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Pour Daniel von Siebenthal, l’envie n’y était plus

8 septembre 2014

La démission surprise du syndic d’Yverdon-les-Bains a sonné, jeudi passé, comme un coup de tonnerre dans le ciel de la rentrée politique. L’homme est revenu sur les raisons de ce départ, qui ouvre la porte à une campagne électorale au résultat des plus incertains.

Daniel von Siebenthal a commenté sa décision, vendredi matin, à la Maison des associations.

Daniel von Siebenthal a commenté sa décision, vendredi matin, à la Maison des associations.

La place Pestalozzi n’avait plus connu pareille effervescence depuis longtemps. Samedi, à l’heure du marché, un seul sujet de discussion était sur toutes les lèvres : la démission, annoncée deux jours plus tôt, du syndic d’Yverdon-les-Bains, Daniel von Siebenthal. Un départ qui a pris tout le monde de court. Depuis plusieurs semaines, des rumeurs faisaient bien état de sa lassitude. On le disait blessé par des caricatures publiées dans la presse. Mais personne n’imaginait que Daniel von Siebenthal, bientôt 54 ans, n’irait pas au terme de la législature, prévu au printemps 2016. Jeudi dernier, la surprise est totale. «J’avais toujours dis que le jour où je n’aurais plus de plaisir, j’arrêterais. Ce jour est arrivé», déclarera-t-il, jeudi soir, devant des conseillers communaux, groggy. La décision, le socialiste l’a prise il y a une quinzaine de jours. Seul le comité de son parti était au courant. Le secret sera bien gardé.

Ce choix, Daniel von Siebenthal l’expliquera plus longuement, le lendemain matin, lors d’une conférence de presse organisée à la Maison des Associations. Il y sera peu question de politique. «Je n’ai plus assez d’énergie», avoue-t-il, avec sincérité. Il parle de sa fatigue, d’une réflexion qu’il a menée «en grande partie seul», de sensations, d’un «appel du large», l’envie d’autre chose. L’homme évoque, non sans émotion, la mort tragique, en mars dernier, d’un de ses plus proches collaborateurs, Pierre Meyer, chef des finances. Une disparition qui l’ébranlera profondément.

Le syndic refuse de parler de burn-out ou de maladie. C’est juste que l’envie n’y est plus. Le socialiste n’a d’ailleurs pas de projet pour la suite. Il arrêtera au 31 décembre et prendra alors du temps, «quelques semaines ou quelques mois», pour réfléchir sur la suite à donner à sa carrière. Peut-être retournera-t-il vers son ancienne profession de géographe. Il n’en sait rien encore. «Mais je ne m’inquiète pas. Je ferme une porte, certes. Mais je vois surtout ma décision comme une ouverture.» Daniel von Siebenthal part, enfin, «sans amertume ». Même s’il reconnaît que le climat politique actuel et les polémiques incessantes sur les questions de stationnement lui ont pesé, il souligne le fait qu’il a vécu de «très belles années» et qu’il a pris beaucoup de plaisir à sa charge. Un plaisir qui n’est plus là aujourd’hui…

Campagne éclair

Le départ soudain de Daniel von Siebenthal contraint les partis yverdonnois à une complémentaire qui n’était pas prévue. Et c’est peu dire que le temps est compté avec une élection qui devrait se dérouler le 30 novembre déjà. La campagne promet d’être éclair et, surtout, très incertaine, tant la gauche et la droite sont au coude-à-coude dans la Cité thermale. Les étatsmajors des différentes formations s’activent déjà pour trouver la meilleure stratégie. Le comité PLR se réunit aujourd’hui. Du côté socialiste, on a déjà fixé la date de la désignation du candidat : lundi 29 septembre.

Des noms sont fréquemment cités comme Pierre Dessemontet et Giancarlo Valceschini pour le PS, Valérie Jaggi-Wepf pour le PLR ou le jeune Pascal Gafner pour l’UDC. Sans compter que des surprises ne sont pas à exclure (voir encadré). Ce qui est certain, en revanche, c’est que la place Pestalozzi va connaître encore quelques beaux samedis matins d’effervescence.

 

Couac sur Internet

Beaucoup d’internautes ont rongé leur frein, jeudi soir. Et n’ont pu assister, en direct, à la déclaration du syndic Daniel von Siebenthal. En effet, si la retransmission de la séance du Conseil communal s’est faite normalement à la télévision, celle sur le site Internet de la Ville n’a pas été possible en raison d’une double défaillance technique. Un problème de ligne Internet au niveau du point d’injection a été détecté et réglé rapidement. Malheureusement, un deuxième problème au niveau du serveur n’a pas permis la retransmission sur le site. Ce deuxième problème est actuellement en cours d’investigation.

 

Certains citoyens rêvent du retour du syndic rassembleur Rémy Jaquier

Rémy Jaquier prêt à en parler avec son parti

«Je suis à disposition de mon parti pour en discuter, ma i s à priori, c’est non.» A peine la démission du syndic Daniel von Siebenthal annoncée, certains Yverdonnois, qui vivent à mille lieux de la politique politicienne, se sont mis à évoquer une éventuelle candidature de l’ancien syndic Rémy Jaquier.

Le prédécesseur de Daniel von Siebenthal avait démissionné en 2009, suite au décès accidentel de son ancien associé Jean-Luc Pointet. Il s’agissait pour lui d’assurer la pérennité du bureau de géomètres. Cet objectif est pratiquement atteint et d’un point de vue théorique, rien ne s’opposerait au retour du député Rémy Jaquier dans l’Exécutif d’une ville qu’il a marquée de son empreinte.

Un homme réfléchi

Contacté samedi, alors qu’il participait à l’Université d’été du PLR, l’ancien syndic s’est livré, à chaud, à une réflexion marquée d’orthodoxie de l’ingénieur qu’il est : «Le syndic doit piloter de nombreux projets. C’est une pression énorme qu’on ne mesure qu’à la tâche. Il faut avoir de la résistance. Ce n’est pas la même chose à 49 ou à 63 ans.»

L’ancien syndic adore passer du temps à façonner le bois en forêt, et le grand-papa prend beaucoup de plaisir avec ses petits-enfants. A ses yeux, un engagement va au-delà de la fin de la législature. Il pense que son parti dispose de personnalités capables de relever un tel défi. «Il faut réfléchir à la durabilité», souligne Rémy Jaquier. Cela dit, l’ancien syndic ne ferme pas totalement la porte : «Il faut se mettre autour d’une table avec mon parti pour en discuter sereinement. Je suis un homme au service de mon parti.» I.Ro

Yan Pauchard