Logo

Pour que les abus sexuels ne soient plus un tabou

21 mars 2012

Prévention – L’association Mira oeuvre contre les abus sexuels en milieu de loisir. Basée à Lausanne, elle offre un service de conseil, dispense des formations et donne des conférences, comme mercredi dernier à Yverdon. Un petit groupe de participants se sont familiarisés avec ce thème à prendre au sérieux, sans tomber dans la paranoïa.

Mira a été fondée en 1997 à Zurich et est active depuis 2007 en Romandie.

«Lors d’un camp, deux jeunes de 13 ans se font surprendre par un entraîneur pendant qu’ils s’embrassent et se caressent. Comment réagissez-vous?» Dans la salle de projection du collège de Cheminet, des regards s’échangent, mais tous hésitent à se lancer, peut-être par peur de dire une bêtise. «Je leur signifie que ce n’est ni le moment, ni l’endroit», ose un des participants, lançant ainsi la discussion. Comme lui, ils sont une bonne douzaine à s’être déplacés pour une conférence proposée par l’association Mira, qui fait de la prévention contre les abus sexuels en milieu de loisir. Une problématique à prendre au sérieux, en prenant garde à «ne pas voir le mal partout», a insisté la psychologue Laure Lambelet, en préambule.

Ne pas tomber dans la paranoïa

Mira ne limite pas son combat au milieu sportif, mais à Yverdon, la plupart des participants au cours en provenaient. Des responsables de clubs, des entraîneurs. «Le sport peut créer des situations à risque», a expliqué Laure Lambelet. Il y a la proximité physique nécessaire à la transmission du geste juste, et il y a la douche après l’entraînement. Certaines organisations faîtières nationales soutiennent Mira depuis sa fondation, à l’image de l’Association suisse de football ou de la Fédération suisse de judo, preuve que la problématique est prise au sérieux, même si, encore une fois, il s’agit de ne pas tomber dans la paranoïa. «A garder à l’esprit: la majorité des enfants va bien, la majorité des adultes n’abuse pas d’enfants», rappelle l’association en introduction du document récapitulatif distribué à tous les participants après la présentation.

Aucune marche à suivre précise

Pendant une heure et demie, Laure Lambelet a alterné la théorie et la mise en pratique, en prenant beaucoup d’exemples pour ancrer son propos dans la réalité du quotidien de ses audtieurs. Et le cours s’est donc terminé par une petite série de cas concrets à analyser, ce qui a permis de ressortir un ultime enseignement: l’absence de marche à suivre toute faite. «En matière de relations humaines, les recettes de cuisine n’existent tout simplement pas», a assuré Laure Lambelet.

L’objectif de la conférence était donc moins d’apprendre aux responsables comment agir précisément que de les préparer à reconnaître et à affronter des situations problématiques. Pour les combattre, en milieu de loisirs comme ailleurs, il faut pouvoir parler des abus sexuels et leur faire face, ne pas leur laisser un statut de tabou. C’est la base même de la mission de l’association Mira, dont le nom signifie «regarde» en espagnol.

Lionel Pittet