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Policiers formés aux premiers secours

14 mars 2017 | Edition N°1954

Yverdon-les-Bains – La Police Nord vaudois impose à tous ses agents de terrain de passer un certificat de réanimation pour leur permettre de réaliser, au besoin, un massage cardiaque, et d’utiliser un défibrillateur. Une première dans le canton.

Olivier Collet, au centre, a formé les agents Michael Carrard et Laura Lecocq. ©Michel Duperrex

Olivier Collet, au centre, a formé les agents Michael Carrard et Laura Lecocq. ©Michel Duperrex

En plus de l’attirail habituel, les patrouilles de la Police Nord vaudois sont désormais dotées de défibrillateurs. Et les agents sont tous formés pour les utiliser et pour prodiguer les premiers secours aux victimes d’arrêt cardiaque ou d’attaque cérébrale. Présentée hier à la presse, cette offre est unique dans le canton. Car actuellement, la plupart des brigades ne sont ni équipées ni formées pour apporter ce type d’aide. Elles ne font généralement que sécuriser les lieux en attendant l’arrivée de l’ambulance. «Pourtant, les gens s’attendent à ce que nous agissions», constate le sergent-major Christian Martin.

Cette formation est née suite aux remarques des jeunes recrues :«Ce qui motive beaucoup de gens à devenir policier, c’est de pouvoir sauver des vies. Mais ce n’est pas notre mission première», confie Serge Freymond, responsable de la formation et du recrutement à la Police Nord vaudois. Alors, en 2014, ce dernier a mis sur pied, avec l’aide de l’instructeur Olivier Collet, un cours de réanimation BLS-AED. Et grâce à celui-ci, une vie a pu être sauvée par un policier nord-vaudois. «Le but n’est pas de remplacer les ambulanciers mais d’aider lorsque nous arrivons en premier sur les lieux, ce qui est souvent le cas», commente Serge Freymond.

Préparés à sauver des vies

Tous les agents de police ont appris à réanimer les adultes et les bébés. ©Michel Duperrex

Tous les agents de police ont appris à réanimer les adultes et les bébés.

Tout comme le système instauré par leurs collègues fribourgeois, ce cursus est obligatoire pour tous les agents de terrain. Et il leur permet d’obtenir un certificat après seulement quatre heures de cours théoriques et pratiques (avec une remise à niveau chaque deux ans). Mais le programme est dense : cours d’anatomie, reconnaissance des pathologies, libération des voies aériennes, extraction d’une personne hors d’un véhicule, emploi du défibrillateur, etc. Les policiers ont aussi appris à effectuer un massage cardiaque sur un adulte et sur un nouveau-né. «Avant ce cours, je n’aurais jamais osé toucher un bébé par peur de le blesser, explique l’agente Laura Lecocq. Maintenant, j’en suis capable.»

Bien que nouveaux, ces modules ressemblent aux cours imposés par le code de la route. «Pour les jeunes recrues, c’est vrai que c’est plutôt un rafraîchissement des connaissances. Mais pour les plus âgés, le recours au défibrillateur est tout nouveau», explique Olivier Collet. Qui précise également que la formation est adaptée à une prise en charge policière, qui comporte aussi un aspect social.

La Police Nord vaudois a investi quelque 10 000 francs pour la mise en place administrative du cours et l’achat de six défibrillateurs. Un argent bien investi, selon Serge Freymond, qui précise que deux intervention ont déjà eu lieu. «Les cas ne sont pas nombreux, mais si un policier peut sauver ne serait-ce qu’une seule vie dans sa carrière, alors la dépense en vaut la peine», estime-t-il.

Dix minutes pour agir

Serge Freymond espère qu’à l’avenir, les policiers seront appelés en même temps que les ambulanciers : «Si nous sommes déjà sur le terrain, nous pourrions dispenser les premiers secours en attendant les urgences.» Car, selon lui, chaque année, une dizaine de personne ont besoin d’une intervention de ce type dans le Nord vaudois. Et, pour éviter les lésions cérébrales irréversibles, il faut agir en moins de dix minutes.

Christelle Maillard