironman de Vichy 2018. «Je faisais un peu de vélo et de VTT de temps en temps et j’avais nagé à l’école, mais jamais dans un autre but que pour le plaisir, glisse la native du Mont-sur-Lausanne. Son coach d’alors, rencontré lors d’un bilan sportif, lui conçoit un plan d’entraînement en vue de l’échéance. Pour ses débuts dans la discipline, la Vaudoise frappe fort et intègre le top 10 de sa catégorie. Un résultat qui lui donne envie de persévérer. En 2019, elle participe aux triathlons de Genève et de Morat, lors desquels elle termine 1re de sa catégorie, et se classe 2e de celui de Nyon.

Dans la foulée, elle décide de s’inscrire aux courses populaires qu’elle fréquentait plus jeune. Là encore, Julie Lachat brille dans sa catégorie, s’adjugeant la Course de l’Escalade et la 2e place de la Corrida bulloise. «Ce sont des résultats et des temps que je ne m’attendais pas à faire. Je ne pensais pas me retrouver sur un podium dix ans après avoir arrêté la compétition», admet la coureuse. Qui ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Après un début de saison sans compétitions en raison de la pandémie, la policière s’est ainsi inscrite à la dernière minute à la VullyRun, qui a eu lieu le week-end passé. Une course de 9,75 km dont elle a enlevé le classement féminin, toutes catégories confondues, avec deux minutes d’avance sur sa dauphine.

Muriel Ambühl